L'info en bref
Réchauffement climatique, Egalim 2, Bayer, Lubrizol...

Simon Alves
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L'essentiel de l'information agricole nationale et régionale de ces dernières heures, à lire chaque lundi, mercredi et vendredi dès 9 h.

Réchauffement climatique, Egalim 2, Bayer, Lubrizol...

Climat: réchauffement à +1,5°C inévitable, l'influence humaine «indiscutable» (Giec)

Dans tous les scénarios étudiés par le Groupe intergouvernemental d'experts sur le climat (Giec), le réchauffement global devrait atteindre +1,5°C avant 2040 (par rapport au niveau pré-industriel). C'est l'un des résultats du rapport publié le 9 août, à trois mois de la Cop26 de Glasgow, en novembre. Avec un réchauffement de 1,5°C, les précipitations et inondations associées «devraient s'intensifier et être plus fréquentes dans la plupart des régions», peut-on lire dans le résumé pour décideurs. Quant aux sécheresses, elles deviendraient «plus fréquentes et/ou graves» dans «quelques régions de tous les continents, excepté l'Asie». Le lien entre activités humaines et changement climatique est désormais «indiscutable», a estimé le président du Giec Hoesung Lee en conférence de presse le 9 août. D'après les chercheurs, les émissions anthropiques de gaz à effet de serre (GES) ont déjà causé des changements «irréversibles pour des siècles ou des millénaires» (acidification des océans, fonte des calottes glaciaires, hausse du niveau de la mer). Toutefois, il est encore possible d'inverser la tendance: «Stabiliser le climat nécessitera des réductions fortes, rapides et durables des émissions de GES, ainsi que d'atteindre zéro émission nette de CO2», affirme Panmao Zhai, co-président du premier groupe de travail du Giec. C'est ce groupe d'experts, dédié aux bases scientifiques du changement climatique, qui a publié son rapport le 9 août. Les contributions des groupes de travail 2 (impacts) et 3 (atténuation) sont attendues au premier semestre 2022, avant le rapport complet au deuxième semestre.

Egalim 2: une mission sur la contractualisation en jeunes bovins et broutards

Récemment nommé médiateur de la coopération agricole, Gilles Vanackere a été missionné par le ministre de l’Agriculture pour «promouvoir la contractualisation obligatoire des jeunes bovins et broutards et d’en analyser les freins», rapporte le 6 août Culture viande, qui représente les intérêts des entreprises d’abattage, découpe, préparation et commercialisation de viandes bovines, ovines et porcines. Selon le syndicat, le médiateur sera chargé «d’identifier avec l'interprofession [Interbev] les actions à planifier pour accélérer la mise en place de la contractualisation» dans ces deux filières. Il doit également formuler des propositions quant à une possible dérogation à la contractualisation obligatoire selon le chiffre d’affaires des entreprises, telle que l’envisage la proposition de loi (PPL) Egalim 2. Il doit également donner son avis sur «des dates de mise en œuvre réalistes de la contractualisation obligatoire à privilégier pour chacun des segments de marché». La PPL Egalim 2 portée par le député Grégory Besson-Moreau (LREM, Aube) et soutenue par le gouvernement prévoit, à date, que la date d’entrée en vigueur de la contractualisation obligatoire soit fixée pour chaque filière par décret et au plus tard pour le 1er janvier 2023. Elle doit être examiné par le Sénat en septembre.

Roundup: Bayer perd à nouveau en appel

Le géant allemand Bayer a perdu un appel en justice aux Etats-Unis contre une décision statuant que son désherbant Roundup provoquait des cancers, rapporte l’AFP le 10 août. Une cour d'appel de San Francisco a confirmé la veille un jugement de 2019 en faveur d'un couple affirmant être tombé malade après avoir utilisé le désherbant Roundup pendant des années, en réduisant malgré tout le montant des compensations. Dans son arrêt, le juge a déclaré que Monsanto avait fait preuve d'un «refus intransigeant d'informer le public» sur les dangers du produit. Depuis le rachat en 2018 de l'agrochimiste américain Monsanto, producteur du Roundup, Bayer affronte une salve de procédures aux Etats-Unis. «Nous continuons à défendre fermement l'innocuité du Roundup, une position soutenue par quatre décennies de données scientifiques approfondies et les évaluations des principaux organismes de réglementation sanitaire du monde entier qui soutiennent son utilisation sûre», a déclaré un porte-parole du groupe de Bayer. Dans un autre dossier où Bayer a été condamné en mai par un tribunal de San Francisco, le groupe a indiqué que Monsanto prévoyait de «déposer une requête auprès de la Cour suprême des États-Unis ce mois-ci».

Attaque d'ours sur un berger: élus locaux et éleveurs vont interpeller l'Etat (FNO)

Après l'attaque d'un ours sur un berger, plusieurs organisations agricoles et élus locaux préparent une «motion» pour «rappeler au gouvernement son obligation d'assurer la sécurité des personnes», indique Franck Watts, responsable du dossier ours à la FNO (éleveurs ovins, FNSEA), à Agra Presse le 10 août. Une décision prise lors d'une réunion de crise à la chambre d'agriculture de l'Ariège le 9 août. D'après M. Watts, les termes de cette motion seront «discutés dans la semaine» entre les participants à cette réunion (syndicats agricoles et chambre, président de la fédération pastorale, maires de communes de montagne, présidente du Conseil général). «Contrairement à la gestion de l'ours et des dégâts sur les troupeaux, qui relève de l'Europe, la sécurité des personnes relève à notre sens de la responsabilité de l'Etat», estime Franck Watts. Lors des discussions aurait été évoquée l'idée de «demander la possibilité d'armer les bergers pour se défendre», une mesure qui «ne fait pas l'unanimité» selon le responsable syndical. Pour cet éleveur, «le travail des bergers, c'est de faire manger les animaux et de tirer le meilleur profit de l'estive, pas de lutter contre la prédation».

Lubrizol: l’Etat condamné pour la première fois à indemniser un maraîcher

Le 23 juillet, le tribunal administratif de Rouen a condamné l’Etat à verser 4354 euros d’indemnisation à un maraîcher victime de l’incendie survenu sur le site industriel de Lubrizol le 26 septembre 2019. C’est la première fois que l’Etat subit une telle condamnation, selon l’AFP, qui s’est procuré le jugement. Comme de nombreux agriculteurs de la région, le maraîcher récemment installé en agriculture biologique avait été soumis, pendant trois semaines, à un arrêté préfectoral lui interdisant de commercialiser sa production vu le risque de contamination. En novembre 2019, il avait saisi l’Etat pour être indemnisé à hauteur de ses pertes: une demande rejetée par la préfecture de Seine-Maritime, explique le quotidien Paris-Normandie dans son édition en ligne le 6 août. D’après l’AFP, le préfet a argué la «situation irrégulière du requérant à la date du sinistre». Mais les juges ont débouté cet argument, pointant un courrier de la préfecture évoquant que le maraîcher avait déposé une déclaration préalable d’exploiter le 24 septembre - soit deux jours avant l’incendie. Le maraîcher avait refusé la proposition d’indemnisation de Lubrizol (via le FMSE), car elle ne couvrait pas la totalité de ses pertes, rapporte le quotidien régional.