Eléveurs
Motivés par le ring !

Emmanuelle Perrussel
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Qu’ils soient novices ou confirmés, certains éleveurs ont un attrait marqué pour les concours bovins. Rencontres avec certains qui se tiennent prêts pour dimanche.

Motivés par le ring !

Au Deux-Grosnes, Adrien Devif, âgé de 20 ans installé avec son papa Jérôme au sein du Gaec des Vernes fera ce 5 septembre son baptême du feu au concours départemental, qui a lieu dans le cadre de L’agriculture du Rhône s’invite à Sainte Consorce. Le jeune homme installé depuis un an et demi à la tête d’un troupeau d’une cinquantaine de vaches laitières montbéliardes et de 35 vaches allaitantes charolaises à une courte expérience des rings. « Mon papa n’a jamais été attiré par cet aspect du métier. Les JA m’avait encouragé à participer au concours cantonal de Chénelette en 2019. J’y suis allée avec Jurassienne, une belle montbéliarde qui avait de nombreuses qualités et on a bien fait : elle a obtenu un 3e prix. L’ambiance était bonne, j’ai passé d’agréables moments avec les autres éleveurs ! », indique Adrien.

Depuis, il a bien envie de faire d’autres sorties avec ses vaches. C’est ainsi qu’il sera dimanche à Sainte Consorce avec Nora (1re lactation) et Laponie (3e lactation). « Mon frère Alexis m’accompagnera, voilà quelques semaines que nous les préparons. On leur apprend à défiler sur un ring et surtout à nous écouter. Ça se profile bien. On les a tondues et lavées en début de semaine, on les relavera la veille de l’épreuve. De mon côté, je participe à l’installation et au montage des structures ce jeudi et on amène nos animaux dès samedi », poursuit le jeune éleveur, qui est adhérent aux JA de son canton et adhérent au syndicat montbéliard.

Adrien s’est découvert une passion pour les concours et aurait participé à d’autres s’il avait pu ces derniers mois. « Il faut être patient c’est sûr mais c’est un plaisir de préparer ses vaches, de sortir de son exploitation, de rencontrer d’autres agriculteurs. Moi ça me motive et qui sait en fonction des résultats, on dépassera peut-être l’échelon départemental ! ».

Tombé dedans !

Dans les monts du Lyonnais, Aurélien Bruel est tombé dedans, mais pas quand il était petit. Sa passion pour les concours de vaches n'est en effet pas le fruit d'une transmission familiale ou d'une découverte d'enfance. A 31 ans, l'éleveur du Gaec des Tilleuls à Saint-Clément-Les-Places doit son nouvel amour de la compétition à son associé, Gabriel Blein, 60 ans et un sacré vécu dans le domaine. "Cela faisait 30 ans qu'il avait de l'expérience dans la génétique montbéliarde et quand je suis arrivé ici, j'ai mis les deux pieds", raconte-t-il. Il n'y a d'ailleurs qu'à jeter un œil sur les deux portes de la remise qui jouxte le principal bâtiment d'élevage. Une centaine de plaques de concours les recouvrent presque complètement, les plus anciennes datant de 1988. "J'ai dit à Aurélien qu'une fois que j'aurai fini de décorer ces deux portes, je pourrais prendre ma retraite !" en rigole d'ailleurs Gabriel Blein. Une retraite qui d'ailleurs ne devrait pas tarder, avec l'arrivée prochaine de Benjamin, le jeune frère d'Aurélien, comme associé sur le Gaec.

L'expérience et la passion

Déjà prêt pour poursuivre l'activité d'élevage laitier de 60 vaches, Aurélien s'est aussi forgé de solides acquis concernant les concours. "J'ai effectué mon premier concours lors du comice de Saint-Galmier en 2014 avec mes deux vaches, Colette et Elysée, se souvient-il. Après j'ai embrayé sur le concours départemental de Marcy-L'étoile la même année avec quatre vaches et trois génisses et ensuite on a commencé à faire des prix plutôt intéressants." Un cheminement qui a mené le jeune homme jusqu'à un concours national où il n'a pas reçu de prix mais acquis une belle expérience. Même si cela s'est calmé depuis deux ans, Aurélien présente déjà une quinzaine de participations à son actif. Une vraie passion "vu ce que ça coûte et ce que l'on gagne !" admet-il.

Les concours, un lieu d'échanges et de partage

Un parcours surtout qui lui a permis de s'aguerrir et de progresser dans le domaine. Notamment concernant la préparation des animaux. "Avant on utilisait une tondeuse toute simple et maintenant on a acheté une tondeuse spéciale pour les concours, explique Aurélien. On tond le corps avec un certain peigne et les mamelles avec un autre. On leur passe différents produits pour les mettre en valeur. Ce sont ces petits trucs qui font qu'une vache peut gagner une place." L'autre intérêt des concours pour le jeune éleveur, c'est aussi la rencontre et la possibilité de se montrer. "C'est convivial et on peut échanger avec d'autres éleveurs, mais aussi le public à qui on explique notre métier, apprécie-t-il. Et puis ça permet de se faire connaître." Des aspects qu'Aurélien Bruel retrouvera dimanche au concours de la Fête de l'agriculture, où il emmènera Jakette et Nature, les deux vaches qu'il a sélectionnées pour l'occasion.

Impatients d’être à dimanche

Un avis que partage Jérémie Boucher, associé du Gaec des Sagnes à Longes. Avec ses parents et son oncle, il élève 55 vaches laitières en race holstein et 240 poules pondeuses. C’est à l’âge de 8 ans que Jérémie a vécu son premier concours. « C’était en 1996, lors de la première édition du départemental à Marcy L’Étoile. On avait amené Aubépine qui a remporté le 1er prix en vaches taries, Hockey qui est monté sur le 2e marche du podium et Goélette avec un 4e ou 5e prix », se souvient le jeune éleveur. « Depuis, nous n’avons manqué aucune édition du concours départemental. On a participé à quelques régionaux et plusieurs fois au Show open génisses qui se tenait dans la Loire. On est allé à Cournon aussi en 2004 », poursuit-il. Jérémie se dit « mordu de concours. C’est prenant et j’adore l’ambiance. Voilà trois ans que nous n’avons pas pu en faire et ça nous manque. J’apprécie également l’esprit d’équipe qui règne, on a toujours des collègues qui viennent nous aider ». L’esprit d’équipe est un terme cher à Jérémie qui fait partie du groupe de jeunes éleveurs laitiers « animé » par Jean-François Tardy, aujourd’hui à la retraite et unis autour de la passion pour leur métier et des concours. « On est parmi les cantons avec le moins de vaches mais au concours départemental, on est souvent le plus représenté. Cette année, 10 vaches seront présentes, dont 3 des miennes : Paradis, Névrose et Majesté », conclut Jérémie qui en plus d’attendre avec impatience ce bon moment dimanche entre éleveurs, estime essentiel que les éleveurs puissent montrer aux gens à quel point leurs bêtes font partie de leur vie.