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« C’est un travail de spécialiste »

David Duvernay
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Frédéric Sornin, vigneron à Régnié Durette et membre fondateur de la société Belhomme Grande Bourgogne, s’exprime sur le travail du sol. Interview entre deux réparations et les mains pleines de cambouis...

« C’est un travail de spécialiste »

Si on vous surnomme M. Travail du sol, qu’en dites-vous ?
« (Rires) ça va, c’est un surnom qui me correspond bien. »

Plus sérieusement, au-delà de l’intérêt technique que vous portez au travail du sol, peut-on parler de passion ?
« Disons que je me suis pris au jeu. Quand j’ai converti mon exploitation en bio en 2006, j’ai fait plein de tests, sans résultat concluant. Mais j’ai continué dans cette voie du fait de mon importante surface de vignes. Il fallait à tout prix que je trouve des solutions qui marchent. Je me suis donc perfectionné. Et aujourd’hui, je connais tout sur le travail du sol dans le Beaujolais. »

C’est une obstination au prix d’investissements importants…
« L’erreur que tout le monde fait et que j’ai commise également, c’est d’acheter plusieurs outils en croyant qu’ils vont fonctionner, mais pas du tout. Ça m’a forcément interpellé. J’ai donc arrêté d’acheter du matériel pour rien et tâcher d’investir dans celui qui serait le plus efficace. »

On sait qu’il n’y pas de solutions uniques pour le travail du sol mais quelle est la vôtre ?
« Je suis équipé avec du matériel issu de l’entreprise Belhomme. J’ai aussi d’autres outils en provenance d’autres constructeurs. Mais l’inter-cep Speedway fonctionne très bien et surtout nous fait gagner du temps. »

« Nous avions l’équipe, le savoir-faire… »

Justement, parlez-nous de votre collaboration avec Gérard Belhomme et de la création de la société Belhomme Grande Bourgogne.
« Nous avons sympathisé. Je lui ai acheté des outils qui marchaient. Lui passait me voir sur mon exploitation et me demandait de lui trouver une personne pour s’implanter dans le Beaujolais, là où le travail du sol a commencé à se développer. Et un jour, j’ai rencontré David Duvernay, un commercial dans le matériel viticole, et Ludovic Montginot, viticulteur de Régnié Durette qui faisait de la prestation. Nous avions l’équipe, le savoir-faire, et tout ce qu’il faut pour répondre à l’attente de Gérard Belhomme. On a donc créé notre société il y a trois ans. On vend du matériel à une vingtaine de clients par an, en plus des clients existants, et on réalise de la prestation sur une vingtaine d’hectares, le tout dans le Beaujolais et le Mâconnais. On travaille aussi dans le chablisien, un vignoble en pleine restructuration. »

Pourquoi avoir décidé de vous lancer dans ce projet, en plus de votre exploitation de 25 ha ? Est-ce l’envie d’accompagner des viticulteurs ou de promouvoir des outils qui vous ont donné satisfaction ?
« C’est un tout. Je me suis déjà bien entendu avec Gérard Belhomme. Sa philosophie est de vendre du matériel directement à ses clients, pour les connaître et les accompagner. Le travail du sol, c’est un travail de spécialiste. Et il préfère vendre du matériel par l’intermédiaire de personnes qui connaissent très bien le sujet. De mon côté, j’ai toujours eu l’esprit d’entreprendre. Pour le travail du sol, le savoir-faire s’est perdu et les outils ont évolué. Beaucoup de vignerons veulent suivre cette voie maintenant et ce n’est pas simple. Peut-on parler de méconnaissance ? Je suis « épaté » par des vignerons qui effectivement connaissent mal leur matériel. De nouveaux outils sont sur le marché. Ils fonctionnent mieux que les anciens. Il faut les apprendre et c’est notre rôle. »

« L’important, c’est la motivation »

Quelles sont les règles de base que vous donneriez aux viticulteurs et viticultrices ?
« L’important, c’est la motivation et la volonté. Il ne faut pas se lancer dans le travail du sol à contre-coeur. Ensuite, il faut y aller progressivement, et ne pas travailler l’intégralité des surfaces d’un coup afin de prendre le temps de comprendre. Travailler les sols, ça demande forcément des moyens financiers pour investir dans du bon matériel. C’est de l’argent et du temps aussi. Quand c’est le moment d’y aller, il ne faut pas attendre et repousser au lendemain. »

