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Fruits et légumes

Une initiative typique de l’anti-gaspillage

L’entreprise Atypique, basée à Brignais et à Paris, s’est fixé pour mission de valoriser les fruits et légumes déclassés, en collaboration avec les producteurs de la France entière. Rencontre avec Simon Charmette, cofondateur d’Atypique.

Par Emmanuelle Perrussel
Une initiative typique de l’anti-gaspillage
IAR-EP
L’entreprise Atypique, basée à Brignais et à Paris, s’est fixé pour mission de valoriser les fruits et légumes déclassés

Les chiffres du gaspillage alimentaire sont édifiants. D’après l’Ademe, au niveau de la production, ce serait en moyene1,3 million de tonnes de produits qui seraient gaspillés chaque année, ce qui représente environ une semi-remorque toutes les dix minutes jour et nuit !

Parallèlement, des initiatives fleurissent pour trouver une valorisation à ces fruits et légumes déclassés, les « moches » comme on les appelle parfois qui ne rentrent pas dans les standards des cahiers des charges des circuits traditionnels. Trop petits, à l’aspect bizarre, tordus, irréguliers… Si les producteurs qui pratiquent les circuits courts et la vente directe parviennent plus facilement à leur trouver des débouchés, c’est moins le cas pour les producteurs plus spécialisés.

Des débouchés pour les produits déclassés

C’est là qu’intervient l’entreprise Atypique. Basée à Brignais dans un entrepôt de la société Stef, elle est née en 2021 de l’idée que des débouchés existaient pour ces produits déclassés. « Je suis fils d’agriculteurs en Ardèche. Mes parents produisaient des pommes de terre et des châtaignes, ils étaient eux-mêmes confrontés à ces problèmes d’invendus. Par exemple, les pommes de terre avec un défaut d’épiderme étaient soit laissées au champ, soit données aux cochons, c’était la même chose pour les châtaignes. Parfois la part de ces produits impossibles à commercialiser via les circuits classiques représentent entre 30 et 40 %, ce qui est une perte considérable sur une exploitation », détaille Simon Charmette, ingénieur de formation et cofondateur d’Atypique, aux côtés de Thibault Kibler.

Depuis sa création, Atypique poursuit 3 objectifs. Le premier est de lutter contre le gaspillage alimentaire. Le deuxième est de soutenir le travail des producteurs en leur permettant de trouver des débouchés à ces produits peu ou pas valorisés. Le troisième est de rendre une alimentation de qualité accessible au plus grand nombre. « Les trois-quarts de nos clients sont des professionnels de la restauration qui approvisionnent la restauration hors-domicile : Ehpad, hôpitaux, cantines scolaires, restaurants d’entreprise… Avec 50 % de nos produits en agriculture biologique et plus de 40 % qui arborent un label (Haute valeur environnementale…), on encourage nos clients à faire le choix de produits de qualité à un prix raisonnable. Je pense aussi qu’on contribue à sensibiliser les gens sur le fait que même si une cerise est bizarre en apparence, elle est tout aussi bonne qu’une cerise classique », poursuit Simon Charmette.

120 producteurs et coopératives

Avec en moyenne une dizaine de tonnes à l’entrepôt de Brignais, ce sont, chaque jour, des dizaines de palettes de produits qui entrent et qui sortent. Les producteurs et coopératives, 150 dans toute la France, acheminent leurs produits déclassés par le même circuit que pour leurs autres denrées. Quant aux clients, ils commandent en ligne sur la plateforme de l’entreprise Atypique. Celle-ci s’occupe de la livraison des produits. « Les prix avec les producteurs qui nous livrent sont établis de gré à gré. Il n’y a en effet pas de contrat et il n’existe pas de cours de marché des produits déclassés. L’idée de base est évidemment de leur proposer un prix intéressant pour eux et qui restent raisonnables afin que nos clients aient un intérêt à collaborer avec nous. Depuis sa création, Atypique a pu valoriser 6000 t de denrées et a reversé 6 millions d’€. D’après un sondage réalisé auprès des producteurs qui travaillent avec nous, il ressort que 80 % d’entre eux ont modifié peu à peu leurs méthodes de récolte, de tri, de conditionnement voire même de culture pour pouvoir valoriser le maximum de produits hors cahier des charges », précise le cofondateur d’Atypique.

Dans le cas où toute la marchandise n’aurait pas trouvé preneur, Atypique a aussi ses contacts pour faire don de produits aux plus démunis, via Solaal entre autres.

Emmanuelle Perrussel

Plus d’informations sur www.atypique.eco ou par mail à [email protected]

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