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Pré-vendanges : un millésime 2021 peu épargné

Simon Alves
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Les deux principales ODG du vignoble ont animé mardi 24 août dernier la traditionnelle assemblée pré-vendanges au lycée agricole de Bel Air à Belleville-en-Beaujolais. L’occasion de faire le point sur le millésime 2021, les conditions de vendanges, les marchés et la problématique de la flavescence dorée.

Pré-vendanges : un millésime 2021 peu épargné

"Ce millésime a mal commencé, et quand ça commence mal, ça continue mal." Non sans un rire jaune, le président de l'ODG beaujolais-beaujolais villages David Ratignier a ouvert cette assemblée pré-vendanges le 24 août dernier dans l'amphithéâtre du lycée agricole Bel Air à Belleville-en-Beaujolais. Inévitable point d'étape de ce traditionnel rendez-vous, le bilan des derniers mois écoulés concernant la santé du vignoble a été sans appel devant une centaine de représentants de la profession et d'élus. « Nous avons commencé par le gel dès le mois d'avril avec une perte de 30 % du potentiel de récolte avant l'arrivée de coups de grêle qui ont fortement impacté certains secteurs dans les beaujolais villages », a déploré David Ratignier. À ces phénomènes déjà bien extrêmes, il a fallu ajouter une pluviométrie supérieure à la normale, forçant l'utilisation de produits phytosanitaires tous modes de production confondus. « Jusqu'à fin juin on était plutôt pas mal et même l'un des plus épargnés sur la pression maladie, mais tout a changé en juillet avec de nouvelles averses qui ont favorisé le mildiou et ravagé des parcelles », a-t-il ajouté, non sans une pointe de dépit dans la voix. Dans un contexte où le vignoble avait particulièrement besoin de produire du vin face à une demande en augmentation et des stocks relativement bas, la pilule passe difficilement. Raison de plus comme l'a précisé le représentant de l'ODG de compter sur le suivi du réseau maturation qui sera « précieux cette année ».

Vendanges au 15 septembre et vigilance réglementaire

« Je vous invite à bien gérer vos maturités cette année et à effectuer vos contrôles, c'est essentiel, le tri sera important sur ce millésime, c'est là que la différence se fera », a pour sa part renchéri Jean-Marc Lafont, président de l'ODG des crus. Ce dernier a aussi rappelé aux viticulteurs qui le souhaitent qu'une demande de dérogation était à l'étude pour pouvoir acheter du raisin afin de compléter le fruit des vendanges à venir. Celles-ci devraient par ailleurs se tenir entre le 15 et le 20 septembre. Jean-Marc Lafont a aussi fait le point sur les conditions de vendanges, notamment sur un plan réglementaire. Sans surprise, comme l'an dernier, les préconisations concernent l'individualisation et la distanciation sur le poste de travail. Les étrangers devront présenter un pass sanitaire ou un test PCR négatif pour rentrer en France.

« Pour ceux qui travaillent avec des prestataires de service je vous invite à être extrêmement vigilants, a prévenu le viticulteur. Quand vous signez des contrats, demandez les numéro de TVA intra-communautaires. Il y a eu des problèmes il y a deux ans et chaque chef d'exploitation est responsable du respect des lois européennes et françaises en termes de main-d'oeuvre. » Jean-Marc Lafont a également insisté sur la nécessité pour les viticulteurs de « se rapprocher d'Inter Beaujolais » en cas de sollicitations médiatiques afin de délivrer des messages plus positifs sur le vignoble malgré les difficultés.

Vin qui manque et flavescence de trop

Le volet commercial de cette assemblée a été aussi l'occasion de confirmer la tendance déjà annoncée par Inter Beaujolais en juillet dernier : le vin va manquer.
« Nous sommes dans une période avec des stocks de vin très faibles alors que la demande dans nos vins est à la hausse dans les grandes surfaces de 10 à 20 % », a pointé David Ratignier. Au 31 juillet, 315 663 hl étaient disponibles pour cette campagne 2021, soit 17 % de moins que l'an passé. Problème, parallèlement à ces bonnes ventes, le chiffre d'affaires des exploitations n'augmente pas. « On a besoin d'une valorisation, a martelé le président des beaujolais-beaujolais villages. Nous allons devoir opérer une hausse de prix. On nous demande qu'elle soit raisonnable, mais les baisses, elles, ne l'ont pas toujours été. Il va falloir être au top, et lisser la qualité de nos vins. On a le droit de gagner nos vies. »

Autre motif d'inquiétude de cette assemblée, la flavescence dorée qui gagne du terrain dans le vignoble. Plus de 30 foyers ont été identifiés en Beaujolais en 2020. Une maladie grave qui appelle à la mise en place de moyens à la hauteur. « On a développé un dispositif offensif de prospection fine dans tout le Beaujolais, a détaillé Jean-Marc Lafont. Nous allons passer de 4000 à 10 000 hectares de prospection. C'est contraignant et dur, mais on n'a pas le choix si l'on veut maîtriser et faire reculer ce fléau. » En ce sens, l'assemblée pré-vendanges a été suivie de divers ateliers, dont un permettant aux viticulteurs présents pour reconnaître les symptômes de la flavescence dorée. D'autres ateliers sur la maturité, la montée en gamme et la valorisation, la modernisation du vignoble, la transmission et l'installation ainsi que la construction d'un bon tarif à partir de la connaissance de son coût de production ont été tenus dans l'enceinte. Les visiteurs ont aussi pu déambuler entre les différents stands mis en place à l'extérieur avec toutes les organisations professionnelles gravitant autour du vignoble.