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Graine d'emplois et Agri emploi 69, incontournables pour trouver de la main-d'oeuvre

Simon Alves
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Dans un contexte de pénurie de main-d'oeuvre qui tend à se confirmer en viticulture, des organismes tels Graine d'emplois et d'Agri emploi 69 occupent une place de plus en plus prépondérante auprès des exploitants comme des demandeurs d'emploi. Présentation.

Graine d'emplois et Agri emploi 69, incontournables pour trouver de la main-d'oeuvre

C'est une entité que les viticulteurs du territoire rhodanien com­mencent à bien connaître tant leur action tend à se révéler vitale pour le tissu économique du secteur. Depuis septembre 2016 et sa création, Graine d'emplois se pose comme le guichet unique de l'emploi agricole. « Nous avons ce rôle dans le sens où nous n'allons pas nous-même traiter la demande des viticul­teurs, explique Justine Rollet, chargée de missions emploi, RH et formation chez Graine d'emplois. Nous les renvoyons généralement vers d'autres organismes comme Agri emploi 69 pour être mis en lien avec des demandeurs d'emploi. C'est pa­reil pour ces derniers. » Simplifier l'accès à l'emploi aussi bien pour les exploitants que les candidats, voilà tout l'objectif de la structure développée par la chambre d'agriculture. Pour ce faire, elle peut compter sur ses deux coordinatrices, Justine Rollet donc et Dorothée Piont­kowsky.

Depuis février dernier, elles se partagent le département en deux, l'une se chargeant du Nord et l'autre du Sud. Leur rôle est d'accompagner les exploitants se posant des questions sur leur besoin d'employer des salariés ou non. « Nous allons sur leur exploitation, on échange avec eux, on détermine leurs besoins et on peut rédiger une note d'em­ploi ou une fiche de poste afin de faire le lien avec les autres organismes », poursuit Justine Rollet. Car Agri emploi 69 n'est pas le seul acteur à-même de proposer des solutions. Graine d'emplois travaille aussi régulièrement avec Pôle emploi et les missions locales avec qui la struc­ture peut faire le lien si besoin. Lors de questions liées à la réglementation, les deux employées peuvent aussi rediriger vers la FDSEA 69.

Une présence de terrain 

Mais la mission de l'organisme ne s'ar­rête pas là. Les deux professionnelles prennent régulièrement le relais de la chambre d'agriculture lors des réunions pré-vendanges et des événements où la question de l'emploi est centrale. « Nous représentons toutes les structures qui ont un impact dans ce domaine, ce qui veut dire aussi le Cerfrance, le service de remplacement, les Jeunes agriculteurs ou encore la MSA qui nous a rejoints en 2019, précise Justine Rollet. Tous les quinze jours, Dorothée fait une réunion où elle réunit tous ces organismes pour balayer l'actualité de l'emploi afin que tout le monde ait les mêmes informations. »

L'action de terrain se traduit aussi par des interventions dans les quartiers prio­ritaires de la politique de la Ville (QPV). Graine d'emplois y installe en collabora­tion avec les missions locales des stands afin de sensibiliser les jeunes aux mé­tiers viticoles saisonniers. « Nous faisons le lien avec Agri emploi 69 sur ce projet, détaille Dorothée Piontkowsky. On a un financement afin de placer des personnes issues des quartiers dans les vendanges. Sept exploitations sont identifiées pour un total de 70 ou 80 vendangeurs. » Graine d'emplois met aussi à disposition des na­vettes pour transporter les vendangeurs de Villefranche, Belleville et Tarare sur les exploitations. Job datings, forums de l'emploi, informations collectives ou encore visites d'entreprise : la structure multiplie les actions afin de capter de potentiels candidats.

Agri emploi, la solution intérimaire 

Quand Graine d'emplois s'implique quelque part, Agri emploi 69 n'est jamais bien loin. L'association, créée en 2013, a vu ses missions évoluer au fur et à me­sure. « Au départ, nous faisions de la mise à disposition d'emploi partagé de salariés pour répondre à ce besoin dans l'agri­culture, développe Ugo Minelli, chargé de mission RH. Finalement en 2016 on s'est rendus compte qu'il y avait un fort besoin saisonnier, ce qui nous a poussés à mettre en place des contrats saison­niers. » Dans son fonctionnement, Agri emploi 69 fait presque figure d'agence d'intérim de l'emploi agricole. Lorsqu'un candidat passe par la structure, c'est de cette dernière qu'il devient salarié. L'association le met ensuite à disposition d'un exploitant. « L'exploitant n'a pas à s'occuper de tout ce qui est administratif, ce qui lui offre un gain de temps, poursuit Ugo Minelli. Pour le salarié, il y a aussi des avantages. S'il a un emploi partagé, il a un contrat avec lequel il peut aller chez deux ou trois autres exploitants. »

Même s'il est encore relativement mé­connu, l'organisme parvient de plus en plus à se faire connaître. Par le biais de Graine d'emplois d'une part, mais aussi grâce aux réseaux sociaux que Mathilde Torres, assistante RH, anime. « Les réseaux sont très actifs dessus avec une communauté de bientôt 1000 abon­nés sur Facebook », explique-t-elle. Et l'approche des vendanges se fait sentir puisque les chiffres ne font que monter depuis plusieurs semaines.

Un contexte difficile 

La viticulture représente une grosse partie de l'activité agricole du Rhône. Cela se ressent dans les chiffres d'Agri emploi 69. En 2020, 52,44 % de l'activité globale de l'association concernait ce secteur, soit 166 adhérents (salariés et employeurs). Forcément, la pénurie de main-d'oeuvre s'observe aussi ici, avec plusieurs facteurs pouvant l'expliquer. « Les vendanges seront tardives, par conséquent on perd tous les étudiants, ex­plique Ugo Minelli. La Covid n'aide pas non plus pour les étrangers. Les logements sont aussi de moins en moins proposés et les gens n'ont pas envie de se loger à côté ou en camping. » Agri emploi 69 tente pourtant d'instaurer des dispositifs incitatifs afin de motiver de nouvelles candidatures. « Cette année, on a mis en place un système de cooptation, explique Delphine Valois, qui travaille pour l'asso­ciation. On propose aux candidats 20 euros par personne cooptée s'ils terminent leur formation. On arrive à avoir des personnes par ce biais pour compléter les équipes. » À voir si cela suffira à attirer suffisam­ment de candidats alors que de nom­breux viticulteurs restent en recherche de main-d'oeuvre. Agri emploi 69 a déjà dû refuser des demandes, faute de pou­voir les honorer. L'an passé, la structure avait permis de recruter 366 personnes pour les vendanges.