Réseau Maturation
"Gardez confiance"

Simon Alves
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Le Réseau Maturation du Beaujolais organisait vendredi 3 septembre dernier sa réunion pré-vendanges. Une assemblée où l'état de la vigne et son avancée a été  délivrée aux viticulteurs du réseau, ainsi que la date du 11 septembre pour le début des vendanges concernant les chardonnay et le 13 septembre pour les gamay. David Ratignier, Jean-Marc Lafont et Daniel Bulliat, représentants du vignoble, ont aussi pris la parole. Extraits.

"Gardez confiance"

L'intervention de David Ratignier, président de l'ODG beaujolais-beaujolais village

"Bien sûr je remercie le travail de l'équipe de Sicarex et du Réseau Maturation, c'est important que ce réseau vive. Vous avez réussi à conserver un bon nombre parcelles et à obtenir des résultats intéressants. Ils donnent le ton sur ce qu'on va faire pendant nos vinifications. Le fait qu'un acide soit plus fort qu'un autre a une signification. Pour les dates de récolte on a une bonne indication. Sur la maturité nous avons des seuils avec des taux de richesse suffisamment importants en sucres et en polyphénols. On va être en surveillance pendant une bonne semaine. Eventuellement si nécessaire on fera appel à 0,5 degrés de chaptalisation supplémentaire. Pour l'instant on ne pourra pas forcément le justifier, mais si ça dérape au niveau climatique, on a le dossier sous le coude. Pour moi en tant que responsable d'ODG, j'ai une inquiétude forcément au niveau des volumes de récolte. La qualité est préservée potentiellement, mais le gros souci, c'est la quantité de récolte. On a des éléments nouveaux : un vignoble qui n'est plus ce qu'il était en surface, des stocks nuls contrairement à d'autres vignobles. Tous les éléments qui remontent des réunions que l'on fait encore montrent qu'on est plutôt des vins redemandés actuellement et qui sont plébiscités par nos clients. J'espère qu'on réussira à fournir ces marchés et qu'en 2022 on n'aura pas ce genre de millésime. Très peu de vignerons se sont arrêtés au mois d'août, cette année va laisser traces physiques et psychologiques. Quand vous n'avez pas de récolte ou très peu, ça posera problème. Tout cela débouchera sur des marchés des vins qui seront tendus cette année."

L'intervention de Jean-Marc Lafont, président de l'ODG des crus du Beaujolais

"Je suis très heureux de participer à cette organisation du réseau maturation. C'est toujours un appui important pour nos viticulteurs du Beaujolais. Je tenais à remercier les personnes qui s'impliquent et les équipes techniques qui opèrent pour nous donner une réponse et un accompagnement pour essayer de prévoir les vendanges. On a un millésime 2021 extrêmement compliqué comme l'a dit David. Il faut souligner la pugnacité de tous pour réussir à mener cette récolte jusqu'au bout. On a eu les aléas climatiques, des difficultés qui en font réellement un millésime pas simple à gérer. Même si la période est redevenue plus favorable niveau climatique, j'espère que l'on aura de nouveau du beau temps pour une récolte de qualité. Je pense qu'il faut aussi souligner que c'est un milléisme qui aura coûté cher à produire. Les traitements ont été nombreux, il y a eu des désherbages, il a fallu compléter des équipes. Pour la période des vendanges, je suis assez d'accord sur l'analyse et avec la date du 13 septembre."

L'intervention de Daniel Bulliat, président d'Inter Beaujolais

"Les deux présidents ont dit beaucoup de choses. J'en profite pour remercier l'équipe du réseau qui a fait un boulot fantastique. Je vois que le nombre de parcelles remonte, c'est bien. On maîtrise bien les choses. Niveau vinification, on a plein d'éléments qui nous permettent de conduire les vendanges comme il faut. Cette petite récolte au niveau d'Inter Beaujolais on en parlait à l'assemblée générale du 22 juillet. On avait l'espoir de faire 500 000 hectos, malheureusement on ne les aura pas. Si on en a 450 ou 430 ce sera déjà le bout du monde alors que le marché est de 600 000 hectos plutôt. Cela fait 15 ans qu'on est en crise. On voit le bout du tunnel et malheureusement on n'a pas la chance d'avoir suffisamment de récolte pour bien vendre vin. On va retrouver de la valeur, c'est sûr. Gardez confiance, ne vous découragez pas, mon inquiétude c'est qu'on se décourage.  C'est quand même le volume qui fait la différence à un moment donné, mais on va retrouver de la valeur. Mon message c'est "gardez confiance", le marché est dynamique. A l'export on parle de +10, +15 % en volumes et valeurs. On ne peut avoir que confiance en l'avenir. Le Beaujolais bashing derrière nous, on a des journalistes quotidiennement et on voit que l'on respecte le beaujolais contrairement à dix ou vingt ans en arrière. Il faut vraiment dire aux jeunes qu'il y a un avenir dans ce métier, et il faut le faire dans une démarche sociétale et environnementale."