L'essentiel de l'information agricole nationale et internationale de ces dernières heures, à retrouver en quelques brèves.

PSN : une seconde version plus favorable à la bio...
Trois mois après que Bruxelles a envoyé ses observations sur la première version du plan stratégique national (PSN), la déclinaison française de la future Pac, le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau a présenté, ce 1er juillet aux parties prenantes, les principaux arbitrages relatifs à la seconde version. Dans les éco-régimes, la bio bénéficierait finalement d'un niveau spécifique permettant une différence fixe de +30 €/ha par rapport aux autres certifications comme la HVE (Haute valeur environnementale) – la Confédération paysanne demandait +60 €/ha, la FNSEA et la CR proposaient +10 €/ha. Cette nouvelle dotation devrait faire baisser «marginalement» les montants des éco-régimes de base et de niveau supérieur, a expliqué le cabinet du ministre lors d'un point presse. Par ailleurs, la France défendra la possibilité, contestée par Bruxelles, qu'un agriculteur puisse cumuler des aides fléchées vers la bio au titre du premier (écorégimes) et du second pilier (aide à la conversion). La conditionnalité de couverture des sols (BCAE 6) sera appliquée hors des zones vulnérables Nitrates, où elle suivra le principe suivant: une couverture automnale de six semaines sur une période de trois mois, du 1er septembre au 30 novembre.
.. et qui défend une place pour la monoculture de maïs
Conformément aux souhaits de la FNSEA, la conditionnalité de rotation des cultures (BCAE 7) préserve la monoculture de maïs, avec trois voies d'éligibilité: soit justifier d'une rotation «d'une année sur l'autre» (deux ans) pour 60% des surfaces de cultures de plein champ; d'une rotation infra-annuelle (culture principale + couvert) pour les exploitations cultivant plus de 60% de maïs; ou d'une surface de légumineuses supérieure à 15% des terres arables. Au titre de la BCAE 8, le ministre a également étendue la période d'interdiction de taille des haies et des arbres en période de nidification. Actuellement en vigueur du 1er avril au 31 juillet, l'interdiction s'appliquerait du 16 mars au 15 août dans la prochaine Pac. Enfin le coefficient de pondération des haies utilisé dans la conditionnalité, l'éco-régime et la HVE sera le suivant: un mètre linéaire correspondra à 20 mètres carrés, contre 10 actuellement. Enfin les proratas en vigueur pour le calcul des surfaces pastorales seront également défendus par la France.
PSN : la FNSEA « en désaccord » avec les arbitrages de M. Fesneau
Réagissant à la présentation de la seconde version du plan stratégique national (PSN), le 1er juillet, la FNSEA exprime, dans un communiqué, son «désaccord avec les arbitrages annoncés par Marc Fesneau». Le syndicat majoritaire se dit «extrêmement déçu de la position du gouvernement et regrette profondément que la France ne soit pas plus attachée à la défense de ses agriculteurs et de son potentiel de production vis-à-vis de la Commission». La FNSEA estime qu'au travers de cette négociation, le «ministère perd en ambition et en fermeté». Dans le détail, le syndicat déplore un «décalage trop important» entre la bio et la HVE dans les écorégimes ; il estime d'ailleurs que la réforme de cette certification, adoptée la veille par la Commission nationale de la certification environnementale (CNCE), «risque de décourager les agriculteurs». Même l'arbitrage rendu sur conditionnalité (BCAE 7) sur la rotation des cultures ne trouve pas grâce aux yeux de la FNSEA, qui y voit une «dérogation qui cible et stigmatise le maïs n'apporte pas de réponse aux territoires qui n'ont pas la capacité agronomique d'implanter un couvert hivernal». La FNSEA regrette enfin qu'«aucun engagement sur l'obligation de 4% de surfaces non productives inscrites dans la BCAE 8».
PSN : la plateforme Pour une autre Pac revendique de « petites victoires »
A l'issue du conseil supérieur d'orientation (CSO) de présentation de la seconde version du PSN le 1er juillet, le président de la plateforme Pour une autre Pac (Fnab, Confédération paysanne, FNE...), Mathieu Courgeau, a revendiqué «de petites victoires, fruits d'un travail de pression de plusieurs mois» et «salue le changement de méthode» opéré par le nouveau ministre de l'Agriculture Marc Fesneau après son prédécesseur Julien Denormandie. Le PSN dans son ensemble «reste insuffisant», estime toutefois le porte-parole national de la Conf' Nicolas Girod. Parmi les victoires revendiquées par ces organisations: l'obtention d'un écorégime pour la bio, qui «crée une vraie distinction entre avec la HVE», se félicite Loïc Madeline, secrétaire national de la Fnab (agriculteurs biologiques) en charge de la Pac. Ou l'augmentation du coefficient de pondération des haies, un «compromis acceptable», selon Cécile Claveirole de FNE. A l'inverse, la période de couverture des sols est «en deçà de ce que l'on voulait» et le ministre n'a pas augmenté le budget des Maec comme suggéré par la Commission européenne, constate-t-elle. Enfin, Nicolas Girod regrette que «le ministre veuille aller se bagarrer avec Bruxelles pour maintenir la monoculture de maïs» ; FNE parle de son côté d'une «dérogation inacceptable».
