Covid-19
Toujours plus d’attentes pour la filière viticole

David Duvernay
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Le ministre de l'Agriculture devait rencontrer ce mercredi les représentants de la filière viticole pour travailler avec eux sur un programme de soutien à la filière. Le rendez-vous a été annulé au dernier moment. Ce qui n'a pas manqué de faire réagir...

Toujours plus d’attentes pour la filière viticole

Mercredi 6 mai, de nombreux organismes professionnels viticoles et du syndicalisme* devaient rencontrer les ministres des Comptes publics et de l’Agriculture. Attendue avec impatience par l’ensemble de la filière vitivinicole, cette réunion a été reportée au début de la semaine prochaine. "La filière vitivinicole regrette ce report de dernière minute qui laisse notre secteur sans réponse face à la crise économique sans précédent que nous subissons. Cette réunion devait être l’occasion d’obtenir des réponses sur les demandes de soutien exprimées depuis plusieurs semaines par la filière et reprises. Nous le rappelons, la crise sanitaire actuelle a des conséquences économiques majeures pour notre secteur : chaque jour qui passe sans réponse aggrave la situation et met en péril la pérennité de nos entreprises et nos territoires. Nous voulons croire que le report de cette réunion permettra au Gouvernement une meilleure prise en compte des besoins de la filière vitivinicole. Nous espérons que ce temps, qui doit cependant être très court, conduira à la mise en place d’un plan ambitieux de soutien et de relance de notre filière et d’une enveloppe à la hauteur des enjeux", ont déclaré les différents organismes de la filière viticole dans un communiqué de presse.

500 millions d'euros demandés

Pour rappel, la filière viticole réclamait des fonds conséquents, au moins 500 millions d'euros, hors du programme national d’aide (PNA), afin de gérer les disponibilités sur le marché à des prix attractifs et à des volumes conséquents : distillation de crise (au moins 3 Mhl pour un budget de 260 millions d'euros incluant les distillateurs), baisses de rendements, vendange en vert, stockage privé, etc. Jusqu’à la fin de l’année 2020, au moins sur la période de fermeture du CHR, la filière souhaite aussi la mise en place d’un plan d’exonération des cotisations sociales des exploitants (AMEXA) et charges sociales patronales (MSA et URSSAF) "pour les entreprises et exploitations si sévèrement impactées par la disparition d’une part importante de leurs débouchés".

"En complément, le Gouvernement doit s’engager pour un soutien à la relance du secteur : payer définitivement les soldes dus aux opérateurs sur la mesure de promotion sur les pays tiers, obtenir une gestion des programmes nationaux d’aide de l’OCM viti-vinicole européenne qui permette un report des crédits non utilisés d’une année à l’autre pour permettre la relance du marché, accompagner l’engagement de la filière pour une relance de la consommation responsable de ses produits - elle ne pourra pas se faire sans une diminution forte des contraintes administratives permettant de continuer à utiliser les aides à la promotion et à l’investissement - et aider à la relance du secteur de la restauration en abaissant sa TVA pour toutes les boissons alcooliques consommées sur place".

 

* Confédération nationale des producteurs de vins et eaux-de-vie de à appellations d’origine contrôlées, Coop de France – Vignerons Coopérateurs, Vignerons indépendants de France, Confédération des vins IGP, FNSEA, Jeunes agriculteurs, UMVIN et le CNIV

Philippe Thillardon : "La vente conditionnée est pratiquement à l’arrêt"

Dans un communiqué de presse transmis par les ODG du Beaujolais et la Fédération des négociants éleveurs de la Grande Bourgogne (FNEB), Philippe Thillardon, président de la Fédération des caves coopératives du Beaujolais, réagissait aux conséquences de la crise sanitaire et du confinement. "La vente conditionnée est pratiquement à l’arrêt sur les circuits de distribution traditionnels et des CHR. Les frontières sont fermées ne facilitant pas les exportations et les embauches de salariés étrangers très présents pour les travaux en vert et la récolte. Les professionnels du Beaujolais ont mis leur force en commun pour endiguer les retombées et créer une solidarité sans faille de toutes les familles, la viticulture indépendante, la coopération et le négoce. Nous demandons également que les entreprises en difficulté soient soutenues mais surtout que notre activité reprenne rapidement dès le 11 mai. Nous devons accompagner les CHR et les cavistes dès leur levée de confinement. Une baisse de TVA sur nos vins vendus en circuit court serait un premier pas. Aider au développement de nos entreprises, c’est maintenant pour survivre demain".