Evenement
Bon week-end dans les fermes

Françoise Thomas et Charlotte Favarel
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De ferme en ferme est une opération week-end portes ouvertes qui se déroule fin avril depuis trente ans désormais. Le principe est d’emmener le consommateur dans une découverte des producteurs sur des territoires donnés. Des agriculteurs du Rhône se prêtent volontiers à l’exercice…. 

Bon week-end dans les fermes
Les chèvres angora et cachemire profitent de 50 ha de liberté à Vernay, dans la ferme d’Amalthée.

De Ferme en ferme est née en 1993 dans la Drôme avant de devenir dès l’an 2000 un événement au niveau national. L’opération a ainsi essaimé dans plusieurs territoires et a affiché en 2022 : 200 000 visiteurs partis à la découverte de 596 fermes, dans 21 départements différents, selon 103 circuits proposés. 
Cette année, le Rhône a vu 31 fermes ouvrir leurs portes et être intégrées dans cinq circuits. Les visiteurs sont tout à fait libres de suivre ou non l’itinéraire conseillé, mais ces circuits proposés permettent de repérer rapidement toutes les exploitations d’un même secteur auprès desquelles se rendre. Ce qu’il y a de très intéressant, c’est que de très nombreuses productions sont représentées dans le Rhône. Maraichage, miel, fruits, vins, plantes aromatiques et bien évidemment élevages, de vaches, chèvres, moutons, cochons, poules, etc, étaient à découvrir.

Plus de 1000 visiteurs !

Ainsi Aurélie Colcombet a accueilli les visiteurs dans sa ferme de Lentilly pour leur présenter ses aubracs. Avec ses 40 mères, elle a aussi actuellement les veaux, génisses et taurillons portant à une centaine le nombre de bovins total à voir, plus quelques chevaux. La jeune éleveuse est installée seulement depuis 2020, à la suite de son père, mais signait cette année sa troisième participation à l’opération. Cette année, la météo a clairement donné la tendance : le temps couvert de samedi a drainé 380 personnes (tout de même !) et permis de vendre 50 repas, en revanche « dimanche, le soleil est arrivé vers 11 h, nous avons eu plus de 1200 personnes et vendu 300 repas », a détaillé l’éleveuse, très satisfaite de ce « chouette week-end ». Il faut dire que la présence des animaux a un réel pouvoir attractif ! « Comme chaque année, nous prévoyons un circuit d’environ 1 km permettant d’aller voir les animaux dans les champs, détaille Aurélie Colcombet, il y a aussi une présentation de la ferme et une buvette ». Cette année, la jeune femme a aussi fait venir l’ostéopathe qui intervient sur ses bovins, Alice Pilastre, « pour qu’elle explique son travail, sa façon d’aborder ces animaux ». Tout l’espace buvette, avec possibilité de restauration, était organisé dans son nouveau bâtiment, sage précaution après deux précédentes expériences sous la pluie… Au menu, les incontournables burgers (d’aubrac) accompagnés de frites, jus de fruits et glaces pris chez des producteurs locaux.

Écoulant déjà toute sa production en vente directe, Aurélie Colcombet apprécie véritablement ce contact simple et en toute transparence avec les consommateurs « et cela nous permet vraiment de rétablir les vérités sur notre travail au quotidien et sur la façon dont nous nous occupons de nos animaux ».

Des animations variées

Première participation à De Ferme en Ferme, en revanche, pour Sébastien et Laure Leclerc de la Ferme de Piamot à Genay. « Nous voulions depuis longtemps organiser une journée portes ouvertes, on s’est dit pourquoi pas, pour une première fois. » Le couple a pris plaisir à faire découvrir ses différentes productions au public de plusieurs façons : « nous avons disposé les graines de nos différentes cultures, les visiteurs devaient deviner lesquelles c’était. Dans la partie meunerie, ils ont pu toucher les différentes farines que nous faisons, voir les différences de mouture et découvrir la fabrication des pâtes sèches, avec séchage lent et selon nos différents moules. Dans le poulailler mobile, nous avons organisé le bar à dessin pour les enfants, où des jeux leur étaient proposés ». Les plus jeunes visiteurs ont également pu ramasser les œufs et nourrir les poulets, selon l’heure à laquelle ils étaient présents. Évidemment, l’espace de vente proposait l’ensemble des productions de la ferme entre farine, pâte, œufs, poulets de chair, lentilles, etc. Les près de 1000 visiteurs ont motivé les agriculteurs à renouveler l’opération.

Le plaisir d’observer la nature

Pour sa première année de participation, Ingrid Ruillat, maraîchère à Sainte Consorce à la Ferme des deux ânes, a accueilli plus de 600 personnes ce week-end. « Je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre mais malgré la pluie le samedi, il y a eu beaucoup de monde dimanche. » Si beaucoup de familles avec des enfants en bas-âge sont venus, c’est pour admirer Bergamote, Suzette, Malthus, Fanfan et Isidore, cinq ânes qui aident Ingrid dans son travail de la terre. « Les ânes étaient en liberté, certaines personnes venaient pour le plaisir de caresser, d’autres posaient des questions sur l’exploitation ou sur un projet de maraîchage ou pour adopter un âne », se réjouit Ingrid. La maraîchère a d’ailleurs mis l’accent sur les pommes de terre, « je peux les cultiver de A à Z grâce à mes ânes et la traction, il y en a en terre en ce moment et je les cultive de mars à août donc ça me prend une belle partie de l’année », explique-t-elle. Des coloriages étaient disponibles pour passer une après-midi entière à observer la nature et les animaux, de quoi ravir petits et grands. 

Partager sa passion

Du côté de Vernay, à la ferme d’Amalthée, Olivier Cuer est satisfait du week-end. « On est très content de la qualité de la clientèle. Nous n’étions que deux fermes dans le haut Beaujolais mais nous avons eu du monde, entre 300 personnes le samedi et 600 le dimanche », s’étonne-t-il. L’élevage de chèvres angora et cachemire n’en est pas à son coup d’essai concernant l’événement. Avec presque 200 bêtes qui composent le cheptel, « on a proposé une visite en trois parties. D’abord la découverte de l’élevage et l’explication de notre approche animale. On est en bio, on utilise de l’épeautre pour l’alimentation et pour une meilleure digestibilité. On garde nos animaux jusqu’en fin de vie. Ensuite, on a diffusé un film qu’on a réalisé et enfin, on passe à la présentation de nos produits : pulls, écharpes, chaussettes… le tout, en vente directe ! ».

Françoise Thomas et Charlotte Favarel

À Sainte Consorce, chez Ingrid Ruillat, les ânes en liberté ont fait le bonheur de petits et grands.