EXCLU WEB
De la vigne à la Beaujonomie

David Duvernay
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Le temps d’un week-end, le Beaujolais offrait aux amateurs de vins et de gastronomie un moment d’évasion et de partage bistronomique dans les Maisons et domaines du vignoble. Pour cette 2e édition de Bienvenue en Beaujonomie, notre choix s’est porté cette année sur le domaine de la Commanderie au Perréon, entre les gouttes d’eau et de vin des différents beaujolais villages, blanc, rosé et rouges bien sûr.

De la vigne à la Beaujonomie

C’est avec dix minutes de retard sur le planning initial que nous arrivons au domaine de la Commanderie. Parapluie en main, le vigneron Marc Péria nous accueille avec un enthousiasme qui va le caractériser tout au long de cette journée riche en échanges et en enseignements. Même les gouttes de pluie n’entament pas sa bonne humeur. Certes, il avait concocté une balade au milieu des vignes avant le déjeuner. "On va passer au plan B…". Le plan B ? Des petites bouteilles d’eau en guise de "rafraîchissement", histoire de nous tenir en haleine, et une présentation de son parcours professionnel, entamé dans la Distribution jusqu’à la reprise du domaine en 2015. Pour mieux illustrer sa philosophie de travail, Marc Péria nous emmène devant ses vignes, solidement plantées sur le coteau parallèle. Le domaine est petit, moins de 2 ha, soit en-dessous de la moyenne en Beaujolais, mais l’homme de 58 ans entend prendre un maximum de plaisir, malgré la dureté du travail de vigneron. "On fait notre sport pour la semaine... Mais ce que j’aime, c’est valoriser ce terroir et ce savoir-faire. Il faut le noter sur votre carnet ça… "

L’expression de cette passion pour le vin passe ensuite par Vaux-en-Beaujolais, là où se situe son cuvage et son cave. Loin des grandes cuveries que l’on a l’habitude de voir dans le Beaujolais, les bâtiments de Marc Péria sont modestes et exigus. Un pressoir pneumatique, une pompe à vendange, deux cuves, un refroidisseur. L'essentiel est là et ça n'embarasse pas le vigneron qui détaille les étapes et les principes de la vinification, autour d’un verre de blanc (cuvée L’Écrin) et/ou de rosé et d’un premier plateau de charcuterie. "Bon aujourd'hui, selon le calendrier lunaire, c'est un jour feuille donc ce n'est pas le jour idéal pour déguster les vins. Mais on le fera quand même". Marc Péria suit en effet les principes de la biodynamie, autant que les pratiques de l'agriculture biologique à la vigne.

"Les réservations sont déjà faites…"

En-dessous du cuvage, les échanges se poursuivent dans la cave, au milieu des pièces, d’un demi-muit et surtout d’une jarre en terre-cuite, son dernier investissement pour apporter plus de complexité à l’expression du terroir de sa prochaine nouvelle cuvée, Quintescence. Présente à nos côtés pour cette dégustation privilégiée et inédite, sa conseillère en œnologie, Manon Puma, s’en donne à cœur joie pour commenter un 2020 qui, assurément, constituera le très haut de sa gamme. "Les réservations sont déjà faites…".

Retour à La Commanderie, dans la pièce à vivre de Marc Péria, pour un déjeuner qui donnait déjà l’eau à la bouche au moment de le découvrir sur le site Internet de Bienvenue en Beaujonomie. L’ambiance y est toujours conviviale. En cuisine, derrière les rideaux tirés, son ami Nicolas Tillier prépare ses assiettes avec finesse. Habitué aux fourneaux du restaurant Le Loft à Villeurbanne, là où il travaille depuis un an et demi, le cuisinier n’est pas contrarié par l’étroitesse des lieux. Pour son entrée, œuf de poule poché façon meurette au haddock fumé et huile aux herbes. En plat principal, paleron de bœuf braisé 6 heures, jus réduit au vinaigre balsamique, accompagné d’un écrasé de patates douces au piment de la Vera et légumes printaniers. "Pour constituer ce menu, on est parti sur les vins du domaine", informe le cuisinier. "C’est un ami et le seul cuisineier que je connaisse. Ce qui me plaît chez lui, c’est surtout son état d’esprit et sa volonté de travailler avec des produits locaux. Et ça me correspond parfaitement". Pour le plateau de fromage du berger, Marc Péria s’est fourni auprès de Christophe Geoffray, éleveur caprin à Saint-Cyr-Le-Châtoux.

"J’aime partager mon métier"

Dans la salle à manger, les discussions vont bon train sur des thématiques vitivinicoles variées : Vignerons indépendants, taille mutilante, concours de vins, comparaison entre les millésimes 2015 et 2018, métier d’œnologue, etc. "J’aime partager mon métier et je le fais le plus simplement possible. On a un rôle à jouer et ça va au-delà du vin en lui-même", nous confiera Marc Péria. Comme au restaurant, Nicolat Tillier quitte sa petite cuisine pour recevoir des félicitations amplement méritées de la part des convives, définitivement conquis avec son dessert, une panacotta citron vert avec des poires pochées aux épices, un granité corsé et des framboises. La journée se termine par une balade digestive, en direction d’une parcelle de chardonnay, plantée en terrasse, sur un fort coteau. Dernières explications techniques, dernières confidences aussi. Assurément, avec une telle convivialité, le festival Bienvenue en Beaujonomie et le Beaujolais semblent promis à un bel avenir…

Galerie photos : La Beaujonomie au Domaine de la Commanderie

"On a partagé un bon moment"

A l'issue de ce samedi beaujonomique au domaine de la Commanderie, les convives de Marc Péria se sont montrés conquis. C'est le cas d'Axel et de sa compagne, originaires de Lyon. "C'est une région qu'on apprécie beaucoup. On s'y rend pour se déconnecter de la ville. La cadre est magnifique. On se questionne sur les circuits courts, le bien manger... Alors voir un vigneron chez lui, c'est une évidence. On consomme du vin, mais sans nous rendre compte du travail derrière. Cette dimension donne une autre valeur au métier et à la bouteille. Le concept de la Beaujonomie nous plaît. Nous venions tous de régions et de classes sociales différentes mais on a partagé un bon moment autour d'un point commun : le vigneron. Ses explications étaient très enrichissantes. On a appris plein de choses. Oui, on reviendra l'an prochain et avec des amis cette fois".

Caroline a aussi fait le déplacement depuis Lyon, toute seule, sans ami(s). Elle l'avoue, le Beaujolais n'est pas "sa destination prisée". Mais elle est repartie du Pérréon satisfaite de sa journée. "C'était aussi un challenge pour moi de sortir de ma zone de confort. Marc nous a mis à l'aise. Il est très avenant. C'est son menu qui m'a donné envie de venir chez lui. Je m'intéresse aux vins mais le fait de découvrir un domaine dans son intégralité, c'est très intéressant, tout comme les échanges que j'ai eu avec les autres personnes. Moi aussi je reviendrai, avec des amis." La communication d'Inter Beaujolais autour de l'événement a semblé porté ses fruits puisque les deux personnes interrogées ont pris connaissance de l'événement sur les réseaux sociaux.