L'info en bref
Gestion de l'eau, grande distribution, prix du lait, label bas-carbone...

Simon Alves
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L'essentiel de l'information agricole nationale et régionale de ces dernières heures, à lire chaque lundi, mercredi et vendredi dès 9 h.

Gestion de l'eau, grande distribution, prix du lait, label bas-carbone...

Varenne agricole: le gouvernement lance le chantier de la gestion de l’eau

Le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie et la secrétaire d’Etat à la biodiversité Bérangère Abba ont lancé le troisième chantier du Varenne agricole de l’eau, le 1er septembre, sur la gestion de l'eau. Trois sous-groupes de travail ont été présentés qui se réuniront chacun «trois à six fois» d’ici fin décembre, a indiqué le rapporteur et membre du conseil général de l’environnement (CGEDD) Hugues Ayphassorho. Un premier groupe sera chargé d’identifier les leviers pour optimiser le rôle des sols et des infrastructures dans le stockage de l’eau. Il commencera ses travaux le 27 septembre. Un deuxième groupe devra lister les difficultés rencontrées dans la concrétisation des projets de territoire pour la gestion de l’eau (PTGE) et identifier des moyens d’améliorer les processus de concertation. Il entamera son travail le 20 septembre, pour aboutir à la création d’une «boîte à outils» destinée aux porteurs et animateurs de PTGE. «Ce peut être des points techniques, des points relatifs à l’animation- donc à la sociologie de la concertation, à la médiation de conflits, à la formation des différents niveaux d’acteurs, à l’établissement de modèles de documents, à l’élaboration de guides…» a précisé M. Ayphassorho. Le troisième groupe devra établir une feuille de route identifiant les projets structurants sur les territoires à horizon 2050. Il commencera à plancher courant octobre.

Grande distribution: Intermarché et Casino démarrent leur centrale d'achats commune

Les enseignes de grande distribution Intermarché et Casino annoncent le démarrage, le 1er septembre, de leur centrale d'achats alimentaires commune, baptisée «Auxo achats alimentaires». Basée à Massy (Essonne), elle travaillera avec «un nombre restreint de fournisseurs incontournables par la taille et l’implantation, qui représentent individuellement un poids prépondérant dans de nombreuses catégories de produits», d'après un communiqué commun. Sont exclus de son champ d'action les MDD, les «produits frais traditionnels issus de la production agricole», ainsi que les produits de marque nationale «élaborés par des PME ou des entreprises de taille intermédiaire». Auxo sera opérationnelle dès les négociations commerciales annuelles 2022, Intermarché et Casino indiquant avoir «accompli toutes les démarches de notification et d’information auprès des autorités de concurrence compétentes». Bien qu'autonome, la centrale commune est «pilotée» par Intermarché: le président Jean-Baptiste Berdeaux et le directeur Tristan Dupont sont issus de ses rangs, tout comme les «deux tiers» des collaborateurs. Le lancement d'Auxo s'inscrit dans un partenariat plus large entre les deux enseignes annoncé le 15 avril.

Lait: les fabricants de produits frais demandent une hausse de prix de 4 à 6% aux GMS

Alors que vont bientôt démarrer les négociations commerciales pour 2022 avec la grande distribution, le syndicat des fabricants de produits laitiers frais (Syndifrais) pose ses conditions tirées d'une enquête réalisée récemment auprès de ses adhérents. «Pour maintenir l'équilibre économique, nous estimons qu'une hausse de 4 à 6% des prix est nécessaire», affirme leur président Patrick Falconnier, cité dans un communiqué paru le 1er septembre. Les fabricants, parmi lesquels Yoplait ou Triballat, rapportent des hausses de matières premières sur de nombreux postes: le principal est évidemment le lait sur lequel ils constatent «une revalorisation de 15 ct/1000 litres» sur l'année 2021. Mais les autres ingrédients sont également concernés, «jusqu'à 100%» pour certains fruits rouges (framboise, mûre, myrtille), «+5 à 10%» pour la fraise et la cerise, et «+30 à +50%» pour la pêche et l'abricot. L'inflation touche aussi le sucre (+30% en un an) et les emballages (+58% pour le polystyrène). «A la veille des négociations annuelles, plaide Patrick Falconnier, nous appelons solennellement la distribution à une écoute constructive pour assurer la pérennité des acteurs de la chaine de valeur»

Négociations commerciales: la profession agricole répond à Michel-Edouard Leclerc

