Moissons
Une qualité qui fait défaut

Emmanuelle Perrussel
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Les récoltes d’orge, de blé, de triticale et de colza viennent de se terminer. La pluie a perturbé la saison. Le point sur les différents secteurs du département.

 

Une qualité qui fait défaut

Les céréaliers ont enfin rentré les récoltes cet été. Non sans mal car la pluie a joué les trouble-fêtes notamment en juillet. Il a fallu s’adapter et attendre le retour d’un temps plus clément pour que les cultures aient le temps de sécher avant de passer sous la moissonneuse-batteuse.

En plaine des Chères, Gilbert Bouricand, céréalier à Quincieux et responsable de la section grandes cultures de la FDSEA indique que sur son secteur, les agriculteurs ont démarré les récoltes autour du 10 juillet. « Il a fallu parfois patienter un peu plus car les grains étaient trop humides. D’importantes précipitations sont tombées les jours qui ont suivi. Là aussi, la patience a été de mise. Pour ma part, j’avais moissonné les orges les tout premiers jours de juillet et j’ai repris le 19 pour finir le 24. La plupart des céréaliers ont terminé en ce début du mois d’août de ramasser l’orge, le triticale, le blé et le colza. »

Des blés germés sur plantes

Cette saison 2021 sera marquée par « une qualité très mauvaise. En blé, les plantes n’ont pas trop versé sur le secteur mais les grains ont germé sur les plantes. Certains producteurs ont ainsi perdu 2 ou 3 % de leur récolte de blé et en triticale, ces pertes peuvent parfois monter à 10 ou 12 %. Les pertes sont considérables au niveau du poids spécifique (PS) : 8 à 10 points en moins ! Des blés vont être déclassés en blés fourragers. L’année étant difficile pour la plupart d’entre nous, nous avons demandé à la coopérative d’alléger les pénalités… », ajoute Gilbert Bouricand.

Côté rendement, il est en revanche « correct ». « La perte de poids spécifique l’a fait diminuer. Et on note aussi des données hétérogènes d’une parcelle à l’autre, qui sont corrélées à l’irrigation. En blé par exemple, on a de 50 à 100 q / ha ; en triticale, il est assez moyen compte tenu de la chute importante du PS. En orge, il va de 50 à 80 q/ha. Les colzas ont été pénalisés par les gelées de début avril, la sécheresse de printemps puis les fortes pluies de cet été qui ont fait éclater les gousses. La récolte est en baisse de 30 % environ ».

Les cours sont assez bons cette année mais les céréaliers auront des frais de séchage supplémentaires et ont perdu du prix du fait de la chute du poids spécifique. « Pour les cultures de printemps (maïs, soja, tournesol), l’excès de pluie les a favorisées et on a gagné des tours d’eau. Les récoltes devraient être plus tardives que ces dernières années, mais sont de bon augure. On surveille les relevés des sondes tensiométriques, peut-être faudra-t-il arroser ces prochains jours ? », conclut Gilbert Bouricand.

En val de Saône et en plaine de Lyon

Plus au Nord en val de Saône, Christophe Durand céréalier à Taponas est dépité. « On a terminé les blés ce début août. Avec toute cette eau, la qualité n’est plus au rendez-vous, alors que l’année s’annonçait sous de bons auspices. Des blés ont germé et beaucoup ont versé. Certains endroits, on dirait des prairies ! Pour mes parcelles, j’ai dû passer la faucheuse automotrice avant de moissonner ». En termes de quantités, les agriculteurs du secteur ont récolté entre 60 et 100 q/ha en blé ; en orge, 90 q/ha en moyenne et la récolte est « jolie » et les colzas affichent un rendement situé autour de 40-45 q/ha. « Vivement l’année prochaine », telle est la conclusion de Christophe Durand.

En plaine de Lyon, Stéphane Peillet, céréalier à Saint Priest, dresse lui aussi un bilan mitigé des moissons qui se sont déroulées du 15 juin au 25 juillet, avec des phases de récolte entrecoupées par les intempéries. « Les blés ont germé sur pied ou couchés. La perte de PS est importante et des céréales vont être déclassées. Sur les quantités récoltées, on est entre 70 et 90 q/ha en blé, entre 70 et 80 q/ha en orge et 35 à 45 q/ha en colza. » Pour les récoltes à venir, « les maïs manquent de chaleur et les sojas sont super beaux ».

Rendez-vous à l’automne pour la suite des récoltes.