Alimentation durable
Une GOOD alimentation pour demain

Charlotte Favarel
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Pour sa deuxième édition, l’événement GOOD, agir ensemble pour une alimentation durable s’est tenu à l’Hôtel de la Métropole samedi 19 novembre. Un rendez-vous grand public qui a pour but de vulgariser les enjeux de demain et notamment ceux du monde agricole. 

Une GOOD alimentation pour demain
Une trentaine d’exposants étaient présents pour faire connaître un autre type d’alimentation et reconnecter les visiteurs à la terre.

Si la première édition s’était tenue à la Cité de la gastronomie dans l’enceinte de l’Hôtel-Dieu, changement de décor cette année. C’est à l’Hôtel de la Métropole que les visiteurs ont participé à cette journée sur l’alimentation durable. Cycle de conférences, ateliers et démonstrations culinaires appréhendaient tous les enjeux liés à l’alimentation durable, en plus de mettre l’eau à la bouche.

« C’est un événement grand public, le but est de faire connaître ce qu’est l’alimentation durable et comment chacun peut y participer », rapportait Émilie Barbier, responsable du pôle territoires, environnement et société à la chambre d’agriculture du Rhône, qui faisait partie du comité de programmation de l’événement. « Cette année, l’objectif est de donner la parole aux producteurs pour qu’ils expliquent concrètement leur quotidien et faire comprendre comment ils intègrent cette notion d’alimentation durable dans leurs pratiques », a-t-elle précisé.

Les agriculteurs nous parlent d’alimentation durable

Trois témoignages d’agriculteurs venant d’exploitations toutes aussi différentes les unes que les autres étaient au programme.

Le Gaec Le Boule d’or, à Curis-au-Montd’Or fait du maraîchage biologique diversifié et en vente directe. Il se dirige vers une orientation sol vivant. « Le but était de donner des exemples pratico-pratiques de lutte intégrée pratiquée par l’exploitation et de la technicité du métier notamment en matière de connaissance des sols. Le grand public ne connaît pas forcément le lien entre la culture et la typologie des sols, et c’est important de saisir qu’on ne cultive pas n’importe quoi n’importe où », illustrait Émilie Barbier.

L’EARL Jama Laby à Brignais, représenté par Véronique Laby, éleveuse de vaches limousines avec 60 mères est venue parler de son modèle tout herbe « Les animaux sont dehors toute l’année, il n’y a pas de bâtiments, c’est de l’élevage extensif. Véronique a aussi abordé l’attachement des éleveurs à leurs animaux », précisait Émilie Barbier. L’EARL qui pratique la vente directe à la ferme a également pu évoquer les adaptations de son exploitation face aux changements climatiques et notamment l’achat de luzerne à des céréaliers du département.

Le Gaec Grains d’Ozon, où deux agriculteurs associés et presque deux salariés temps plein cultivent diverses céréales : blé, orge, triticale, avoine, colza, tournesol, féverole, pois chiches, soja, maïs, luzerne, pommes de terre… En agriculture biologique, ils transforment sur place avec la fabrication de farine et de pâtes. Leurs produits sont commercialisés via une coopérative pour les céréales. C’est Romain Longefay qui est venu parler des éléments qui conditionnent les choix des agriculteurs « L’objectif est de faire comprendre comment une exploitation fait ses choix : choix éthique, choix agronomiques et techniques mais également choix économiques. Une exploitation, quels que soit sa taille ou son mode de conduite demeure une entreprise qui ne peut faire l’impasse sur sa rentabilité sous peine de disparaitre. L’exploitant doit tirer un revenu des cultures et en vivre. Romain, avec l’exemple des lentilles sur son exploitation, a mis en avant la nécessité que l’alimentation durable soit aussi rentable », observait la responsable.

Une seule santé, la santé globale

S’inspirant de l’initiative One Health, qui voit de manière holistique la santé publique, animale et environnementale, Michel Duru, directeur de recherche à l’Inrae a complété ce cycle de conférences. « On parle souvent de l’agriculture et de ses impacts négatifs mais il y a aussi des impacts positifs de l’agriculture. Stockage carbone, impacts sur la santé, le paysage… Michel Duru montre qu’il faut penser l’agriculture comme un tout. L’agriculture doit encore évoluer, il y a 9 milliards d’êtres humains et on n’arrivera pas tous à les nourrir avec notre système actuel. Il faudra faire évoluer les pratiques agricoles mais également changer les nôtres en tant que consommateurs. Et il faut que tout le monde en prenne conscience, l’agriculture ne pourra pas évoluer toute seule. Les consommateurs ont un rôle à jouer », relatait-t-elle.

Une cuisine facile et de saison

Pour montrer que cuisiner de saison n’est pas un casse-tête, le chef Christian Têtedoie a fait une démonstration autour du panais. « L’alimentation durable ce sont des produits sains, locaux et de saison, pas de gaspillage alimentaire et ça passe aussi par la cuisine. Ne pas jeter, ou si on jette, valoriser avec le compostage », observait Émilie Barbier. D’autres démonstrations montraient comment cuisiner les légumineuses. Des ateliers permettaient d’interéagir avec le public sur des questions pratiques comme décrypter les étiquettes, qu’est-ce que le nutri-score, etc.

Quels freins et leviers pour une alimentation durable ?

« Dans le département du Rhône, nous avons la chance d’avoir une grande diversité de productions et un bassin de consommation très important. Le sujet de l’alimentation durable est présent sur les exploitations depuis un moment maintenant, tant sur les questions des pratiques agricoles, que sur les circuits de commercialisation et maintenant de transport », observait la responsable. GOOD permet de reconnecter les personnes avec la saisonnalité, les produits, les prix et la terre. « Il y a un regain d’intérêt sur le local depuis la Covid et GOOD permet de rappeler des choses simples : choisir un produit de saison et local est plus important que de choisir un produit bio importé de l’autre bout du monde. Il faut expliquer le métier, les enjeux, la saisonnalité aux consommateurs mais surtout créer ou recréer du lien avec le monde agricole », concluait Émilie Barbier. Il reste de grands défis pour l’agriculture, le plus grand étant le renouvellement des générations agricoles.

Charlotte Favarel