ODG des crus
Rester concentré face aux multiples défis

Charlotte Favarel
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Baisse des ventes et des surfaces, volumes en hausse, nouveaux marchés à conquérir et défis à relever, l’assemblée générale de l’ODG des crus du Beaujolais était dense le 21 février dernier à Villié-Morgon.

Rester concentré face aux multiples défis
Une centaine de personnes était présente pour l'assemblée générale de l'ODG des crus du Beaujolais. CF/IAR

Le 21 février dans la salle des fêtes de Villié-Morgon, Dominique Piron, président du cru morgon, a introduit l’assemblée générale de l’ODG des crus du Beaujolais en mettant en lumière l’importance du terroir : « avec 1 000 ha de vigne, le cru morgon est indéniablement un vin en dehors de mode avec un fond de cave rassurant. Nous faisons de la vente directe à profusion qui apporte une dynamique et une régularité depuis longtemps ».

Volumes en hausse, surfaces en baisse

Côté chiffres des 10 crus, Jérôme Corsin, trésorier adjoint, Maëtte Guldener, nouvelle directrice de l’ODG des crus et Jean-Marc Lafont, président, en ont présenté une partie : « nous avons des volumes supérieurs à la moyenne (268 922 hl en 2023 contre 237 066 en 2022), avec un climat plutôt constant l’année dernière qui a permis une bonne récolte. Les hautes températures d’août et septembre ont poussé la qualité du millésime mais on observe une certaine hétérogénéité entre les différentes exploitations ». Avec une baisse de l’augmentation des surfaces (5 561 ha en 2023, contre 5 676 ha en 2022) expliquée par l’implantation du crémant de Bourgogne, le trésorier adjoint met en garde, « il ne faut pas que nos crus dérapent ». Seuls les crus morgon et saint-amour ont eu un rendement supérieur à 50 hl/ha, avec un rendement moyen des dix crus en hausse atteignant 48,35 hl/ha.

Cette année, les stocks ont connu une diminution, « bien que le fonds de roulement soit resté dans les normes habituelles », avec une réserve de 303 901 hl (au 31 juillet 2023), contre 334 068 hl en 2022.

Recul de la vente directe et conquête de nouveaux marchés

Les chiffres des ventes connaissent une baisse, « une situation décevante alors qu’ils étaient en hausse lorsque les stocks étaient plus limités », remarque Jean-Marc Lafont, qui se déçoit aussi de voir la vente directe diminuer. « Je pensais que tout le monde était d’accord pour mettre l’importance de la rentabilité et de la pérennité des exploitations en avant. Ainsi, il est impératif de se remettre au travail pour conquérir de nouveaux marchés », enchaîne le président. À noter que les ventes négoce s’élèvent à 137 045 hl pour la campagne 2022-2023, (contre 143 077 hl pour 2021-2022 ; et 99 946 hl pour les ventes directes en 2022-2023 (contre 115 076 hl en 2021-2022).

30 % pour la grande distribution, 25 % de vente directe, 25 % de CHR (cafés, hôtels, restaurants), et 20 % à l’export. La vente est en baisse dans tous les secteurs. « Cette tendance à la baisse est plus prononcée sur les marchés anglo-saxons, nous devons tous faire des efforts car les marchés export sont compliqués. Avec la revalorisation de nos vins qui nous a fait changer de catégorie, nous sommes moins présents sur l’entrée de gamme, il faut poursuivre nos actions commerciales », motive Jean-Marc Lafont.

Le dessein d’un bel avenir

Vice-président de l’ODG, Fabien Duchampt a rendu compte de l’avancée du dossier des variétés d’intérêt à fin d’adaptation (VIFA). Appuyée par l’IFV-Sicarex et Caroline Leroux, référente technique à la fédération des caves coopératives, la commission constitue une liste de variétés possibles. « Nous avons donné la priorité aux variétés résistantes aux maladies et tolérantes à la sécheresse, rappelle le vice-président. L’INAO autorise l’inscription de dix cépages, nous n’avons pas voulu tout remplir pour en laisser aux générations à venir, et espérons qu’en 2025, les premiers pieds seront plantés ». Concernant la montée en gamme, cinq crus sont en bonne voie : fleurie a déposé son dossier en novembre, brouilly attend l’avis des référents INAO, moulin-à-vent devrait le déposer en avril, juliénas travaille encore sur la méthode et côte-de-brouilly approfondie le contenu.

En fin d’assemblée, une table ronde sur le thème de « Europe et viticulture, quels enjeux pour les vignerons en 2024 ? » avec l’eurodéputé Anne Sander et Daniela Isa Zandona, secrétaire de l’organisme de défense des vins avec indication d’origine (EFOW) a eu lieu. L’occasion de rappeler l’importance d’aller voter aux prochaines élections pour élire ses représentants qui pourront défendre la profession. En conclusion, le préfet Jean-Jacques Boyer a réaffirmé son attention sur les dossiers des friches viticoles, le logement des saisonniers et les constructions en zone agricole.

Charlotte Favarel