Élevage
Italie : réchauffement climatique, comment font-ils ?

Cinquante-cinq éleveurs ont participé au voyage d’étude en Italie du Nord au début du mois de décembre, organisé par Rhône terre d’éleveurs. L’objectif était d’aller voir, outre Alpes, comment les éleveurs adaptent leurs pratiques face aux dérèglements climatiques, et bien sûr aussi de favoriser les liens entre les éleveurs du Rhône. Banco pour les deux !

Italie : réchauffement climatique, comment font-ils ?
Les 55 éleveurs au pied des Alpes italiennes, accompagnés par Colette Darphin déléguée à l’agriculture aux Conseils régional et départemental. (c) RTE

Les cinquante-cinq éleveurs rhodaniens sont partis en Italie avec la curiosité de découvrir comment, dans un pays géographiquement proche de la France, mais soumis à des températures plus intenses, les éleveurs adaptent leur bâtiment, leur fourrage, l’alimentation animale et globalement leurs fonctionnements face aux chaleurs estivales. Après la visite de six élevages laitiers et allaitants, d’un centre d’engraissement, après de nombreux échanges avec les acteurs locaux, l’intérêt d’aller voir ailleurs est confirmé, mais les leçons à tirer ne sont pas si simples. Leurs nombreuses questions ont trouvé des réponses… qui ont suscité d’autres questions…

Le niveau technique semble, sans contexte, être excellent dans ces élevages de type familial XXL avec souvent plusieurs associés familiaux et des salariés. Le modèle est basé sur une optimisation maximale de l’alimentation, un suivi de reproduction très poussé, pour des élevages de tailles conséquentes. En Italie, « le pâturage n’existe pas ! », selon nos interlocuteurs et l’irrigation n’est pas contrainte. Dans la plaine du Pô, la nappe phréatique permet d’irriguer les cultures sans limite et en montagne, les prairies sont irriguées par l’eau des rivières. La baisse de la ressource en eau n’a pas encore eu un effet de masse sur les évolutions des pratiques, mais des techniques d’optimisation de l’irrigation sont actuellement travaillées. L’épandage semble aussi beaucoup moins contraint. Déroutant : les prix des terrains sont autour de 50 000 € ha en propriété ou 800 €/ha en location, voilà qui installe un cadre bien différent de celui que nous connaissons en France !

Unité de méthanisation XXL

Les bâtiments, dont la plupart ont été construits en béton pour des raisons financières, sont équipés de rideaux ouverts 300 jours / an, de ventilateurs, voire de douches et de techniques de brumisation très poussées. L’un des interlocuteurs italiens, Marcello, précisait le fait qu’ils ont beaucoup travaillé sur le bien-être des animaux dans un mode productif et non sur l’environnement, contrairement à nous qui avons fait l’inverse.

La visite d’une unité de méthanisation organisée sous forme de coopérative entre plusieurs élevages nous a aussi permis d’aborder la question de l’énergie. Mais là encore, rien n’est fait dans la demi-mesure : pas moins de 4 unités alimentées par 8 élevages ! La question de l’acceptation sociétale n’a pas eu le temps d’être abordée, dommage…

Nous voulions aussi voir où partent nos broutards. Nous avons retrouvés des jeunes bovins de race limousine provenant de l’Aveyron dans une exploitation à proximité de Turin et des charolaises issues de nos territoires dans un centre d’engraissement de 4000 têtes à Bologne (structure appartenant à un groupe coté en bourse, qui a pour objectif de doubler son volume d’ici quelques années).

De Turin à Bologne, les paysages de la plaine italienne s’étendent à perte de vue pendant des heures ; de rares arbres ou bosquets viennent donner un peu de relief. Ce qui suscite encore des questions sur l’application de l’éco-conditionnalité…

Pendant ces trois jours, les esprits et la curiosité ont été bien nourris ; l’ambiance conviviale a permis d’échanger, de se confronter entre nous et avec les éleveurs italiens rencontrés… et de questionner encore nos pratiques, nos évolutions ou non-évolutions, nos systèmes économiques et d’exploitation.

Un beau projet où chacun a trouvé sa place et son intérêt. Que du bon !

 

Chantal Weber, pour Rhône terre d’éleveurs

La race locale est la piemontaise, mixte. (c) RTE