PSN : le Paiement jeune agriculteur reste forfaitaire, se félicitent JA et la Conf'
Parmi les arbitrages livrés par le ministre de l'Agriculture pour la deuxième version de son PSN, figure le maintien du Paiement jeune agriculteurs comme une aide forfaitaire et appliquant le principe de la transparence Gaec, se félicitent les Jeunes agriculteurs dans un communiqué le 1er juillet. Un arbitrage qu'a également revendiqué le porte-parole de la Confédération paysanne Nicolas Girod lors d'une conférence de la plateforme Pour une autre Pac. La Commission contestait la possibilité de cumuler ces deux critères, et pour y répondre le ministère avait proposé aux parties prenantes une option de distribution à l'hectare. Les Jeunes agriculteurs saluent également le maintien de l'interdiction de cumuler pensions de retraite et aides Pac à partir de 67 ans. Cette disposition s'appliquera «au plus tard en 2024», a précisé le cabinet du ministre, en raison des difficultés techniques à rassembler les informations provenant de l'ensemble des régimes de retraite existants. Les Jeunes agriculteurs sont en revanche moins favorables aux arbitrages sur la taille des haies et l'agriculture biologique. Ils préviennent que le développement de la bio «ne doit pas se faire sans un réel travail de structuration des filières et du marché, sans quoi, une conversion massive aura des conséquences terribles pour certains agriculteurs comme nous l'observons actuellement».
Blé : rendement moyen estimé à 69,5 q/ha, en « légère baisse » (Arvalis/Intercéréales)
Le rendement moyen du blé tendre est estimé à 69,5 q/ha, en «légère baisse» par rapport à la moyenne décennale, ont annoncé Arvalis (institut technique) et Intercéréales (interprofession) dans un communiqué le 1er juillet. Un niveau en recul de 2% par rapport à 2021, et de 3% par rapport à la moyenne des dix dernières années. Les deux organisations tablent sur une teneur moyenne en protéines de 11,6%, «une valeur proche de la moyenne décennale». «La récolte française de blé tendre devrait être en légère baisse et est marquée par une hétérogénéité inédite», affirme le président d’Intercéréales Jean-François Loiseau, cité dans le communiqué. D’après lui, «cette campagne 2021/2022 a été difficile pour les producteurs, avec des aléas climatiques exceptionnels» (sécheresse, gel, grêle), qui expliquent les variations attendues de rendements. Les blés implantés sur des sols peu profonds ont ainsi «particulièrement souffert du manque de précipitations», rappellent Arvalis et Intercéréales. Néanmoins, «le blé français est au rendez-vous pour répondre à tous les besoins de notre marché intérieur et assurera son rôle à l’international», assure M. Loiseau.
Volailles de chair : vers une baisse de 7 % de la production française en 2022 (Itavi)
Fortement pénalisée par l’influenza aviaire, la production 2022 de volailles de chair est attendue «entre -6 et -7%», a indiqué Simon Fourdin, responsable du service économique de l’Itavi (institut technique), lors de l’assemblée générale de l’interprofession Anvol, le 28 juin à Angers. Une fourchette «optimiste» basée sur l’hypothèse d’une bonne saison des fêtes de fin d’année. Or, il subsiste «un grand point d’interrogation sur la disponibilité en poussins et en canetons», le maillon génétique ayant été très touché par l’épizootie. Le responsable de l’Itavi fait état d’estimations «très contrastées selon les espèces». Les plus touchés par la crise sont le canard à rôtir (-25% sur l’année), la pintade (-19%) et la dinde (-13%), quand le poulet «résiste», à -4,8%. En Label rouge, «il manque un million de volailles mises en place», affirme M. Fourdin. La consommation revient à son schéma pré-Covid (la RHD tire les volumes), mais une inconnue subsiste sur l’impact de l’inflation, alors que la filière a récemment fait passer de fortes hausses. Au niveau de l’UE, la production devrait diminuer de 1% en 2022 (à 13,37 Mtéc), avec une baisse des exportations due à l’influenza, et une progression des importations (suppression des droits de douane sur les produits ukrainiens).
