Réussir l’implantation de son colza est primordial pour permettre le développement d’une culture robuste, a même de mieux supporter les attaques de ravageurs et autres aléas climatiques.
Les récoltes des céréales sont déjà bien entamées après un printemps particulièrement pluvieux qui favorise les préparations de sols de qualité, pour l’implantation des colzas à venir. Toutefois, deux points de vigilance sont à noter. D’une part, dans de nombreux secteurs, les chantiers de récolte réalisés sur sol humide peuvent présenter un risque de dégradation de la structure du sol (tassement, compaction). Dès à présent, il est important de mettre en œuvre les différents leviers de préparation de sols et de semis pour permettre le meilleur développement possible du colza à l’automne. D’autre part, les nombreuses infestations de graminées en particulier des ray-grass, dans les parcelles de céréales qui pourraient être destinées à être implantées en colza pour la campagne 2025. Les conditions actuelles offrent une opportunité, plutôt rare ces dernières années, de pouvoir réaliser un faux semis et d’éliminer une partie du stock grainier conséquent.
Adapter la préparation du sol au contexte pédoclimatique
La préparation du sol est à adapter à chaque contexte (humidité, sècheresse…) et parcelles (type de sol). Au regard des conditions de récolte de l’année, et du risque d’impact sur la structure du sol, un diagnostic via un test bêche peut encore se justifier pour ajuster le travail du sol à effectuer.
Plusieurs objectifs sont à atteindre comme obtenir un mélange de terre fine et petites mottes en surface pour optimiser les conditions de germination ; une structure permettant un enracinement en profondeur, sans zone de tassement sur au moins 20 cm ; maintenir au maximum l’humidité du sol pour assurer une bonne installation de la culture, en limitant le nombre de passage, en refermant autant que possible, notamment par du roulage derrière les passages.
Les différents passages de travail du sol sont à réaliser dès que possible après la récolte, afin de préserver la fraîcheur et l’humidité du sol. Pour les sols bien structurés en profondeur, un simple travail superficiel peut s’envisager, mais ces cas seront rares cette année, du fait des pluies importantes couplées aux chantiers de récoltes en conditions humides. Pour les sols déstructurés et/ou tassés, un travail en profondeur sera indispensable. Le type d’outil utilisé pourra être adapté en fonction de la profondeur de tassement (décompacteur, chisel, etc.).
Travail du sol : ce qu’il faut retenir
Un travail du sol efficace est effectué au plus près de la récolte du précédent, pour profiter de l’humidité résiduelle et pour être prêt à semer dès que possible.
L’objectif étant d’avoir terminé le travail du sol début août. Quel que soit le travail du sol, veiller à assurer une répartition homogène des pailles dans le profil, et éviter la présence de résidus sur la ligne de semis. Les outils animés peuvent accentuer le dessèchement du sol et favoriser l’apparition de zones de compaction très superficielles ayant un impact sur l’enracinement des colzas. Si nécessaire, il conviendra de limiter cet outil aux sols particulièrement humides (mais ressuyés). Adopter une stratégie du juste minimum, c’est-à-dire éviter les interventions répétées, qui n’apportent rien à la structure et qui assèchent le sol. Une attention toute particulière est à apporter dans les quinze jours avant le semis, où l’on effectuera une simple reprise du lit de semence seulement si nécessaire. Une bonne structure de sol est primordiale pour la suite du cycle. En effet, un mauvais enracinement, qui se traduit par un pivot court (< 15 cm), coudé ou fourché, entraîne de multiples risques pour la réussite de la culture par la suite. Les plus importants sont l’hydromorphie hivernale, la mauvaise absorption des éléments minéraux (joue sur la biomasse et le rendement) ou encore des difficultés à entrer en floraison.D’où l’importance d’assurer une structure idéale pour leur développement.
Date de semis
Après une préparation du sol adaptée, la date de semis sera à raisonner en fonction des pluies annoncées, du type de sol et du climat. La date de semis doit permettre d’atteindre une levée suffisamment précoce pour passer le stade de sensibilité aux bioagresseurs de début de cycle le plus rapidement possible, c’est-à-dire l’atteinte du stade 4 feuilles.
Une pluie de 7 à 10 mm après le semis peut suffire à faire lever les colzas dans de bonnes conditions, et d’assurer ensuite un développement avec l’humidité déjà présente dans les horizons inférieurs.
En Auvergne et nord Rhône-Alpes, la période s’étend du 5 au 15 août, voire au 20 août pour les sols profonds à forte disponibilité en azote. Sur les secteurs plus au Sud (vallée du Rhône), les semis pourront s’étendre du 10 au 25 août.
Après cette période, notamment lors d’absence totale de pluies annoncée, la mise en place de la culture est bien entendu toujours possible mais il faudra être très vigilant aux dégâts de grosses altises adultes.
Dans les situations où l’irrigation est possible, il ne faut pas s’en priver. En effet, un passage d’une quinzaine de millimètres sur la culture, c’est l’assurance de faire lever le colza dans les meilleures conditions, sans pertes de pieds.
La date de semis doit permettre d’atteindre une levée suffisamment précoce pour passer le stade de sensibilité aux bioagresseurs de début de cycle le plus rapidement possible, c’est-à-dire l’atteinte du stade 4 feuilles. ©Terres inovia
Densité de semis
La densité de semis doit être choisie en fonction du type de sol et du mode de semis. Le peuplement viser doit permettre d’obtenir des pieds robustes. Une sur densité de semis n’est donc pas forcément recommandée car elle peut favoriser l’obtention de pieds chétifs (voir tableau 1).
Profondeur de semis
L’état d’humectation du sol est déterminant pour choisir une profondeur de semis adapté. Si les conditions d’humidité sont correctes, un semis à 2cm permettra une levée optimale. Pour les sols secs sur les 3 à 4 cm de surface, et frais en dessous, il conviendra de semer jusqu’à 4 cm au plus près de la zone de fraîcheur. Au-delà de 5 cm de sol sec, cibler un semis avant une pluie pour permettre de réhumecter le sol.
Prévoir un semis à 2 cm dès qu’une pluie de 10 mm ou plus est annoncée. Si pas de pluies annoncées, semer à 4-5 cm pour attendre une pluie significative qui pourra permettre la germination. Si les précipitations sont inférieures aux 7-10 mm annoncés et s’il n’y a pas de relais de pluie dans les jours qui suivent, il y a un risque de dessèchement du grain en cours de germination.
Fertilisation
L’objectif est de garantir la disponibilité en azote et phosphore à l’automne. Dans les parcelles à faibles disponibilités en azote, un apport au semis peut être envisagé, d’autant plus pour les semis précoces, afin de permettre une croissance continue des colzas à l’automne. Le phosphore n’est pas non plus é négliger, car la culture est très sensible à la carence.
Terres Inovia
Votre contact régional : Alexandra Denoyelle [email protected]
Pour aller plus loin sur la fertilisation du colza, n’hésitez pas à consulter le guide de culture Colza 2024.