Vœux de la FNSEA
Une année 2021 entre rebond et vigilance

David Duvernay
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Après une année forte en événements, en tensions et en émotions, la FNSEA qui va fêter cette année ses 75 ans d’existence, entend profiter d’un nouveau contexte géopolitique et réglementaire pour se rapprocher des Français (lire encadré). Mais elle reste vigilante sur les échéances de 2021 comme l’a indiqué sa présidente, Christiane Lambert, lors de ses vœux à la presse, en visioconférence, le 5 janvier.

Une année 2021 entre rebond et vigilance

 Résumant en un mot le bilan de l’année 2020, Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, juge qu’elle a été "anachronique". En témoignent la crise du coronavirus qui a servi de « crash test » à l’organisation agricole elle-même ainsi qu’à toute la chaîne alimentaire ; la réforme de la Politique agricole commune (PAC) qui est parvenue à son terme ; et le plan de relance qui va permettre d’accompagner, à côté du Green Deal européen, la transformation du monde agricole. Surtout "nous avons tenu et nous sommes satisfaits de voir que nous sommes utiles", a déclaré Christiane Lambert qui place l’année 2021 sous le signe des transitions, du rebond et d’un rapprochement avec la société, malgré la crise de la Covid qui empêche la tenue du Salon de l’Agriculture. "Mais nous serons présents à travers quelques événements", a-t-elle indiqué.

Les sujets forts de l’année qui commence seront au premier chef, la souveraineté alimentaire solidaire que la FNSEA entend renforcer à l’image des Légumes de France. Cette fédération se donne l’ambition d’augmenter l’autosuffisance dans ses productions dans les 24 prochains mois et la porter à 60 % d’ici 2 ans et 70 % dans 5 ans. Un objectif "qui suppose une structuration de la filière" et un bon "fonctionnement de la loi Egalim", a souligné Christiane Lambert. Autrement dit, elle juge également indispensable d’améliorer le retour aux producteurs. Comprendre : avoir des prix plus rémunérateurs à la production comme c’est le cas pour certains produits comme le lait ou le porc qui ont permis d’être valorisés à la faveur d’une bonne contractualisation.

"A la hussarde"

La présidente de la FNSEA a également plaidé pour une meilleure cohérence des politiques publiques, tant sur le plan national qu’international mettant en évidence le dossier des néonicotinoïdes où la France a été à deux doigts de devoir importer du sucre de pays qui ne respectaient pas les normes phytosanitaires que l’on imposait aux betteraviers français ! « C’est pareil pour le Phosmet utilisé sur les colzas. Si son autorisation n’était pas renouvelée, la production chuterait, ce qui viendrait en totale contradiction avec l’ambition du Plan protéines », a-t-elle alerté. Très critique sur la tentation déflationniste des grandes enseignes, Christiane Lambert s’inquiète de la baisse des prix : "Ca fait 30 ans que ça dure et pourtant, il n’y a jamais eu autant de précaires alimentaires (…) Or il faut dire que manger a un prix et que l’alimentation a un prix", a-t-elle fustigé. Tout aussi critique est-elle sur la tentative de passage "à la hussarde" du ministère de la Transition écologique sur le dossier “Abeilles”. Par ailleurs, elle a indiqué que la FNSEA reste vigilante sur le déploiement du Green Deal "qui ne doit pas mettre en péril économique nos exploitations", et sur les conséquences du Brexit. "Selon les informations dont nous disposons, on a limité les dégâts", a estimé Christiane Lambert qui va surveiller de près les faits et gestes de Londres. Elle craint que la capitale britannique ne se transforme en "Singapour sur Tamise", c’est-à-dire en plaque tournante pour des produits agricoles et alimentaires étrangers qui prendraient certaines libertés avec les normes européennes mais qui, au nom des accords conclus, pourraient rentrer sur le territoire européen…

Vœux 2021 de Christiane Lambert présidente de la FNSEA

La ruralité au menu de la présidentielle 2022

La ruralité sera un des dossiers que la FNSEA entend présenter aux candidats des élections départementales et régionales de juin 2021 et de la présidentielle en mai 2022. En lien avec une trentaine d’organisations partenaires (Association des maires ruraux de France, Fédération nationale des chasseurs, propriétaires forestiers…), la FNSEA prépare une plateforme pour la ruralité. "Nous la présenterons je l'espère dans le courant du mois de mars, peut-être lors de notre congrès programmé fin mars à Niort (30, 31 mars et 1er avril, ndlr) si le virus nous le permet", a indiqué Christiane Lambert qui a souligné que la France, fin 2020, c’était une nouvelle fois « confinée à la campagne. Parce que les Français aiment la campagne et la ruralité". La FNSEA entend "densifier" ses relations avec les associations et parties prenantes du monde rural.