Le Beaujolais restructure progressivement son vignoble. Malgré tout, les vignes en gobelets, plantées à des densités élevées prédominent. Est-ce un frein pour le travail du sol ?
« Chez Belhomme, nous proposons des outils qui marchent très bien pour les gobelets bas. Personnellement, j’ai encore 10 ha de vignes sous cette configuration : des gobelets avec un inter-rang de 1 m. C’est une évidence, travailler les sols dans ces conditions, c’est le plus compliqué et ça prend plus de temps. Les réglages sont plus difficiles et on ne peut pas faire de culture interligne. Mais ça marche et ça ne doit pas être un frein. La seule précaution, c’est au sujet des vieilles vignes qui n’ont jamais été travaillées et qui peuvent avoir les racines en surface. On pourra toujours maîtriser l’herbe mais on risque de mettre les vignes à genou. Il faut faire attention donc. »

Un mot sur la saison actuelle. Les tracteurs tournent à plein régime depuis le retour du soleil fin mai…
« C’est le moment d’y aller effectivement. Heureusement, nous avons bénéficié du sec en début de printemps pour démarrer dans des bonnes conditions. Mais ceux qui ont loupé le coche avant le retour des pluies en mai, c’est peut-être plus compliqué aujourd’hui. De toute façon, toutes les saisons sont différentes. Personnellement, les premières années après ma conversion, je travaillais très régulièrement mes sols, dès février et jusqu’à septembre, pour avoir des vignes impeccables. Et avec du recul, c’est une erreur. Si on veut avoir des sols en bon état, des vignes fertiles, maintenir une biodiversité dans nos parcelles et donc ne pas se faire envahir par les mauvaises herbes, il faut en laisser. C’est le meilleur désherbant. Je commence donc à travailler mes sols plus tard, en mars-avril. Dans mes vignes à 1 m, je retire l’herbe entre mai et juin pour avoir des sols propres tout l’été. Le restant de l’année, mes sols sont couverts. C’est le seul moyen que j’ai trouvé pour me débarrasser des liserons, chénopodes, chientdents, chardons et autres adventices coriaces. Sans oublier qu’il faut avoir également de bons outils. Travailler les sols, ce n’est pas compliqué. Il faut juste avoir le savoir-faire et de l’expérience. Et même si je ne suis pas Superman, j’ai plaisir à accompagner des domaines qui veulent se lancer. »

Colinet / Le cadre Grenier Franco pour sa polyvalence

Colinet / Le cadre Grenier Franco pour sa polyvalence

"Ne pas faire d’un cas une généralité." Telle est la devise de Fabien Pinguet, commercial en matériel viticole pour l’entreprise Colinet Agri Beaujolais, concessionnaire à Saint-Joseph sur la commune de Villié Morgon. Effectivement, il n’y a pas de solutions uniques pour le travail du sol, de par la configuration très hétérogène du vignoble, mais aussi du matériel et des outils vendus sur le marché. "Tout va dépendre en partie du type de tracteur utilisé par le domaine. Ça fait d’ailleurs partie des points abordés avec un client quand je lui demande des informations sur ses perspectives d’avenir en matière de travail du sol", répond Fabien Pinguet.
Parmi ses clients, une forte proportion opte pour un travail mécanique au détriment de l’hydraulique. Les raisons avancées par Fabien Pinguet : "une vitesse d’avancement plus importante, une facilité d’utilisation et de réglages ou encore un coût abordable".
Pour les détenteurs d’un tracteur interligne ou d’un chenillard, le KR2 – 26 de Grenier Franco s’illustre pour son compromis entre les deux systèmes. "Fabriqué en France", comme aime le préciser le commercial de Colinet, c’est un cadre porte-outils interceps à châssis coulissant permettant d’adapter la largeur de l’outil aux inter-rangs de vigne de 1,80 à 3 m. "Le châssis est réglable hydrauliquement. C’est un cadre très simple et robuste, avec correction de dévers. Il est doté de roues de jauge pour une bonne maîtrise de la profondeur de travail", présente-t-il.
Cet outil dispose, de chaque côté, d’une dent avec soc réversible, d’un disque chausseur/déchausseur et de roues Kress. Lisse ou cranté, le disque chausseur/déchausseur peut être orienté à sa guise ou être remplacé par deux ou trois disques émotteurs également orientables. Particularité du KR2-26, les disques à doigts Kress sont montés sur une sécurité non-stop mécanique à ressort dont la pression est réglable pour s’adapter aux vieilles vignes ou aux plantiers. D’autres interceps hydrauliques peuvent être montés en lieu et place des Kress.