Crus du Beaujolais
Plus de peur que de mal pour ce millésime 2023

Charlotte Favarel
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C’est une situation hétérogène que connait le vignoble cette année. Selon les secteurs des crus du Beaujolais, les rendements attendus se sont révélés être moindres, mais la canicule aura quand même apporté son lot de consolation en favorisant une qualité optimale. Tour d’horizon avec le président de l’ODG des crus du Beaujolais, Jean-Marc Lafont.

Plus de peur que de mal pour ce millésime 2023
« Ce millésime a mis le self-control des viticulteurs à rude épreuve. Entre les coups de grêle, les orages et la sécheresse, c’est une année qui n’aura pas été de tout repos », avoue Jean-Marc Lafont. © CF/IAR

Si le potentiel récolte était plus que favorable au début de l’été, les aléas climatiques sont venus nuancer les résultats de la récolte 2023 : « on parlait d’une année où la pression maladie était partout et le Beaujolais s’en tirait bien. Fin juillet, la récolte s’annonçait plutôt importante, retrace Jean-Marc Lafont, président de l’ODG de l’union des crus du Beaujolais. Avec la canicule du mois d’août, qui a changé la donne, les rendements qui s’annonçaient généreux ont été bien moindres. » Le millésime sera tout de même « au-dessus des rendements moyens de ces cinq dernières années mais de manière bien inférieure à ce que l’on voyait venir au printemps », constate le président.  

Une qualité au rendez-vous malgré un millésime hétérogène

Néanmoins, ces fortes chaleurs ont paradoxalement eu un effet positif sur la qualité du millésime. « La canicule nous a quand même transformé le potentiel qualitatif du millésime, se réjouit Jean-Marc Lafont. La concentration des jus est au rendez-vous. » En plus d’avoir maximiser la concentration, la canicule et le sec du mois d’août ont fait du bien au niveau sanitaire. « On a eu quelques petites pluies au moment des vendanges qui sont venues parfaire la maturité sur les dernières parcelles où on avait des blocages. » Un point positif car avec un millésime hétérogène au niveau des rendements selon les secteurs plus ou moins touchés par les aléas climatiques, « on a eu une grosse progression qualitative grâce à la canicule ». Néanmoins, la qualité peut être limitée sur certains secteurs touchés par la grêle « comme les hauts de régnié, morgon et fleurie ». Et certains secteurs avec des sols granitiques ont souffert de flétrissement et de faibles rendements. « Le nord du Beaujolais a eu la chance d’avoir un peu plus d’eau avant la canicule ce qui n’a pas été le cas du sud Beaujolais ou on observe une récolte plus faible. »

Pour certains secteurs, le flétrissement est venu amoindrir la récolte. © CF/IAR

« Un aromatique avec du fruit »

Cotre toute attente, on aurait pu voir germer des vins un peu cuits, au goût de pruneaux mais ce millésime promet du fruit. « Ce que je vois au regard de ce que j’ai goûté pour l’instant, c’est qu’on a une très belle fraîcheur, une belle acidité et un aromatique avec du fruit. C’est un millésime très beaujolais avec de la finesse et des notions de terroir bien présentes », observe le président. Dans l’ensemble très qualitatif, « ce millésime connait un potentiel qualitatif équivalent à 2020-2021 ». Avec un potentiel acide bien présent, les vinifications vont bon train. « Il fallait prendre le temps de ne pas trop se précipiter pour vendanger. Ce millésime a mis le self-control des viticulteurs à rude épreuve. Entre les coups de grêle, les orages et la sécheresse, c’est une année qui n’aura pas été de tout repos, avoue Jean-Marc Lafont. Les opérateurs ont été à la manœuvre tout le temps pour protéger les vignes des maladies et vendanger dans les meilleures conditions possibles. Certains auront eu plus de chance que d’autres… c’est malheureusement similaire à toutes les productions agricoles. »

Une tendance optimiste pour le marché

Si le négoce avait eu du mal à alimenter le marché par manque de vins en 2022, « je pense que nous en aurons davantage cette année, ce qui permettra de repartir à la bagarre pour reprendre des parts de marché et des volumes à l’export et en grande distribution ». Avec une belle qualité, l’optimisme est au rendez-vous. 260 000 hl de récolte pour les crus ont été simulés. « Nous n’avons pas encore tous les retours mais nous disposons d’un certain nombre d’éléments qui donnent ce potentiel. » Si le marché reste très compétitif, « un millésime sur le fruit qui correspond exactement aux attentes du marché permet d’être attractif et de reprendre des parts », conclut le président.

Charlotte Favarel