SDMIS
Feux de forêt : formation et équipements au rendez-vous

Charlotte Favarel
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Direction Chamelet, au bord de L’Azergues puis dans la forêt de Pully, avec le service départemental et métropolitain d'incendie et de secours (SDMIS) pour comprendre comment les sapeurs-pompiers rhodaniens sont formés et s’entrainent contre les feux de forêt. 

Feux de forêt : formation et équipements au rendez-vous
Le site dans la forêt de Pully se révèle être un parfait terrain d'entrainement pour la conduite d'engins tout-terrain des sapeurs-pompiers rhodaniens. Crédits : IAR

Le 30 mai dernier, le service départemental et métropolitain d'incendie et de secours (SDMIS) a donné rendez-vous aux médias et aux élus départementaux à Chamelet, au bord de L’Azergues et dans la forêt de Pully. Depuis quinze ans, le Département met à disposition une partie de la forêt pour l’entrainement à la conduite tout terrain du SDMIS.

Des camions-citernes aux différents usages

Il est 10 h quand un attroupement se forme proche de L’Azergues et de la salle communale de Chamelet. Une dizaine de sapeurs-pompiers ont installé un CCI, leur camion-citerne incendie, véritable pierre angulaire lors d’intervention. « C’est un point de ravitaillement essentiel et un gros porteur d’eau, détaille Emmanuel Clavaud, contrôleur général du SDMIS. S’il n’est pas tout terrain, il peut contenir jusqu’à 8700 l d’eau et déployer 2 bâches souples de 5000 l chacune. » Pour chaque intervention, les sapeurs-pompiers essaient d’utiliser de l’eau non potable, preuve en est avec leur démonstration, où ils puisent l’eau dans L’Azergues. Véritable engin d’appui, le CCI sert de ravitaillement aux véhicules feu de forêt. « Il a un rôle fondamental, avec les bâches qui se remplissent en continu, la rotation courte est assurée. » Si le département dispose de 21 CCI répartis sur le territoire, il compte également 30 CCF, des camions-citernes feux de forêts. « Les CCF sont des véhicules de liaison, 4x4, qui se révèlent être de véritables engins d’attaque », précise le contrôleur général. Dans une logique d’optimisation lors d’une intervention, « les engins partent et un point de regroupement avec des moyens mécaniques se met en place ». C’est dans la zone de commandement que le rôle analytique se joue pour le choix des cours d’eau et de la zone sécurisée. Grâce aux retours d’expériences et à l’évolution technique, les CCF se révèlent être de véritables solutions de repli lors de la lutte incendie. « Lors d’un feu imminent, les équipes peuvent se replier dans l’engin. Il dispose d’une couronne d’autoprotection et le personnel peut tenir 5 à 6 minutes le temps que le feu passe », précise Emmanuel Clavaud. Les CCF disposent de 4000 l d’eau d’extinction et de 300 l qui ne sont jamais consommées sauf pour l’autoprotection.

À droite, un camion-citerne feux de forêts et à gauche, un véhicule de commandement. Ils sont 2 composantes d’un groupement d’intervention feux de forêts. Crédits : IAR

Quelques 200 pompiers rhodaniens formés chaque année

En route maintenant vers la forêt de Pully où la présidente du SDMIS, Zémorda Khelifi, revient sur les effectifs formés aux feux de forêts dans le Rhône. « Entre 150 et 200 pompiers sont formés chaque année. Avec ce contexte de changement climatique, il est primordial de pouvoir porter secours. » Si le Rhône est moins touché par les feux pendant la saison qui s’étale maintenant de juin à septembre, il vient en renfort des autres territoires. « En 2022, 13 colonnes ont été détachées pour venir en aide aux autres départements », poursuit la présidente. Les groupements d’intervention feux de forêts (GIFF) sont composés de quatre engins CCF, d’un véhicule de commandement et un de soutien. Chaque GIFF est constitué d’une vingtaine d’effectifs. « Il y a un enjeu en termes de personnel. On aimerait avoir un nombre d’effectif plus important, rapportait Emmanuel Clavaud. Les différentes formes de sollicitation s’intensifient ces dernières années. » Le SDMIS bénéficie d’un budget de 200 millions d’euros provenant des collectivités locales : Métropole, Département et communes. « L’Etat doit intervenir », remarquait Zemorda Khelifi.

Composée de cinq niveaux, la formation feux de forêt est graduelle. « Il faut compter entre quinze jours et trois semaines pour chaque niveau, apprenait le colonel Lionel Chabert. Dans le Rhône, nous avons l’habilitation jusqu’au niveau 3, ensuite, il faut descendre dans le Sud à Valabre pour les niveaux 4 et 5. On forme également beaucoup de pompiers volontaires. » Chef de site, chef de colonne, chef de groupe, chef d’agrès ou encore équipier, tous les niveaux sont essentiels. D’autant plus que les feux de forêts se distinguent de tous les autres, comme ceux du bâtiment, car ils évoluent selon des facteurs naturels, comme le relief et le vent. D’où l’importance du nombre d’effectifs formés.

« On a à la fois des feux de végétation comme des feux d’herbes, souvent situés sur la métropole. On intervient également pour des feux de récolte sur pieds. Certaines céréales brûlent pendant la période des moissons et on peut avoir des feux de chaume après la récolte », éclairait François Drobacheff, chef du groupement Nord. Pour ces interventions, le vent est déterminant : « la saison dernière nous avons eu 900 feux mais ce n’étaient pas des incendies problématiques car il n’y avait pas tant de vent que ça ».

Plusieurs élus avaient fait le déplacement et ont pu monter à bord d’un CCF pour franchir les obstacles formés dans la forêt de Pully. Crédits : IAR

Un terrain semé d’obstacles

« Nous avons créé de toute pièce ce site, lance un formateur de conduite à bord d’un CCF. En 1999, tous les sapins été touchés, donc le maire de Chamelet nous a proposé ce terrain avec le département et l’ONF. C’est une zone adaptée où on a recréé toutes les difficultés que l’on rencontre en réel. » Pentes à 50 %, à 100 %, dévers, marges, fossés, tout ce à quoi les soldats du feu sont confrontés est reproduit sur le terrain d’entrainement de la forêt de Pully. Au maximum des capacités du véhicule, ils s’entrainent pour être les plus efficaces en cas d’intervention. « On est partenaire avec l’ONF et tous les ans, on retravaille le terrain. On crée des pentes à 100 %, on recreuse le fossé, on adapte si un endroit s’est raviné. » 

Charlotte Favarel

Les chiffres du Rhône

  • 21 camions-citernes incendie.
  • 30 camions-citernes feux de forêts.
  • 150 à 200 pompiers formés aux feux de forêt chaque année.
  • 1600 sapeurs-pompiers formés aux feux de forêt sur 6000.
  • 900 interventions en 2022.

Une matinée dans la forêt de Pully, sur le terrain d’entrainement du SDMI

Un formateur de conduite passionné nous explique la création du terrain d’entrainement du SDMIS et le passage d’obstacles.

Lionel Chabert revient sur l’évolution matérielle des véhicules et équipements des sapeurs-pompiers.