Grand Lyon
Le Geda de l’Ozon se montre

Emmanuelle Perrussel
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Des agriculteurs adhérents au groupement d’étude et de développement agricole (Geda) de l’Ozon ont présenté leurs travaux à Jérémy Camus, vice-président de la Métropole en charge de l’agriculture, de l’alimentation et de la résilience des territoires, jeudi 30 septembre à Communay et Simandres.

Le Geda de l’Ozon se montre

« C’est la première fois qu’un élu du Grand Lyon vient nous voir ! » Comme l’a dit Gilbert Barnachon, président du Geda de l’Ozon, ce 30 septembre à Communay sur l’une de ses parcelles de switchgrass qui fait l’objet d’une mesure agroenvironnementale et climatique (MAEC). Jérémy Camus, vice-président de la Métropole en charge de l’agriculture, de l’alimentation et de la résilience des territoires, est en effet allé à la rencontre d’une dizaine d’agriculteurs du conseil d’administration du Geda ce matin-là. « Le contact est important pour moi et nous avons la volonté de créer des coopérations équilibrées, voire de créer des liens stratégiques, afin de pouvoir répondre à notre ambition qui est de développer une agriculture nourricière sur notre territoire. Il nous importe de connaître votre potentiel, vos besoins pour y parvenir, vos points de blocage », indiquait celui-ci en début de visite.

Et les céréaliers présents ne se sont pas fait prier pour aborder leurs travaux et leurs problématiques. Jérémy Camus a d’abord été sensibilisé à la façon de travailler du groupement. « Le Geda existe depuis plusieurs dizaines d’années et compte des agriculteurs de divers horizons (plaine de Lyon, Isère, Ain, val de Saône, coteaux du Lyonnais…), essentiellement des céréaliers. Nos sujets sont variés et l’objectif est d’échanger ensemble, de tester, de se former afin de trouver des solutions en fonction de nos besoins et des orientations de nos exploitations. Nous ne sommes ni cloisonnés à un territoire, ni à une façon de produire. Cette diversité et cette ouverture sont les gages de la durabilité et de la crédibilité du Geda », selon Gilbert Barnachon.

« Nos sujets sont variés »

L’eau figure parmi les sujets de prédilection du groupement. « Sur la plaine de l’Est lyonnais, une part significative des surfaces sont irriguées grâce au réseau du syndicat mixte d’hydraulique agricole du Rhône (Smhar). Nous nous sommes attachés au fil du temps à rendre cette utilisation raisonnée et efficiente : notamment grâce à la mise en place d’une substitution partielle des prélèvements agricoles collectifs dans la nappe du couloir de Meyzieu par des eaux issues du Rhône et par un pilotage de l’irrigation à l’aide d’un réseau de sondes tensiométriques et de flash irrigation », d’après Stéphane Peillet, vice-président de la chambre d’agriculture et céréalier à Saint Priest. Parallèlement, le Geda, en partenariat avec Arvalis, conduit des recherches pour trouver des variétés de maïs plus efficientes en eau. « Peut-être d’autres pistes à creuser en plein champ aux côtés du Grand Lyon et du centre de ressource de botanique appliquée (CRBA) ? » a lancé un agriculteur.

Le Geda travaille aussi sur différentes techniques culturales qui permettent de lutter contre l’érosion et qui pourraient trouver d’autres utilisations. Les agriculteurs ont par exemple déjà réfléchi à produire de la biomasse à des fins énergétiques avec entre autres la mise en place des MAEC. La vie des sols, notamment favorisée par les techniques culturales sans labour (TCSL) qui reposent sur trois piliers : le non-travail du sol, sa couverture permanente et la diversification des rotations, a fait l’objet d’échanges avec l’élu de la Métropole. « Un sous-groupe du Geda s’est lancé il y a une quinzaine d’années dans ces techniques d’agriculture de conservation afin de faire face à la décarbonation des sols et aux phénomènes d’érosion. Nous voyons les résultats sur la vie de nos sols, même si chaque année, le climat et la levée des cultures sont nos défis. Ces pratiques nécessitent du matériel onéreux et des expérimentations sur des alternatives au glyphosate sont en cours. Nous avons besoin de temps et surtout pas de contraintes supplémentaires », a détaillé Jean-Yves Barge, agriculteur à Genas.

Concernant les rotations culturales, essentielles pour ces techniques simplifiées, elles se trouvent davantage limitées, depuis quelques années car nombreux sont les céréaliers qui ont arrêté le tournesol, à cause de dégâts récurrents de pigeons et de corvidés.  

Forces de propositions

La matinée s’est poursuivie sur une parcelle en soja biologique de l’EARL Colombier à Simandres. L’occasion de mettre en avant le dynamisme d’un autre sous-groupe du Geda : le groupe bio. « Nous rencontrons des difficultés pour nous approvisionner en fumure car les élevages sont de plus en plus rares. Certains d’entre nous procèdent à des échanges paille-fumier mais les difficultés de transport peuvent être rédhibitoires (réseau routier). En luzerne et maïs épi, en revanche, nous avons des débouchés à proximité grâce à la dynamique bio des élevages du département », a expliqué Thierry Colombier. Selon Jérémy Camus, des pistes sont peut-être à creuser au niveau du compostage des déchets (installation de plateforme au Sud de Lyon…) ou de l’épandage de digestat issu de la méthanisation. La récolte des légumineuses a par ailleurs été abordée, sachant que l’année en lentilles et pois chiches a été catastrophique du fait des conditions climatiques. Certaines de ses productions, lorsque l’année le permet, pourraient trouver davantage de débouchés locaux, « mais les contraintes sanitaires et réglementaires sont importantes et on bute sur le matériel génétique, sans compter que la rentabilité de ces productions peut être aléatoire », ont soulevé les agriculteurs du groupement.

Nourri de tous ces échanges avec les représentants du Geda, Jérémy Camus s’est dit prêt à les accompagner dans des projets structurants et les a invités à être forces de propositions et à identifier leurs priorités.