Fruits et légumes : un pic de production précoce plonge le melon dans la crise
En raison d’un pic de production précoce, le melon était en crise conjoncturelle depuis dix jours au 1er juillet, avec un cours inférieur de 29% à la moyenne olympique des cinq dernières campagnes, d’après le Réseau des nouvelles des marchés. «La production des melonnières s’est emballée avec la météo exceptionnelle de mai-juin», explique Marion Mispouillé, animatrice de l’AIM (interprofession). Résultat: des volumes «jamais vus» pour un mois de juin, dignes d’un cœur de campagne (habituellement en juillet), alors même qu’un seul bassin sur trois était présent sur le marché, celui du Sud-Est. Facteur aggravant: en Espagne, la production a au contraire pâti de très mauvaises conditions météo. Après avoir pris «énormément de retard», les melons espagnols ont fini par arriver sur les étals français «groupés sur dix jours en juin», alourdissant encore l’offre. En difficulté depuis plusieurs années, la filière française du melon nourrit de «grandes inquiétudes», sachant que les coûts des intrants flambent «en production comme en station». «Avant la guerre en Ukraine, ils avaient déjà augmenté en moyenne de 30%», rappelle l’animatrice de l’AIM.
Inflation : après les déclarations de M. Leclerc, premier bilan des sénateurs le 20 juillet
À travers son groupe de suivi de la loi Egalim, la commission des Affaires économiques (Coméco) du Sénat va «établir un premier bilan des causes de [l’]inflation le 20 juillet», annonce-t-elle dans un communiqué le 1er juillet. La Coméco compte «accélérer ses travaux», afin qu’ils «éclairent utilement les parlementaires en vue notamment de l’examen au Parlement du projet de loi "Pouvoir d’achat"». La veille, Michel-Édouard Leclerc avait estimé sur BFM TV et RMC que «la moitié des hausses de prix» demandées par les industriels de l'agroalimentaire n'étaient «pas transparentes et suspectes», appelant le Parlement à se saisir du sujet. «J'aimerais bien que les députés (...) ouvrent une commission d'enquête sur les origines de l'inflation, sur ce qui se passe sur le front des prix depuis les transports jusqu'aux consommateurs», avait-t-il expliqué, jugeant que «beaucoup des hausses demandées sont des hausses d'anticipation, voire de spéculation». Une demande qui avait été saluée à gauche, notamment par les députés socialistes Olivier Faure et Boris Vallaud, par l’élue LFI Clémentine Autain, ou encore par les sénateurs du groupe CRCE (à majorité communiste). Ceux-ci avaient demandé la création «d'une mission d'information flash (...) en urgence» sur ce sujet.
Vins de Bordeaux : démantèlement d'un réseau de contrefaçon de « grande ampleur »
La gendarmerie a mené le 27 juin un coup de filet contre un réseau de contrefaçon qui vendait pour du bordeaux du vin bas de gamme, un préjudice estimé à des «centaines de milliers de bouteilles», a annoncé le 1er juillet le parquet de Bordeaux à l'AFP. Une centaine de gendarmes ont interpellé le 27 juin dans le Médoc (Gironde) et dans sept départements une vingtaine de personnes soupçonnées d'avoir pris part à ce trafic de bordeaux contrefaits, dont l'ampleur peut être «évaluée à plusieurs centaines de milliers de bouteilles», a souligné la procureure de la République Frédérique Porterie. Trois de ces suspects, dont le «principal instigateur», ont été présentés le 29 juin devant un juge d'instruction et mis en examen pour «escroquerie en bande organisée et blanchiment», «tromperie sur la marchandise» et «falsification de denrées». Ils ont été libérés sous contrôle judiciaire avec obligation de verser des cautions de 20 000 à 50 000 euros. En enquêtant sur un trafic de stupéfiants, les gendarmes sont tombés fortuitement en septembre dernier sur du matériel de contrefaçon, comme de «fausses étiquettes», a détaillé le parquet dans un communiqué. Selon une source proche du dossier, la contrefaçon ciblait des vins du Médoc de moyenne gamme, plus faciles à falsifier que les grands crus.