«C'est inacceptable que les agriculteurs soient les seuls à supporter les augmentations de charges», a lancé le secrétaire général de la FNSEA Jérôme Despey le 2 septembre, quelques jours après que Michel-Edouard Leclerc a dénoncé une «spéculation» sur les prix des matières premières (lire l'Agrafil daté du 30 août). «Les négociations commerciales qui commencent s'annoncent difficiles», a renchéri Christiane Lambert le même jour. Et la présidente de la FNSEA de citer l'exemple des volailles, dont le coût de production «au niveau de la filière» est en hausse de 12,5% sous l'effet de la flambée des céréales, des emballages (plastique, carton), des huiles et de l'énergie. «En face, les distributeurs répondent que ce ne sera pas plus de 2% [de hausse]», affirme-t-elle. Le 27 août, Michel-Edouard Leclerc avait promis sur BFMTV de «castagner les multinationales» et de «ne pas laisser passer les hausses spéculatives». «Non, monsieur Leclerc, la hausse des charges n'a rien d'une spéculation de la part des producteurs de lait», rétorque la FNPL (producteurs de lait, FNSEA) dans un communiqué le 1er septembre, évoquant une «flambée des prix des aliments, de l'énergie, des engrais et des services sans précédent depuis 2010». D'après l'association spécialisée, le coût de production (Ipampa) du lait de vache a augmenté 8,1% sur un an «quand le prix du lait n'a progressé que de 1,5%».

Matières premières: fabricants d'aliments et coopératives tirent la sonnette d'alarme

«Après la hausse exceptionnelle de l’ensemble des coûts de nos matières premières tout au long du premier semestre 2021, nous sommes à cours de solutions», a déploré François Cholat, le président du Snia (fabricants d'alimentation animale), lors de la conférence de presse annuelle de son syndicat le 2 septembre. Au-delà des leviers actionnés sur la formulation et les coûts logistiques, les espoirs des fabricants d’aliments se tourneraient désormais du côté de la loi Egalim 2: «Nous allons mettre en place des indicateurs, dont certains sont disponibles depuis longtemps, comme celui de l’Itavi pour la volaille, de l’Ifip pour le port, ou du Matif pour les céréales». De son côté, la Coopération agricole a apporté son soutien aux fabricants par un communiqué du 2 septembre, en demandant que les surcoûts de production des filières animales soient pris en compte «tout au long de la chaîne de valeur», «une condition essentielle au maintien de revenu de nos éleveurs», selon le président de la Coopération agricole, Dominique Chargé. La tension serait particulièrement forte sur le soja non-OGM. Alors que les primes ont atteint 290 €/t en juin 2021, «le risque de rupture existe dès le mois de novembre», alerte Philippe Mandru, vice-président du Snia, et d.g. de Sanders nutrition animale, demandant au ministère et à l’Inao de «ralentir sur le développement des cahiers des charges non-OGM».

Label bas-carbone: 600 000 tonnes de crédits générés par les premières méthodes

«600 000 tonnes de carbone capté sont à vendre», a annoncé la présidente de la FNSEA Christiane Lambert en conférence de presse le 2 septembre. Alors que 137 000 tonnes avait été générées par le premier appel à projets de France Carbone Agri, les 460 000 tonnes supplémentaires seraient issues du deuxième appel à projets de l'association, mais n'auraient cependant pas encore reçu la validation officielle du ministère de la Transition écologique. Pour l'heure, seules 30 000 et 40 000 tonnes auraient par ailleurs déjà été achetées par des acteurs aussi divers que le Crédit agricole, Chanel, ou le groupe Kering. Après un ralentissement dû au Covid, les acheteurs seraient de plus en plus nombreux à se manifester auprès de France Carbone agri, selon Jean-Baptiste Dollé, chef de service environnement au sein de l’Idele: «Les volumes sont variables, mais nous sentons un véritable intérêt». La méthode en grandes cultures, approuvée fin aout par le ministère de la Transition écologique pourrait à son tour générer un volume important de crédits sur le marché volontaire dès le début de l'année 2022. Lors d'un déplacement en Ardèche le 26 août, Barbara Pompili a de son côté indiqué sa volonté d'aller «à la rencontre des entreprises pour recueillir un engagement à compenser un million de tonnes de CO2 équivalent, soit le bilan carbone annuel de 100 000 Français». En 2020, l'agriculture française a émis 83 millions de tonnes équivalent CO2.

Blé dur: pas de «rupture», ni de «spéculation», assure Intercéréales

Après que les semouliers (CFSI) et les fabricants de pâtes (Cifpaf) avaient alerté mi-août sur un risque de ne pas pouvoir «alimenter le marché mondial» en blé dur, compte tenu de la faible récolte engrangée cet été, l'interprofession française des céréales (Intercéréales) s'est engagée, auprès du ministre de l'Agriculture, «à éviter toute rupture d'approvisionnement». Réunie rue de Varenne le 1er septembre, la filière céréalière a par ailleurs affirmé, dans un communiqué paru le 2 septembre, «que le marché du blé dur, marché de gré à gré, n'est soumis à aucune spéculation et que le prix dépend uniquement des récoltes et des stocks disponibles». Une déclaration qui fait écho à celle, il y a quelques jours, de Michel-Edouard Leclerc qui dénonçait une «spéculation sur un manque de disponibilité du blé et du maïs» et rapportait des demandes de hausses de 23% sur les pâtes. L'interprofession met également en avant que les producteurs de blé dur déplorent des «difficultés spécifiques à cette culture», des «impasses culturales», mais également «l'impossibilité (...) de se rémunérer justement.» En témoigne «l'effondrement» des surfaces en France (-50% entre 2010 et 2020).

