Accès au contenu
Vétérinaire

Le milieu rural lui tend les bras

Éloïse Lorrain, vient de terminer ses études à VetAgro Sup à Marcy L’Étoile et elle souhaite embrasser la carrière de vétérinaire rurale. Rencontre.

Par Emmanuelle Perrussel
Le milieu rural lui tend les bras
Eloïse Lorrain
Pour la jeune vétérinaire, travailler dans le milieu rural, permet de créer une relation profonde, forte et enrichissante avec l’éleveur.

Dans les yeux d’Éloïse Lorrain, on sent la détermination et la passion. Cette jeune femme dynamique, rencontrée cet été sur le campus de VetAgro Sup à Marcy L’Étoile, vient de terminer ses cinq années d’études pour se lancer dans le métier de vétérinaire en milieu rural.

Originaire du Nord-Pas-de-Calais, elle n’est pas issue d’une famille d’agriculteurs puisque ses parents sont professeurs mais depuis longtemps, elle ambitionne d’exercer une profession en lien avec le vivant et la campagne.

Après un bac S, elle a suivi trois années de classe préparatoire en biologie (BCPST) à Lille avant d’obtenir le concours d’entrée à VetAgro Sup. « Les trois premières années, on est davantage sur la partie théorique et on a aussi quelques stages, par exemple en élevage laitier mais à partir de la 4e année, on se forme à la pratique à la clinique de l’école, que ce soit en rural, en équin et en canin. Pour la 5e année, on choisit une spécialisation parmi les 3 précitées. Pour ma part, je me suis orientée sans hésiter vers la rurale pure avec dix-sept semaines de stage dans plusieurs cliniques. Certains choisissent la formule tutorée, un peu comme une alternance, ils font leur stage de dix-sept semaines dans une seule et même clinique », explique Éloïse.

Des liens privilégiés avec l’éleveur 

Pour elle, travailler avec les animaux de compagnie signifie être souvent « enfermée » alors que travailler dans le milieu rural, lui offre la possibilité de créer une relation profonde, forte et enrichissante avec l’éleveur. « C’est une relation entre professionnels où la confiance s’instaure. On va sur leur zone de travail, on rencontre leur famille… », énumère la jeune femme qui aime soigner les bovins individuellement ou en troupeau. « Pratiquer une césarienne sur une vache, c’est vibrant. Tout comme prendre sa voiture et sillonner la campagne de ferme en ferme. De plus, il est possible de développer différents services auprès des éleveurs : suivi de reproduction, audit qualité du lait, audit bâtiment… Cette partie du métier est très diversifiée », poursuit-elle.

Éloïse Lorrain a effectué des stages variés : en Bretagne, dans l’Allier, la Creuse, l’Ain et le Jura, le Nord ou encore les Deux-Sèvres... Elle passe des entretiens d’embauche dans des cabinets du côté de l’est de la région (Ain, Savoie…). Elle attend avec impatience de pouvoir exercer son métier qui est très riche. « Il y a la partie obstétrique : les vêlages souvent l’hiver et la nuit. On doit aussi gérer certains problèmes post vêlage, tels que la fièvre de lait, des problèmes de boiteries, des maladies variées comme les diarrhées, pneumonies, MHE, FCO… Un vétérinaire n’arrête jamais de se former vu qu’il y a sans cesse de nouvelles maladies qui apparaissent. Il réalise aussi des interventions au niveau reproduction, lait et a un rôle de prévention (vaccination, nettoyage, déparasitage…). On s’efforce de ne plus être le véto-pompier mais plutôt celui qui conseille et accompagne l’éleveur. »

La voie de la rurale

Pour Éloïse, le manque de vétérinaires en zones rurales est un vrai sujet puisqu’elle réalise sa thèse sur ce thème. « Ma thèse porte sur la désertification des vétérinaires que ce soit en France et en Europe. On s’aperçoit que la situation est sensiblement la même chez nos voisins européens. » Elle voie plusieurs explications à ce phénomène : un vétérinaire rural doit assurer des gardes, ce qui est beaucoup moins fréquent pour les vétérinaires spécialisés dans les animaux de compagnie. Certaines régions sont plus attractives que d’autres. Il en faudrait cependant plus pour freiner l’enthousiasme d’Éloïse : « cette situation laisse plus de choix à ceux qui comme moi, veulent travailler auprès des éleveurs. Ça me fait mal au cœur que les gens délaissent la campagne. J’ai cependant l’impression qu’on est de plus en plus nombreux à vouloir choisir cette voie : dans ma promotion, on est quand même 70 sur 160 à préparer cette spécialisation. Il y a de l’espoir car de nombreux vétérinaires se forment à l’étranger et reviennent travailler en France (Espagne, Belgique, Roumanie). De plus, il existe différents dispositifs pour encourager les jeunes vétérinaires à s’installer en milieu rural. »

Et ce n’est pas non plus, certains aprioris qui circulent sur les femmes et le métier de la rurale qui vont l’empêcher de vivre sa passion. « Quand j’ai commencé mes études, j’entendais parfois que les femmes n’étaient pas faites pour être vétérinaires en milieu rural car il faut de la force. Ce n’est pas vrai, c’est la technique qui prime et j’ai l’impression qu’en cinq ans, les idées reçues sont moins présentes ! »

Pour parfaire ce profil para-agricole, Éloïse fait partie de l’association France Agri twittos qui agit en faveur de la communication positive sur le métier d’agriculteur.

Emmanuelle Perrussel

image

image
Eloïse Lorrain
Pour Éloïse, le manque de vétérinaires en zones rurales est un vrai sujet puisqu’elle réalise sa thèse sur ce thème.