Bois
Indispensable bois

Ils sont 400 000 à en vivre en France, soit autant que dans l'automobile. Et pourtant, la filière reste méconnue. Alors que le bois est notre quotidien, les professionnels sont conscients d'une image à valoriser.

Indispensable bois

Nous devons faire le lien entre la forêt et le lit dans lequel on dort à la maison. L'un de nos objectifs est de faire comprendre au grand public que nous avons besoin de cultiver la forêt et qu'elle demeure une richesse pour le territoire », introduit Douglas Martin, directeur chez Fibois 69, association des professionnels de la filière forêt-bois dans le Rhône et la métropole lyonnaise. « Cette image romantique de la forêt doit faire face aux enjeux de la production bois, de l'accueil du public avec les sociétés de loisirs comme le VTT, la randonnée ou encore la chasse, tout en protégeant la biodiversité. » L'une des premières idées reçues est celle des forêts primaires. « Si un arbre sur quatre en France est un chêne, c'est qu'il date de l'époque romaine. Depuis deux mille ans nous cultivons la forêt. En 1660, Colbert disait déjà que la France périrait faute de bois alors qu'on importait déjà des arbres pour la fabrication de mâts de bateaux », poursuit Dou-glas Martin. Une manière de répondre à ceux qui défendent une forêt naturelle. D'ailleurs, afin de mieux informer le pu-blic du métier de sylviculteur, Fibois 69 a organisé l'été dernier une opération appelée « Vis ma vie de bûcheron. » Les cinq visites de chantiers dans le Beaujolais ont attiré 130 participants.

Une forêt très productive dans le Rhône

Dans le département, c'est un domaine peu étendu (23  %), en dessous de la moyenne nationale (30 %) qui se dessine essentiellement dans le Beaujolais. En revanche la région Auvergne-Rhône-Alpes est la première en termes de marché, avec un chiffre d'affaires total de 660 millions d'euros en 2018. « La production annuelle de bois dans le Rhône est de 600 000 met nous en récoltons 450 000 m, soit deux tiers de ce qui pousse, alors qu'en France c'est la moitié. Notre forêt est donc très productive, avec une récolte qui a été multipliée par deux en dix ans », témoigne toujours Douglas Martin de Fibois69. Une grande partie est ensuite exportée en Allemagne, Italie ou encore aux Pays-Bas, la France produisant à elle seule 60 % du douglas en Europe. Pourtant, elle importe plus qu'elle n'exporte de bois. « Près de 70 % du bois utilisé vient de l'extérieur. Tous les ans, on enregistre un déficit commercial. Aujourd'hui il est de 7 milliards, soit le plus important derrière les hydrocarbures », note Douglas Martin. « On a la matière première mais nous sommes incapables de la valoriser », ajoute Lionel Amin, formateur à la MFR filière bois de Lamure-sur-Azergues (la seule du département) qui compte une cinquantaine d'élèves. Essence principale dans le Rhône, le douglas est un bois recherché : il est résistant, n'a pas besoin de traitement et n'est pas cher. Son prix de vente est estimé à 60 €/m ; transformé, il est alors vendu 450 €/m.

Au centre, Douglas Martin, directeur de Fibois (69)
Au centre, Douglas Martin, directeur de Fibois (69).

Un marché de la construction à développer

Si le marché de la construction bois dans le département demeure assez stable, avec 8 % de l'ensemble des permis de construire - moyenne nationale de 13 % - , une importante demande de logements collectifs, de lycées, d'écoles, de gymnases ou encore de bâtiments administratifs est à noter. La rapidité de construction est alors régulièrement mise en avant. À titre d'exemple, une maison individuelle est levée en deux jours. Bien entendu, l'aspect environnemental est aussi l'un des critères premiers. Mais qui dit bois de construction, pense incendie. « Sur la stabilité au feu, on travaille avec des ingénieurs bois. On est capable de construire des bâtiments qui tiennent au feu plus d'une heure. Les craintes de l'incendie, si elles sont normales, ne sont pas une contrainte », précise l'architecte Thomas Mennesson. Par ailleurs, le CSTB, (Centre scientifique et technique du bâtiment), qui a pour mission de garantir la qualité et la sécurité des bâtiments, accompagne les acteurs dans la conception et la réalisation de projets de construction bois.

Le Département en soutien de la filière bois

Sensible au sujet et premier propriétaire forestier, avec 1800 ha répartis sur onze massifs, le Département a lancé un plan forêt-bois (2017-2021) dont l'investissement s'élève à 600 000 euros. La politique forestière est alors déclinée dans un programme de quinze actions élaborées en concertation avec les principaux partenaires de la filière rhodanienne : le centre régional de la propriété forestière, Fibois69, l'Office national des forêts et la Safer. La plupart de ces massifs sont classés espaces naturels sensibles et sont le résultat d'une politique d'acquisition menée depuis 1933. Ces forêts départementales sont gérées durablement et sont le lieu d'accueil d'un panel d'activités (randonnée, chasse…) dont l'enjeu majeur est la production de bois. Lionel Amin, formateur à la MFR de Lamure-sur-Azergues conclut : « l'image du bûcheron avec une chemise canadienne est dépassée. Aujourd'hui il faut être avant tout un bon gestionnaire. On sait que nous avons un gros travail à faire pour valoriser toute la filière bois ».