Brouilly
16 lieux-dits pour une reconnaissance en premier cru

Charlotte Favarel
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Deuxième cru du Beaujolais à déposer son dossier de reconnaissance en premier cru pour 16 de ses lieux-dits, brouilly suit les pas de fleurie dans l’objectif de la montée en gamme. À la mi-janvier, le dossier sera entre les mains de l’INAO.

16 lieux-dits pour une reconnaissance en premier cru
Le dossier de reconnaissance en premier cru pour 16 lieux-dits de brouilly va être déposé à la mi-janvier. © IAR

Déposé à la mi-janvier à l’Inao à Paris, le dossier de reconnaissance de 16 lieux-dits* en premier cru pour l’AOC brouilly est en bonne voie. Sur le même chemin que l’appellation fleurie, qui a déposé son dossier au printemps 2023, la valorisation du terroir s’étend dans le Beaujolais.

Engagé pour plusieurs années

« Le cahier des charges a été voté en assemblée générale en octobre dernier », retrace Emmanuel Jambon, président du cru brouilly. Ce ne sont pas moins de cinq années de travail qui se cachent derrière ce virage de montée en gamme. « Sur les 82 lieux-dits identifiés au départ, nous en avons retenu 16 pour une reconnaissance en premier cru. Nous sommes engagés pour une quinzaine d’années dans ce dossier, car nous partons du principe qu’il faut compter un an par lieu-dit. Il faut passer en commission régionale, puis nationale et ensuite que la commission d’enquête vienne sur le terrain », énumère-t-il. Après cette enquête, « on peut nous faire modifier le nombre de lieux-dits. Si l’INAO juge que nous en avons trop ou que nous en avons oublié au vu de la typicité, c’est amené à être modifié », précise le président du cru. Le nombre de lieux-dits sélectionnés doit avoisiner les 30 % de l’aire totale d’appellation.

En suivant la doctrine de l’INAO, les vignerons du cru ont repris les écrits historiques, « on a retrouvé des documents depuis l’époque de Napoléon ». Il a également fallu recenser tous les prix remportés ainsi que les parutions. « Revendication, notoriété historique, notoriété contemporaine, dégustation et valorisation sont les critères essentiels pour dresser la liste des lieux-dits. Le plus dur, c’est de ne pas prendre position. Nous avons tous effectué ce travail en cachant les lieux-dits lors de la sélection. C’était nécessaire pour rester impartial », confie Emmanuel Jambon. Cerise sur le gâteau (et sans le vouloir), les 16 lieux-dits sélectionnés représentent chacune des communes productrices de brouilly !

Une reconnaissance du travail passé

Créée en 2017, l’association Terre des brouilly représente les appellations brouilly et côte-de-brouilly. Grâce aux recherches géologiques traduites par les cartes Sigales, « on a pu faire ressortir tous les terroirs d’exception, se souvient le président du cru. Il a fallu s’approprier cette carte et reprendre notre manière de travailler en fonction du sol ». Si aujourd’hui le dépôt de dossier représente des années d’élaboration, « c’est surtout une fierté et de la reconnaissance pour tout le labeur effectué par les vignerons, de la sélection des parcelles au travail dans les vignes. C’est aussi une belle récompense de la cohésion entre les vignerons, car sans cela, rien ne se passe. L’effet de groupe entraîne de grands projets et tout le monde a participé à ce dossier ». Cette montée en gamme permettra une valorisation des produits et un véritable moteur pour tous les vignerons de l’appellation. Avec la diversité des sols sur l’appellation, du granitique au calcaire en passant par les pierres bleues, l’objectif du premier cru est de mettre l’accent sur les typicités de chaque lieu-dit.

Et côte-de-brouilly ?

De son côté, côte-de-brouilly n’est pas en reste. « On a volontairement reculé le dépôt du dossier pour mieux travailler dessus. L’appellation est unique de par sa conformation qui est à 360°. Aujourd’hui, nous nous employons à identifier certains marqueurs pour découper l’appellation et être optimal sur la sélection des lieux-dits. Le dépôt de dossier se fera, je l’espère, en 2024. »

Désormais, l’enjeu est de conserver la dynamique impulsée : « on va communiquer, organiser des dégustations et faire parler de nous. Tout le monde est engagé, il est plus facile de mobiliser quand il y a un résultat in fine ». L’élan est donné dans le Beaujolais, le prochain cru à déposer son dossier pourrait être moulin-à-vent à l’occasion de ses 100 ans...

Charlotte Favarel

*Les 16 lieux-dits retenus : Briante, Combiaty, Combiliaty, Garanches, La Chaize, La Martingale, La Perrière, La Terrière, Les Maisons neuves, Marquisat, Pierreux, Pissevieille, Reverdon, Saburin, Saint Pierre, Voujon.

Proposition de cahier des charges pour les premiers crus

  • Un rendement qui ne devrait pas excéder 52 hl/ha (contre 56 pour le cru brouilly).
  • Un degré minimal de 11,5 %, contre 10,5 % pour les brouilly.
  • Une durée d’élevage accrue (le minimum passe du 15 janvier pour les brouilly au 1er juin pour les premiers crus).
  • Une mise en marché décalée au 1er septembre, à la différence du 1er février pour les brouilly.
  • Un engagement collectif pour la préservation du patrimoine (cadoles, murets, murgers, haies).