Elevage
Amalthée, la douceur du Haut Beaujolais
Nichés sur les collines de Vernay, Marilyne Kapfer et Olivier Cuer élèvent quelque 200 chèvres angoras et cachemire. Avec 400 kg de mohair et 20 kg de cachemire produits par an, le couple à la vie et au travail met le bien-être animal en avant.
Si Amalthée était la chèvre nourrice de Zeus dans la mythologie grecque, à Vernay, c’est le nom de la ferme de Marilyne et Olivier. D’origines alsacienne pour elle et lyonnaise pour lui, leur installation s’inscrit à la croisée de chemins de vie. « J’ai été ingénieur pendant quinze ans, avec une carrière plutôt internationale, raconte Olivier Cuer. Il se trouve que j’ai rencontré Georges Volta, éleveur de chèvres angoras et cachemires en Savoie. J’avais envie d’une reconversion et j’ai suivi un BPREA à Roanne pour me lancer. » Par un concours de circonstances, il visite un bien pour lequel il a le coup de cœur dans le Haut Beaujolais : « la ferme avait brûlé et n’était pas du tout opérationnelle. Tout le projet était à monter mais je suis tombé amoureux du bien ! ». Quinze ans plus tard, le voilà installé avec Marilyne, qui l’a rejoint il y a sept ans. De formation universitaire, Marilyne a longtemps travaillé dans le médico-social et était directrice dans un centre d’accueil médicalisé. S’ils forment un couple au travail et dans la vie, « notre plus belle réussite, c’est notre relation professionnelle. Nous travaillons très bien ensemble et nous sommes polyvalents », confie Olivier.
Le bien-être des animaux…
Avec 45 ha, dont 30 ha de prairies et 15 ha de forêts, la ferme d’Amalthée propose des produits tout doux dans son magasin : écharpes, chaussettes, gants, plaids, couvertures, pulls ou encore pelotes, il y en a pour tous les goûts. Grâce aux 200 chèvres angoras et cachemires élevées en agriculture biologique, le duo propose également une gamme cosmétique à partir du lait des chèvres cachemires. Et le bien-être animal est l’axe fort de la ferme : « on est dans une logique d’agroforesterie et on réfléchit à l’alimentation du bétail. Les céréales sont produites dans un but de production de lait ou de viande, et comme nous avons une activité atypique, notre logique est de conserver l’animal pour qu’il vive le plus longtemps possible. Arrivés à l’âge de 5 ou 6 ans, les chèvres prenaient des cirrhoses. On a donc décidé d’arrêter les céréales bio et de passer à l’épeautre d’Alsace. C’est une production différente, avec une autre fabrication et un coût plus élevé, mais nous n’avons plus de problème grâce à ça ».
En tout, ce ne sont pas moins de 400 kg de laine mohair et 20 kg de fibre cachemire qui sont produits chaque année. « Et nous faisons notre propre foin », ajoute Olivier Cuer. Le couple propose également une offre œnotouristique avec 3 gîtes ouverts à l’année, disposant pour chacun d’une cave à vin mettant à l’honneur les identités beaujolaises.
… et des humains !
Avec cette activité qui allie agriculture et artisanat, « nous sommes polyvalents sur l’élevage et sur la logique de transformation ». Première étape pour la fabrication : la tonte ! « On travaille avec un tondeur de la Loire, qui est également éleveur. Il propose un service de qualité qui prend en compte le bien-être animal et de l’éleveur. Il sait très bien s’adapter pour que l’éleveur et les animaux soient dans un bon état d’esprit. » Si la tonte des moutons peut durer quelques minutes seulement, « pour la tonte des mohairs, on doit prendre son temps, c’est 8 à 10 minutes par animal », apprend Olivier. Suivent ensuite le lavage, le cardage, la filature et la teinture. Ici aussi, l’éthique est au rendez-vous. Marilyne et Olivier ont recours à des teintures naturelles, qui répondent à certaines normes. Pour ce qui est de la fabrication, la ferme d’Amalthée travaille avec un atelier partagé entre éleveurs situé à Castres (81).
De véritables talents… du Rhône !
Élue Talent du Rhône, Marilyne Kapfer vit aujourd’hui de sa passion en élevant des chèvres. « Le fait de mettre en avant Marilyne était très important pour nous, raconte Olivier. C’est surtout grâce à elle et à son implication que l’on utilise des teintures naturelles, que l’on est en agriculture biologique et que l’on a eu recours à l’épeautre pour l’alimentation animale. »
Charlotte Favarel
Informations :
515, route chez Leroux
69 430 Vernay
Le magasin de la ferme sera ouvert la dernière semaine avant Noël, cadeaux tout doux en prévision ! OUvert non-stop les 20, 21, 22 et 23 décembre de 9h à 19h. Possibilité de commander en ligne.
80 % du chiffre d’affaires en trois mois
Avec l’alliance de l’agriculture et l’artisanat, Marilyne et Olivier redoublent d’efforts à une période bien définie de l’année. Entre production, maîtrise des coûts et vente directe, la polyvalence est de rigueur.
En comptant un salarié agricole sur l’exploitation, Olivier et Marilyne prennent parfois des stagiaires. « Vendre nos produits est assez différent, nous ne vendons pas sur le marché local mais plutôt national et international, il faut donc maîtriser les langues étrangères et cet environnement demande d’être vraiment polyvalent. » La bonne tenue de la trésorerie est de rigueur car « il faut compter huit mois entre la tonte et la réception des produits finis », partage Olivier. S’ils s’estiment chanceux d’être en vente directe et de ne pas être dépendants économiquement, « il faut en revanche être aussi bon en élevage, qu’en fabrication et en vente ». La maîtrise des coûts est la pierre angulaire pour avoir une activité saine.
Une quinzaine de marchés et salons
Lors de notre reportage, Marilyne était déjà partie pour tenir un marché de Noël en Alsace. Car c’est là-bas que tout se joue. « Nous ne sommes que deux et il suffit que l’un de nous présente une faiblesse pour que ça complique vraiment les choses. On est sur un business où 80 % du chiffre d’affaires est fait en trois mois. Il ne faut pas être malade à ce moment-là. » Ainsi, du mois d’août à décembre, le duo enchaîne les salons et marchés partout en France et à l’étranger : Agrogast à Hagenthal-Le-Haut (68), le festival Knit eat à Lyon, la foire bio de Gorcy (54), le salon Biobernai en Alsace, le salon bio Valériane en Belgique, Bio & Co à Strasbourg, le salon Marjolaine à Paris, le salon Pari Fermier à Rambouillet, le salon Créations et savoir-faire à Paris, et plusieurs marchés de Noël à Wissembourg, Chantilly, etc. « On fait près de 15 salons en quatre mois, c’est hyper rythmé ».
C.F.