Val de Saône
Des bandes fleuries fort utiles

Emmanuelle Perrussel
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Le projet Fleuri’Val des agriculteurs du Val de Saône a été lancé vendredi 22 octobre à Quincieux. L’idée est d’impulser une dynamique autour des ressources mellifères qui pourra être reprise sur d’autres secteurs.

Des bandes fleuries fort utiles

C’est devant de nombreux partenaires actuels et potentiels que le projet Fleuri’Val a été lancé officiellement vendredi 22 octobre depuis une parcelle de Gilbert Bouricand, céréalier à Quincieux.

Cinq agriculteurs des communes de Quincieux, Les Chères et Ambérieux d’Azergues et l’association Semons l’avenir se sont entourés d’autres partenaires* afin de développer ensemble leur idée de création de ressources mellifères sur 30 ha.

Ce projet, de trois ans pour un montant de 50 000 €, s’articule autour de trois grands enjeux : environnemental, territorial et sociétal. Au niveau environnemental, le but est d’implanter des bandes fleuries afin d’augmenter la ressource nectarifère pour les insectes pollinisateurs sauvages et les abeilles. Aux dires de Danny Lebreton de l’association Arthropologia, « cette action va dans le sens de la reconquête de la biodiversité où chacun trouve son intérêt. Il faut par exemple noter que les pollinisateurs sauvages (coléoptères, papillons, hyménoptères…) assurent la pollinisation d’une très grande partie des cultures ». Un apiculteur de l’Ain donnait son ressenti sur ce type de pratiques qui existent depuis près de vingt ans dans son secteur : « j’ai vu la différence sur mon cheptel qui profite du nectar issu de cette grande diversité d’espèces et de la floraison de ces couverts à des périodes pendant lesquelles il n’y a pas de fleurs naturelles ! ».

Services environnementaux

Sur le plan territorial, Fleuri’Val devrait permettre de développer des partenariats locaux agriculteurs-apiculteurs et agriculteurs-entreprises. « Cela pourrait prendre la forme de contrats de prestation de services environnementaux entre des financeurs locaux et des agriculteurs qui choisissent ensemble de s’engager dans des projets en faveur de l’environnement. Pour les exploitants, c’est un moyen de diversifier leurs revenus, en valorisant leurs pratiques favorables à l’environnement. Pour les entreprises, c’est une solution pour les accompagner dans leur politique de responsabilité sociétale et environnementale (RSE), de mécénat, de compensation environnementale… », a souligné Édith Bruneau, chargée de mission Dunater.

Enfin, au niveau sociétal, ce type de pratiques, aussi bon pour l’environnement qu’agréable à regarder, répond aux attentes des riverains. Sachant que ces ressources mellifères sont soit implantées en lieu et place des zones de non-traitement à proximité des habitations, soit en interculture dans les champs.

Appel aux partenaires

De leurs côtés, les agriculteurs trouvent leurs intérêts, c’est ce qui a été démontré par la visite des différents essais de mélanges mellifères conduits par Gilbert Bouricand. Cécile Josserand, de la coopérative Oxyane, a commenté les 2 types de mélanges utilisés : ceux qui sont destinés aux zones situées le long des habitations, qui devront surtout être favorables à la biodiversité et qui restent en place sur la durée et ceux qui sont prévus en intercultures, avec un intérêt agronomique en plus de celui pour la biodiversité. « À chaque fois, la diversité des espèces est recherchée car le but est bien d’avoir des ressources floristiques étalées dans le temps. Ces couverts composés d’associations d’espèces telles que par exemple trèfles, radis, mélilot, vesce, phacélie, bourrache, sarrasin… sont également intéressants au niveau du lessivage de l’azote et du sol puisqu’ils le structurent et le nourrissent également les organismes qui y sont présents », a ajouté la spécialiste. Il a ensuite été question de la destruction de ces couverts (voir dans une prochaine édition.)

« Ces actions renvoient une bonne image de l’agriculture car on ne communique pas assez, l’appel est lancé auprès des partenaires pour que cette dynamique essaime plus largement et parce que faire évoluer nos pratiques a un coût », a commenté Pascal Girin, le président de la FDSEA. Pascal David, le maire de Quincieux en a profité pour réaffirmer « son soutien à tous les agriculteurs, qu’ils soient conventionnels ou biologiques, l’agriculture a beaucoup évolué ces dernières décennies et doit le montrer ! ».