Fête de l’agriculture
La fête coûte que coûte à Pomeys
Ce week-end, l’agriculture du Rhône a pu vivre coûte que coûte une parenthèse de retrouvailles, de mise à l’honneur et de détente. Les JA peuvent être fiers de leur fête de l’agriculture de Pomeys.
Il en fallait plus qu’une résurgence de la fièvre catarrhale ovine (FCO) en France pour entamer l’enthousiasme des organisateurs de la fête de l’agriculture dans les monts du Lyonnais à Pomeys. Sous un ciel clément la majeure partie du week-end, les Jeunes agriculteurs du Rhône via leur association événementielle Agriculture Jeune et Rhône terre d’éleveurs ont mis le paquet sur le site de la Neylière à Pomeys pour que la fête soit réussie.
Un samedi bien rempli
Dès le samedi matin à l’ouverture du site à 8 h 30, le saucisson chaud patates a donné le ton d’une journée qui allait être bien remplie et conviviale. En lieu et place des concours de races prim’holstein et montbéliardes, Rhône conseil élevage a mis en lumière plusieurs élevages qui se distinguent par leurs résultats, fruits du travail quotidien d’éleveurs passionnés (voir par ailleurs). En famille ou entre amis, il était possible de flâner du côté des spécialistes du machinisme agricole, d’assister à la démonstration du déchiquetage du bois, de voir quelques pensionnaires de la mini-ferme, de s’approvisionner en produits locaux et d’artisanat sur le marché. Petits et grands pouvaient aussi se renseigner sur l’agriculture d’aujourd’hui, voter pour la meilleure photo du concours organisée par Rhône terre d’éleveurs dans les catégories « Mes bêtes et moi », « le bonheur est dans le pré » et « les 1001 visages de l’élevage », reconnaître des graines ou vérifier leurs connaissances sur le calendrier des travaux agricoles sur le stand de la chambre d’agriculture. Afin de reconnecter le grand public et l’agriculture, Semons l’avenir proposait aussi des jeux sur la saisonnalité.
Savoir reconnaître l’ambroisie ou le datura sur celui de la section des anciens exploitants de la FDSEA devenait aussi un jeu d’enfants. La section apicole du GDS avait choisi de communiquer sur la lutte mise en place contre le frelon asiatique et de sensibiliser les visiteurs et les agriculteurs aux impacts de cet insecte sur la biodiversité, la production apicole et la santé publique. Du côté de la FDSEA, de la MSA, de Graine d’emplois, on donnait la priorité à l’échange et à l’écoute. D’autres stands mettaient l’eau à la bouche des visiteurs : le stand des fromages où trônaient fièrement les produits du concours From’in Rhône, un atelier de fabrication de fromage offrait l’occasion à tout un chacun de mettre la main à la pâte. Sur le stand caprin, les gourmets curieux pouvaient découvrir le goût du cabri cuisiné, en terrine ou en saucisson, une fois la barrière psychologique dépassée pour certains.
Les Olympiades, une première
Si l’envie de faire un tour de mini-tracteur à pédales ou de calèche se faisait sentir ou celle d’admirer la grâce des chevaux lusitaniens lors des démonstrations d’équitation de travail et de dressage, c’était possible aussi ! On pouvait par ailleurs noter la présence de divers partenaires du monde agricole : Groupama, le Crédit agricole, une entreprise d’énergie renouvelable, des vendeurs d’aliments et de produits d’élevage…
Côté programme, le planning était serré entre les épreuves du concours régional percherons, le concours de labour des anciens exploitants (voir par ailleurs) et la première édition des Olympiades. Neuf équipes de six coéquipiers ont été composées. Une équipe FDSEA, une équipe Rhône conseil élevage, une équipe chambre d’agriculture/GDS, une équipe holstein, une équipe XR Repro et des équipes d’éleveurs des monts du Lyonnais se sont affrontées lors de sept épreuves. Lancer de bottes de paille, traite manuelle, courses de brouette, en sac, en ski tridem, tir à la corde, roulé de balles rondes et surtout fous rires, le public s’est laissé prendre au jeu de cette joyeuse compétition de sportifs improvisés. Les organisateurs des JO n’ont qu’à bien se tenir !
Et bien entendu, les repas à base de produits locaux (burger, frites, yaourt et fruit) ont remporté un beau succès et la buvette n’a pas désempli. En soirée, les éleveurs ont fait la fête jusque tard dans la nuit.
