Élevage
Inséminateur, un sacerdoce !

Emmanuelle Perrussel
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Depuis 1995, David Bonnier sillonne le secteur d’Amplepuis pour aider les éleveurs à améliorer la qualité de leur troupeau. Il exercera bientôt sa passion dans une autre région. Rencontre.

 

Inséminateur, un sacerdoce !

C’est son attachement à la terre et à ses racines, aidé par le hasard d’une rencontre qui ont conduit David Bonnier à embrasser une carrière d’inséminateur chez XR Repro dès 1993. « J’ai obtenu un BTA au lycée de Ressin dans la Loire et j’ai été élevé dans le monde agricole puisque ma grand-mère et mon oncle avaient des vaches dans les monts du Lyonnais. J’ai travaillé chez des éleveurs de chèvres et de moutons et fait un peu de transformation fromagère avant d’être inséminateur », raconte David Bonnier.

Son métier actuel, il l’a découvert en donnant un coup de main à un inséminateur des monts du Lyonnais en fin de carrière. « Il m’a expliqué en quoi cela consiste, le fait de travailler seul, d’être assez libre et indépendant m’ont beaucoup plu. Je me suis ensuite renseigné auprès de Lucie Perrin, secrétaire de direction de la coopérative d’élevage du bassin lyonnais (CEBL). J’ai postulé et on m’a rappelé la veille pour le lendemain matin. C’est ainsi que je me suis retrouvé dans une station d’évaluation de jeunes veaux à La Motte Servolex en Savoie pour quelques semaines, je suis ensuite revenu dans le Rhône à la taurellerie de Bel Air à Francheville pour deux mois. Yves Senlis, un inséminateur de la coopérative XR Repro m’a appris à inséminer, j’ai pu ensuite passer mon certificat d’aptitude aux fonctions de technicien d’insémination (Cafti) en 1994 et j’ai succédé à André Rollin sur le secteur d’Amplepuis en mars 1995…. », poursuit l’inséminateur.

Un métier qui a évolué

Le quotidien d’un spécialiste de la reproduction animale assistée est rythmé par l’apport de conseils aux éleveurs du secteur (bovins lait et viande), une aide pour planifier les périodes de fécondation et le rythme des naissances selon les besoins de l’exploitation. L’inséminateur utilise toutes les connaissances scientifiques pour sélectionner les meilleurs reproducteurs et améliorer ainsi la qualité du troupeau. « Ce métier a beaucoup évolué en vingt-cinq ans : en 1995, on s’occupait uniquement de l’insémination de la vache, puis s’est rajouté le constat de gestation, au départ manuel pour ensuite se faire par échographie. Les techniques de suivi de la reproduction ont considérablement changé pour devenir plus précises. On s’est adapté à la demande des éleveurs, en fait on a avancé ensemble, main dans la main ! », tient à souligner David Bonnier.

Celui-ci adore son métier et le voit comme un véritable sacerdoce. « Je travaille auprès de 45 élevages, soit 3300 vaches dont 600 de races allaitantes. Chaque éleveur a ses particularités, sa manière de procéder. La plupart sont mes amis. Il faut dire que je passe chez eux presque aussi souvent que le facteur ! », précise-t-il avec humour. 

David Bonnier a noté que lorsqu’il insémine une vache, il est rarement seul et presque toujours accompagné par l’éleveur. « C’est assez atypique et cela montre que nos rapports sont chaleureux, on parle de tout et de rien. » 

Vers d’autres horizons

Il n’empêche qu’après vingt-six ans passés sur le secteur, David Bonnier a envie de voir autre chose, pour des raisons professionnelles et privées, il s’en ira vers d’autres horizons en juillet prochain. Il sera toujours inséminateur spécialisé en élevage laitier mais dans le Sud-Ouest du Morbihan. Voilà quelques semaines qu’il s’attache à passer le flambeau à Romain Lefèvre. 

Avec le recul et cette belle expérience, il ne peut cependant s’empêcher de s’inquiéter pour l’avenir du métier : « dame nature ne nous fera pas de cadeau, on voit bien que le climat de plus en plus chaud rend l’élevage difficile. Les éleveurs sont de moins en moins nombreux, les troupeaux grossissent et une certaine concurrence apparait. C’est important que les gens, qui comme nous côtoient les éleveurs, puissent leur apporter un œil extérieur et les pousser à se poser des questions sur leur système », conclut David Bonnier qui manie aussi bien l’humour que le franc-parler, en plus de ses compétences techniques.

 

 

 

 

 

 

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