UE/Nouvelle-Zélande : tollé des syndicats agricoles, de la Conf' à la CR
Au lendemain de la conclusion d'un accord de libre-échange entre la Nouvelle-Zélande et l'Union européenne, les trois premiers syndicats agricoles le dénoncent vertement chacun de leur côté, notamment sur le thème de la réciprocité dans les normes de production et de la «souveraineté alimentaire». Dans une lettre ouverte, les éleveurs de la FNB (éleveurs de bovins viande, FNSEA) demandent au président de la République de «s'opposer publiquement et sans ambiguïté» à sa ratification. Une demande relayée également par Interbev (interprofession bétail et viandes) dans un communiqué paru le même jour. De même, la Coordination rurale demande de son côté «l'abandon» de cet accord. Dans une communication publiée le 1er juillet, la Confédération paysanne rappelle qu'elle est opposée aux accords de libre-échange et «s'indigne» de cet accord qui suit une «logique du moins-disant social et environnemental». La FNSEA et les JA sont moins offensifs. Dans un communiqué, ils dénoncent l'«incohérence du gouvernement» et annoncent qu'ils seront «vigilants à ce que les secteurs de production sensibles que sont la viande bovine, la viande ovine et les produits laitiers ne soient pas victimes d'importations qui dérèglent les marchés».
Feuille de route influenza : faute d’écoute, la Confédération paysanne publie sa position
La Confédération paysanne a publié le 30 juin ses propositions (élaborées avec le Modef) pour la nouvelle feuille de route sur l’influenza aviaire, dont la version définitive sera «présentée à la mi-juillet», selon le syndicat. Exigeant «une révision complète» de la précédente feuille de route de juillet 2021, les syndicats minoritaires mettent en avant «trois axes», reprenant des positions déjà défendues par le passé. Le premier: «Mettre fin à la claustration obligatoire et systématique sur tout le territoire dès lors que le niveau de risque national est élevé»(notamment retour de la dérogation à la claustration pour les petits élevages plein air). Deuxième axe: «Mieux cibler les mesures à mettre en place», avec un niveau de risque individualisé «au niveau de chaque territoire» et des mesures de biosécurité adaptées à «chaque élevage» en fonction d’une analyse de risques. Troisième et dernier axe: rendre la filière «plus robuste face au risque de diffusion du virus (dé-densification de certaines zones, gestion des flux)». La Conf’ justifie cette prise de position publique par le fait qu’elle n’est «pas conviée» aux débats au sein du Cifog (interprofession du foie gras) et d’Anvol (volailles de chair), alors qu’elle est adhérente.
Peste porcine africaine : le ministère lance une campagne de prévention
Alors que des cas de Peste porcine africaine (PPA) sont recensés en Allemagne et en Italie, le ministère français de l’Agriculture lance une campagne de prévention sur cette maladie, annonce-t-il dans un communiqué le 1er juillet. Déclinée via des spots radio, des affiches sur les aires d’autoroutes et de transports, ainsi que sur les réseaux sociaux, elle vise à «sensibiliser tous les acteurs (professionnels, chasseurs, transporteurs, voyageurs)». La Rue de Varenne invite ainsi les éleveurs et transporteurs à «respecter les règles de prévention et les mesures sanitaires de biosécurité», et à «être vigilants et déclarer toute suspicion de PPA». Les voyageurs et travailleurs saisonniers sont incités à «jeter les restes d’aliments à base de porc dans des poubelles prévues à cet effet et fermées». Quant aux chasseurs et «usagers de la nature», le gouvernement fait appel à leur vigilance et leur demande de «signaler la découverte de sangliers morts» aux DDPP ou à l’OFB (Office français de la biodiversité). Comme le rappelle le ministère, «la France est complètement indemne de la peste porcine africaine et cette maladie animale ne représente aucun danger pour la santé humaine.»
Violences sur des veaux : amende pour Ouest Élevage (Laïta) après une vidéo de L214
La société Ouest Élevage, filiale de la laiterie Laïta (groupe Even), a été condamnée le 1er juillet par le tribunal correctionnel de Brest à une amende de 50 000 euros pour des actes de cruauté envers des veaux révélés dans une vidéo de l'association L214. Deux autres sociétés d'élevage de veaux du Finistère, le Gaec de Restparcou et la SCEA Jestin, poursuivies pour mauvais traitements envers les animaux, ont été relaxées, rapporte l'AFP. Leurs représentants n'avaient pas reconnu les faits lors du procès, qui s'était tenu le 1er avril. Également poursuivis dans cette affaire, l'association abolitionniste L214, ainsi que son directeur des enquêtes Sébastien Arsac, ont été relaxés. Le cofondateur de l'association était poursuivi pour «violation de domicile » et «atteinte à l'intimité de la vie privée» pour avoir diffusé une vidéo montrant les actes de cruauté et les mauvais traitements infligés aux animaux. Dans celle-ci, on voyait de jeunes veaux en train d'être malmenés à coups de pied et de poing, enfermés dans de tout petits enclos ou encore se faire euthanasier car malades ou trop maigres.