Vinescence
PSE : une histoire de technique

Charlotte Favarel
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L’exploitation Couleur Terroirs fait partie de la cave Vinescence à Belleville-en-Beaujolais et revêt une spécificité. D’abord accompagnée avec les mesures agroenvironnementales et climatiques (MAEC), l’exploitation est aujourd’hui engagée dans les paiements pour services environnementaux (PSE). Caroline Le Roux, technicienne vignoble, fait le point. 

PSE : une histoire de technique
Grâce à différentes essences, les haies de Couleur Terroirs permettent une floraison toute l’année.

Depuis plus d’un an, l’exploitation Couleur Terroirs, de la cave Vinescence à Belleville-en-Beaujolais est engagée dans les PSE. « Les MAEC ont été un bon tremplin pour continuer sur les PSE, témoigne Caroline Le Roux. Couleur Terroirs était labellisé Terra Vitis® et on est aujourd’hui HVE. »

Avec plus de 50 ha, l’objectif sur les cinq ans des PSE est de consolider l’existant. Les quatre leviers des PSE, que sont le maintien ou l’implantation d’infrastructures agroécologiques (IAE), la diminution d’intrants et d’indicateur de fréquence de traitement (IFT), l’augmentation de la surface enherbée ou couverte par les végétaux et la réduction de l’azote minéral au profit de l’organique, sont adaptés en fonction de l’exploitation.  

Une continuité entre les éléments

« Les haies, fossés enherbés, arbres isolés et talus ont un intérêt écologique », explique la technicienne. En désignant un fossé enherbé, elle évoque la présence de grenouilles et un retour de la biodiversité favorisé par la présence de plantes de milieux humides. L’exploitation s’est fixé l’objectif d’atteindre 20 % d’IAE par rapport à la surface agricole utilisée d’ici 2026, « sachant qu’il y a neuf milieux différents comme les haies, l’alignement d’arbres, les zones de bord de champ, les arbres isolés… », énumère Caroline Le Roux.

« Le tout, insiste-t-elle, est d’avoir une certaine continuité des choses entre elles, que depuis la haie, il y ait une bande enherbée qui arrive jusqu’aux ceps, pour que la faune puisse circuler ». Et lorsqu’une haie présente un trou, « je fais du repiquage de végétaux comme du prunellier, du charme ou encore du cornouiller. » Située en zone de traitement contre la flavescence dorée, l’exploitation doit traiter. C’est là que la connectivité des éléments prend toute son importance pour que les auxiliaires puissent recoloniser la vigne. « Il faut qu’il y ait un continuum entre les différents éléments », ajoute Caroline Le Roux.

À chaque structure sa fonctionnalité

Si les haies sont fonctionnelles dix à douze ans après leur plantation, elles nourrissent et servent de refuge ou de lieux de vie à certains insectes ou animaux. Le cornouiller sanguin attire les abeilles quand le charme offre aux insectes un abri hivernal protégé. « Avec différentes essences comme le noisetier, le prunelier, la viorne, le sureau, ou encore le cornouiller, on assure une période de floraison toute l’année », précise Caroline Le Roux. Sur l’exploitation, ce sont plus de 3 500 mètres linéaires de haies qui composent le paysage. En montrant un dessous de haies tapissé, la technicienne devine la présence d’animaux : « je suis sûre qu’on a eu le passage de chevreuils, le dessous des haies et la banquette herbeuse permettent aux animaux de se protéger. »

Les fossés enherbés avec l’alignement d’arbres permettent un meilleur écoulement de l’eau. « Selon le type d’infrastructures, on ne retrouve pas la même faune dans les haies et arbres. On va avoir des arbres plus élevés qui vont servir de point d’arrêt pour les rapaces », observe Caroline Le Roux. Avec des sols hydromorphes, les fossés sont aussi utiles pour l’écoulement de l’eau.

Des objectifs jusqu’en 2026

Concernant les objectifs fixés jusqu’en 2026, Caroline Le Roux reste confiante. « Pour les IFT, il faut qu’on passe en-dessous de 7 à l’horizon 2026. En 2022, nous étions à 8,6 IFT et l’IFT référence sur le Beaujolais est à 15,1 : nous avons déjà diminué de 56 % par rapport à cette référence. »

Côté couverture du sol, il faudra que 42 % de la surface d’exploitation soit couverte. Aujourd’hui, seuls 22 % le sont mais les efforts continuent. « On travaille beaucoup sous le rang pour éviter trop de concurrence avec les ceps », partage la technicienne.

Enfin pour l’azote, l’exploitation fait des tests depuis l’année dernière. Ils doivent atteindre 9 unités azote minéral en 2026, aujourd’hui, ils sont à 13,25.

« Le PSE est facilité par la certification HVE et ses diagnostics où nous devons être réguliers sur les pratiques qui favorisent la biodiversité », conclut Caroline Le Roux.

Charlotte Favarel

Visite d'une exploitation engagée dans les paiements pour services environnementaux