Une messe et un concours
Dimanche, c’est la soupe aux choux qui a guidé les visiteurs dès potron-minet. Et 350 personnes ont succombé à son fumet. La journée s’est poursuivie par la messe donnée sous chapiteau par le père Guy Ollagnier, de la paroisse de Saint-Martin-en-Haut. Celui-ci est ensuite allé saluer chacun des jeunes participants au concours de labours, juste avant la raie d’ouverture (voir par ailleurs).
S’en est ensuivie l’inauguration de la fête depuis l’estrade montée au centre du site, lançant place aux autres facettes du quotidien des élevages. Ainsi, les coprésidents des Jeunes agriculteurs, Loïc Virieux et Maxime Philippe, n’ont pas manqué de rappeler que dans la lignée des mobilisations de ce début d’année, « l’agriculture attend désormais des actes concrets, et un véritable retour au pragmatisme ». Un appel à la réaction repris par Élise Michallet « pourquoi cette inertie ? Quelle sera notre assiette demain ? ». La présidente de la FDSEA a repris un parallèle avec l’événement national encore en cours au moment de la fête : « rien n’arrête un agriculteur, de même que rien n’arrête un sportif. Mais on aurait aimé le même engouement du public pour l’agriculture que pour les JO ».
D’autant plus que les JA de leur côté ont su relever le défi, et en l’occurrence Florian Thizy « véritable cheville ouvrière de cette fête depuis trois ans », comme l’a présenté Élise Michallet.
Avec pas moins de 570 repas servis le samedi midi, 450 le soir et plus de 900 le dimanche midi, de même qu'une centaine d'assiettes de saucissons chauds et 350 soupes aux choux, le public a répondu présent ! La buvette également a très bien fonctionné les deux jours. Il faut dire que l’agencement du site avait particulièrement bien été pensé, plaçant cette buvette au centre des animations : proche du concours de labours et du ring, proche de la démonstration de broyage d’arbre, de la fabrication de fromage.
Emmanuelle Perrussel, Françoise Thomas
La fête en images...
La FCO, marqueur d’inquiétude
Le conseil agricole départemental avait prévu de se retrouver sur le site de la fête de l’agriculture. Brillants par leur absence, la situation sanitaire des animaux a été l’un des principaux sujets évoqués.
Plusieurs fois dans l’année, les membres du conseil agricole départemental (le Cad), à savoir des représentants de la FDSEA, des JA, de la chambre d’agriculture et des organisations professionnelles agricoles, se retrouvent pour évoquer les préoccupations et les principaux sujets touchant les filières du Rhône. La FCO-8, sa gestion et ses conséquences, ont largement été évoquées. La maladie continue sa progression, avec une estimation du doublement chaque semaine du nombre d’élevages concernés. Les élevages ovins paient le plus lourd tribut avec une mortalité parfois importante. Du côté des élevages bovins, si les bêtes finissent heureusement le plus souvent par s’en sortir, c’est au prix d’une baisse de production laitière et/ou d’une perte de poids conséquentes. Les éleveurs présents n’ont pu que relater des symptômes et des conséquences très variés d’un élevage à l’autre, d’un animal à l’autre, que le grand flou demeure concernant la vaccination, que ce qui les inquiète désormais c’est l’impact de la maladie en termes d’avortement, et le signalement d’un premier cas de FCO-3 dans la Loire voisine… Aussi, la tenue du Cad leur a permis de préciser qu’ils comptent désormais sur les conseillers bancaires pour être vigilants aux besoins d’avance de trésorerie qui pourraient être formulés par certains éleveurs. La position du monde agricole est de maintenir la pression autour de la mise en production et à disposition des vaccins. Des mesures de prévention pour les FCO et pour la MHE qui est elle aussi attendue…
Vigilance et solidarité
Du côté de la viticulture et des productions végétales, le bilan de l’année dressé a révélé des situations très hétérogènes. Ainsi, si certains producteurs ont réussi à s’en sortir et signeront notamment des vendanges correctes, nombre d’autres ont vu leur campagne fortement impactée par l’excès de pluie et par la pression maladie. Le tout conduisant là aussi souvent à des situations de trésorerie très diverses. De son côté, le Crédit Agricole ne relève pas encore de dégradation aux niveaux de l’épargne, mais le point d’alerte a bien été entendu car « votre trésorerie d’aujourd’hui est notre trésorerie de demain ».
Ainsi, il a aussi été rappelé que « s’il n’y a pas encore d’alerte financière », tout un chacun doit se montrer vigilant face « aux alertes morales ». Le réseau Réagir et les Sentinelles représentent un soutien précieux, en place et qui continue de se développer.
F.T.