Syndicalisme
« Il ne faut rien lâcher pour les négociations »

Marie-Cécile Seigle-Buyat
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La FDSEA 69 organise son conseil départemental mardi 9 novembre à Vindry-sur-Turdine. Le syndicat accueillera Jérôme Despey, secrétaire général de la FNSEA. L'occasion pour les participants d'échanger avec lui sur la loi Égalim.

« Il ne faut rien lâcher pour les négociations »

Alors que les négociations commerciales 2022 débutent, les trois premiers décrets d'application de la loi Égalim 2, relative aux relations commerciales dans les filières alimentaires, ont été promulgués les 30 et 31 octobre, un mois avant la date butoir pour l'envoi des conditions générales de vente (CGV), première étape clé de la discussion annuelle entre industriels et distributeurs. L'essentiel de la loi Égalim 2, adoptée définitivement le 14 octobre par le Sénat, entrera ainsi en application dès le 1er novembre, juste à temps pour les négociations commerciales en cours. Les entreprises devront s'y conformer pour établir leurs CGV qui seront envoyées au plus tard le 30 novembre, trois mois avant la fin des négociations le 28 février. Une avancée pour le syndicat majoritaire dont le leitmotiv, depuis la première loi Égalim, qui avait été adoptée par le Parlement le 2 octobre 2018 suite aux États généraux de l'alimentation, reste inchangé : viser une meilleure rémunération des agriculteurs français via des dispositifs de régulation et de transparence. Fer de lance du syndicat majoritaire.

Contractualisation obligatoire primordiale

« C'était capital pour nous de donner davantage de lisibilité aux producteurs et qu'ils retrouvent des prix rémunérateurs pour leurs productions. On s'est toujours trouvé dans une situation où les agriculteurs étaient la variable d'ajustement entre les distributeurs et entre des industriels, dans un rapport de force où il n'y avait pas un équilibre gagnant-gagnant. C'était toujours les filières, l'agriculteur qui pâtissait des négociations qui ne profitaient pas à la production. L'objectif d'Égalim, celui qui prévaut encore aujourd'hui, c'est la capacité de dégager un revenu pour tous les agriculteurs quels que soient leurs modes de production, leurs débouchés… Il s'agit là d'un enjeu essentiel à la compétitivité et à la pérennité de notre agriculture », explique Jérôme Despey, secrétaire général de la FNSEA qui sera présent à Vindry-sur-Turdine le 9 novembre à l'occasion du conseil départemental de la FDSEA 69 qui a naturellement choisi la loi Égalim 2 comme fil rouge de la matinée.
Parmi les trois décrets, deux concernent directement les producteurs : le premier instaure une entrée en vigueur anticipée de la contractualisation pluriannuelle obligatoire pour quatre filières (la filière bovine (jeunes bovins, génisses et vaches allaitantes), les porcs castrés et le lait de chèvre). Une obligation que le secrétaire général salut : « pour nous, il fallait vraiment obtenir que la règle soit que la contractualisation comme la diffusion obligatoire d'un indicateur de coûts de production, de référence par les interprofessions ou l'observatoire de la formation des coûts et des marges soient rendus obligatoires. Sauf si une interprofession bien sûr ne souhaitait pas, pour des raisons quelconques, aller dans ce sens-là. Cet indicateur était un élément qui était pour nous indispensable, pour l'éta-blissement des contrats pour atteindre un objectif essentiel pour nous : avoir un effet sur le prix payé aux producteurs. La grande avancée de cette loi est là : peser dans les négociations. Le fait de rendre la contractualisation obligatoire, le fait d'avoir des indicateurs interprofessionnels ou de l'observatoire sont des éléments de force pour les producteurs alors que les négociations vont s'ouvrir aujourd'hui et devraient durer jusqu'à la fin février 2022 ».

« Il y a encore du travail »

Mais si un premier pas est franchi, le viticulteur et président de la chambre d'agriculture de l'Hérault appelle le réseau à « ne rien lâcher ». En effet, si le cadre réglementaire existe, les agriculteurs doivent tenir la barre lors des négociations. « Nous avons fait un grand pas, tout ce que nous avons demandé sur le plan législatif et réglementaire, nous l'avons obtenu et cela nous permet de protéger les agriculteurs pour pouvoir commencer les négociations commerciales. Pour autant, ce n'est pas parce qu'il y a un cadre réglementaire qu'il n'y a plus rien à faire. La loi apporte de meilleures armes dans la négociation. Il y a aujourd'hui un travail au niveau de nos réseaux. Il ne faut rien lâcher, s'accaparer les outils. Nous devons tenir notre position ! », martèle Jérôme Despey.

Des éléments encore à clarifier

Par ailleurs, si les négociations vont démarrer dans les fermes, d'autres vont être également conduites au niveau communautaire. « Il reste des éléments à caractère européen qui doivent encore être arbitrés », souligne Jérôme Des-pey qui rappelle que la France prendra la présidence tournante du conseil de l'Union européenne le 1er janvier prochain pour six mois. Parmi ces éléments : les clauses miroirs. « Cessons d'importer des produits dont nous ne voulons pas, la mise en place de mesures miroirs est une condition majeure pour y arriver  », écrivent dans une tribune publiée le 25 octobre dans le quotidien le Monde, des eurodéputés français issus des rangs de cinq des principaux groupes politiques du Parlement européen. « Au-delà de l'inscription dans la loi, nous souhaitons que cette distorsion de concurrence disparaisse », soutien Jérôme Despey qui compte sur le semestre de présidence française pour que les choses soient clarifiées.

Infos pratiques

Date : mardi 9 novembre.
Horaire : de 9 h à 13 h (mâchon à 13 h).
Lieu : salle polyvalente de Pontcharra à Vindry-sur-Turdine.
Invité : Jérôme Despey, secrétaire général de la FNSEA.