Gestion des risques: la FNSEA veut «acter la solidarité nationale» dans le PLF 2022

«Nous voulons que dans le projet de loi de finances (PLF, NDLR) pour 2022, il y ait la ligne prévue pour acter la solidarité nationale» afin de financer la réforme du système de gestion des risques, a déclaré Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, le 2 septembre. Consacrant une large part de sa conférence de presse de rentrée au dérèglement climatique, elle a estimé que le récent rapport du Giec doit «pousser le gouvernement à agir» pour finaliser cette réforme très attendue par la profession. Par ailleurs, le secrétaire général de la FNSEA Jérôme Despey a insisté sur la nécessité de «sécuriser un cadre législatif», car cette réforme implique de «modifier le Code des assurances». La centrale syndicale souhaite une application «le plus tôt possible»: «On parle de 2023», a lancé le viticulteur de l'Hérault. Par ailleurs, la FNSEA demande «qu'une ligne budgétaire soit consacrée à notre secteur» dans le plan d'investissement annoncé le 12 juillet par Emmanuel Macron. Un effort que M. Despey a jugé «indispensable pour accompagner les transitions verte, bleue (énergétique, NDLR) et blanche (numérique, NDLR)».

Syndicats: la FNSEA présentera son projet de réforme interne à son congrès de Niort

Lors de son congrès qui se tiendra du 21 au 23 septembre à Niort (Deux-Sèvres), la FNSEA présentera le projet de «rénovation de son organisation», a annoncé sa présidente Christiane Lambert le 2 septembre devant la presse. Baptisé @FNSEA 2025, ce chantier lancé en 2019 débouchera sur «des propositions en termes de méthodologie de travail, de gouvernance et d'orientation politique». A cette occasion, «nous dévoilerons la raison d'être de la FNSEA», précise Christiane Lambert. Par ailleurs, «le ministre de l'Agriculture sera présent» pour la journée de clôture le 23 septembre, indique l'éleveuse du Maine-et-Loire. Le congrès sera aussi placé sous le signe de la ruralité, partant du constat que «dans les trois quarts des communes, les agriculteurs sont les premiers employeurs», d'après la présidente de la FNSEA. Le syndicat a proposé aux acteurs économiques de cosigner une «plateforme de propositions pour une ruralité vivante et dynamique». Le sujet sera débattu à Niort avec le sociologue Jean Viard, le président de la CPME (petites et moyennes entreprises) François Asselin, ainsi que Dominique Bussereau (ancien président des Départements de France et ancien ministre de l'Agriculture).

Une méthode pour évaluer la valeur de l’exploitation, thème du congrès des fermiers

La recherche d’une méthode pour évaluer la valeur de l’exploitation lors de la transmission sera le thème du congrès des fermiers, qui se tiendra le 9 septembre à Paris, ont indiqué les dirigeants de la Section nationale des fermiers et métayers de la FNSEA (SNFM) le 2 septembre. «Trop de cessions se basent sur la seule valeur patrimoniale, or il faut tenir compte aussi de la valeur économique de l’exploitation», a expliqué Bertrand Lapalus, président de la section. La SNFM cherche à limiter l'inflation des fermes, en tentant de corréler davantage leur valeur à la rentabilité de leur exploitation (valeur économique), plutôt qu'à celle de leur seule détention ou habitation (valeur patrimoniale, résidence). «On a beaucoup de cessions qui sont assises sur la valeur patrimoniale. Du fait de la crise sanitaire, on note une recrudescence des achats de citadins qui veulent se mettre au vert. En vendant un appartement de 80 mètres carrés pour le prix d’une parcelle de 500 000 €, des jeunes agriculteurs ne peuvent pas suivre et ne peuvent donc pas s’installer», a résumé Bertrand Lapalus.

Emploi: 15% des ETP relèvent des nouvelles formes de travail agricole (CGAAER)

Les nouvelles formes de travail en agriculture sont en forte croissance sur dix ans, selon un rapport du CGAAER réalisé en juillet et mis en ligne le 2 septembre. La force de travail (en équivalents temps plein, ETP) mobilisée par les entreprises de travaux agricoles (ETA) a augmenté de 31% entre 2010 et 2019. De même, la force de travail mobilisée par les groupements d’employeurs (GE) et Cuma a bondi de 70%. En parallèle, les formes classiques du travail (non-salariés agricoles, CDI, CDD) ont globalement diminué de 7%. Le rapport note «une forte régression» chez les non-salariés agricoles (-15% d’ETP), mais un rebond chez les salariés en CDD (+27% d’ETP). Ainsi en 2019, les nouvelles formes de travail (ETA, GE et Cuma) représentaient 9,5% des ETP (contre 6,2% dix ans plus tôt). Si l’on prend en compte d’autres situations de travail «plus difficilement dénombrables» telles que l’intérim, le détachement et l’insertion par activité économique (IAE), «les nouvelles formes représentent 15% du total», précise le CGAAER.