Portrait
De l’enseignement agricole à la pépinière

Emmanuelle Perrussel
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Tristan Claudel, ancien directeur de la maison familiale rurale (MFR) de Chessy-Les-Mines, a changé de métier. Il a repris la pépinière Chazottier de Messimy en juillet dernier. Rencontre avec un jeune installé épanoui.

De l’enseignement agricole à la pépinière

Plus qu’une reconversion professionnelle, c’est un projet de vie globale qu’a démarré Tristan Claudel en reprenant la pépinière Chazottier à Messimy. Et ce n’est pas le hasard qui l’a (re)mis sur la voie de la production agricole.

En effet, il y a dix-sept ans, Tristan Claudel a obtenu un baccalauréat professionnel en alternance productions horticoles spécialité pépinière au lycée de Pressin à Saint-Genis-Laval. Il a même été apprenti chez les pépinières Jacquet à Saint Péray en Ardèche. « J’avais déjà l’idée, à ce moment-là, de travailler dans la production agricole puis une opportunité d’emploi dans l’enseignement agricole s’est présentée. Étant issu de l’apprentissage et spécialisé dans la formation pour adulte, j’ai travaillé pendant quatorze ans en tant que formateur et directeur adjoint du lycée de Pressin puis directeur d’établissement à la MFR de Chessy » retrace Tristan Claudel.

Retour sur le terrain

En 2019, il décide de donner un nouveau sens à sa vie professionnelle et quitte l’enseignement agricole pour travailler sur un projet de reprise d’exploitation pendant trois ans. « Lorsque j’étais directeur d’établissement, j’ai été contacté par Philippe Chazottier qui recherchait un repreneur et qui souhaitait que l’information soit diffusée dans notre réseau. De mon côté, je me suis positionné sur cette opportunité de revenir sur le terrain. J’ai alors suivi le parcours à l’installation puis j’ai effectué un stage reprise pendant neuf mois aux côtés de Philippe Chazottier pour m’installer officiellement le 1er juillet 2021 », poursuit le jeune installé.

L’entreprise individuelle a été transformée en société à responsabilité limitée (SARL) et regroupe les parties négoce et production agricole. Tristan Claudel a repris les 2 sites de la pépinière Chazottier : celui de Messimy de 8 ha en pleine terre et hors sol avec 100 % de l’activité commerciale ; et 7 ha à Saint-Laurent-d’Agny en pleine terre puisque Laurent Chazottier cesse également son entreprise. Laurent intègrera la SARL à partir du 1er octobre pour travailler dans un collectif et non plus travailler seul. L’entreprise, fondée en 1919 par Barthélémy Chazottier, était d’abord spécialisée en production fruitière avant que la partie ornementale soit dynamisée dès 1987 par Philippe Chazottier, représentant la 3e génération. « Nous produisons environ 10 000 plantes en pot par an, de l’arbustif à l’arbre tige (photinia, cyprès de leyland, hydrangea, mûrier platane, etc.) et aussi des plants fruitiers. Nos clients sont à 80 % des professionnels, notamment des paysagistes et quelques collectivités locales et 20 % sont des particuliers qui viennent sur place à Messimy les samedis et lundis surtout. Notre activité commerciale est particulièrement intense de mi-septembre à début décembre avec les plantations automnales et hivernales. Un autre pic a lieu en février jusqu’à fin mai avec les plantations de printemps. Le reste de l’année, nous nous focalisons sur les activités de replantation, taille, tuteurage et désherbage », détaille le jeune pépiniériste.

Proximité et qualité

Pour l’heure, l’entreprise compte trois temps pleins dont Tristan et deux salariés : Érick et Raphaël qui sont en place depuis plusieurs années et un temps partiel pour un an (le cédant). Une autre personne intégrera l’équipe à partir d’octobre. « Mes priorités ? Jouer la carte de la proximité et de la qualité, être le plus possible au contact de la clientèle, puis renforcer la production locale et développer celle d’arbres tiges (arbres d’alignement). Dans cinq ans, nous devrons également nous pencher sur la gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences car il y aura des départs à la retraite dans nos effectifs », aux dires du producteur.

Avec ces quelques mois de recul, il ne regrette pas du tout de s’être lancé « dans un projet de vie global réjouissant. Certes, le métier est physique, nous sommes tributaires des aléas climatiques comme les autres productions et la filière est assez mal structurée au niveau logistique mais ces derniers mois ont été florissants pour nous. La crise de la Covid-19 a même boosté l’activité auprès des paysagistes de 30 % et les prévisions pour 2021-2022 sont favorables ! ».