Post Covid-19
Les coopératives agricoles veulent rebondir

Marie-Cécile Seigle-Buyat
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Dominique Chargé, président de La Coopération agricole, a présenté le 4 juin, une plateforme de propositions (1) intitulée « Restaurer notre souveraineté alimentaire et réussir la transition agroécologique du producteur au consommateur ».

Les coopératives agricoles veulent rebondir

Dominique Chargé, président de La Coopération agricole, a présenté le 4 juin, une plateforme de propositions intitulée « Restaurer notre souveraineté alimentaire et réussir la transition agroécologique du producteur au consommateur ». La crise sanitaire a sévèrement impacté les coopératives. « Il nous faut reconquérir notre souveraineté alimentaire, dans une perspective de relance économique au sein de l’Union européenne et d’accélération des transitions agroécologiques de la fourche à la fourchette », a indiqué le président de La Coopération agricole, Dominique Chargé, lors d’une conférence de presse le 4 juin. Déclinée en 30 propositions réparties en quatre axes majeurs (lire encadré), la stratégie de cette fédération d’entreprises coopératives consiste à retrouver le chemin d’une croissance mise à mal par la « crise sanitaire inédite» que l’ensemble des acteurs agroalimentaires vient de traverser.

Perte de 28 % de CA

Dressant le bilan économique des trois derniers mois, Dominique Chargé a indiqué que la perte moyenne de chiffre d’affaires (CA) était de « 28 % pour les entreprises coopératives ». Parmi les 318 entreprises qui ont répondu à l’enquête interne la Coopération agricole 62 % d’entre elles envisagent une perte de CA supérieure ou égale à 30 %, 27 % à une perte de plus de 50 % et 5 % à plus de 80 %. Les plus touchées sont, d’après ce sondage interne, les coopératives viticoles. Sur le volet social, plus de la moitié (59 %) des entreprises coopératives ont recouru au chômage partiel mais pour seulement 12,9 % de la masse salariale. Si les coopératives céréalières ont été peu touchées (5 %), celles du lin ont nettement plus souffert avec 70 % de la masse salariale en activité partielle. Toutes ont été confrontées à des surcoûts engendrés « par le stockage supplémentaire, les prestations de maintenance et de nettoyage, par le transport, les frais bancaires et les éléments de protection individuelle des salariés », a précisé Dominique Chargé. Ces surcoûts devraient « obérer de plus de 50 % le résultat final des coopératives », a-t-il ajouté.

Fonds de transition agroécologique

Convaincue que la crise du Covid-19 remettra au premier plan l’agriculture et l’alimentaire, la Coopération agricole entend « bâtir une souveraineté alimentaire agroécologique » de la France comme de l’UE pour le XXIe siècle. Concrètement, elle demande la suppression des distorsions de concurrence sanitaires, environnementales et sociales entre la France, l’Europe et les pays tiers. Et s’il devait subsister des distorsions, « alors qu’elles soient compensées », a averti Dominique Chargé. S’il souhaite « réduire la dépendance française aux protéines végétales importées » et « mettre en place des politiques de prévention des risques climatiques dans les territoires », le président a appelé de ses vœux, la création d’un Fonds de transition agroécologique, qui « serait abondé par des entités publiques et des opérateurs économiques ».

S’il se sent en phase avec les principes du Green Deal lancés par Ursula van der Leyen, il s’est interrogé sur certains objectifs : « Atteindre 25 % de surface agricole en biologique est ambitieux. Mais est-ce réaliste ? ». Interrogé sur les éventuels rapprochements qui pourraient naitre de la crise économique post-Covid, le président de la Coopération agricole n’exclut pas que la situation actuelle « accélère la réflexion (…). Dans mon rôle de président, je ne peux que souhaiter que les coopératives se renforcent entre elles pour traverser cette période », a-t-il affirmé, ne niant pas que des « évolutions stratégiques » soient possibles. Les 30 propositions de la Coopération agricole seront présentées, dans les prochaines semaines, au gouvernement, « d’abord au ministre de l’Agriculture, à celui de l’Economie et à celui du Travail, l’objectif étant qu’il remonte au cabinet du Premier ministre ».

Actuagri

Les 4 axes stratégiques

  • Axe N°1 : Renforcer un modèle agroalimentaire compétitif sur tous les marchés pour restaurer la souveraineté alimentaire française et européenne.
  • Axe N°2 : Utiliser les atouts du modèle coopératif pour renforcer la structuration des filières et accélérer la transition agroécologique du champ à l’assiette dans les territoires.
  • Axe N°3 : Financer la décarbonation et les transitions agroécologiques du producteur au consommateur.
  • Axe N°4 : Promouvoir le « produire en France » pour une alimentation saine et durable accessible à l’ensemble des consommateurs européens et au service du développement des territoires.

Téléchargeable sur le site www.lacooperationagricole.coop / rubrique actualités.