Le Rhône frappé à son tour
Un premier foyer de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) a été confirmé le 18 septembre dans le Rhône, à Saint-Laurent-de-Chamousset. Après la Savoie et la Haute-Savoie, puis l’Ain, c’est au tour de notre département d’entrer dans la zone de tempête. Les autorités sanitaires viennent d'enclencher immédiatement les mesures d’urgence.

L’information est tombée ce vendredi matin par le Groupement de défense sanitaire (GDS) du département : un élevage laitier de Saint-Laurent-de-Chamousset est touché par la dermatose nodulaire contagieuse. Le ministère de l’Agriculture a confirmé dans la foulée qu’il s’agit du premier cas enregistré dans le Rhône, et surtout du premier foyer détecté en dehors de la zone initialement réglementée.
Le troupeau concerné fait l’objet d’un dépeuplement total. Autour de lui, une nouvelle zone réglementée est délimitée, entraînant des restrictions immédiates de mouvements et le déploiement obligatoire de la vaccination.
Des mesures drastiques
Cette nouvelle cartographie sanitaire repose sur deux cercles concentriques : une zone de protection de 20 kilomètres autour du foyer, soumise à des visites vétérinaires systématiques et à des règles de déplacement très strictes, et une zone de surveillance élargie à 50 kilomètres, où tout mouvement de bovins est interdit et où la vigilance est renforcée.
« Ne déplacez pas vos bovins et surveillez-les régulièrement », martèle le GDS du Rhône dans un message d’alerte. Tous les déplacements vers les abattoirs, foires ou marchés sont interdits, sauf dérogation expresse.
Pour les éleveurs rhodaniens, ce scénario n’a rien de surprenant. Le 25 juillet dernier, à La Tour-de-Salvagny, le GDS avait organisé une réunion d’urgence. Déjà, le 2e vice-président Vincent Bochard alertait : « la DNC est l’une des maladies les plus contagieuses qui, sur un troupeau naïf comme le nôtre, peut faire des dégâts très importants .»
Les professionnels avaient alors rappelé la capacité du virus à frapper vite et fort : un bovin infecté peut contaminer 100 % d’un lot sain, et un foyer s’étend en moyenne sur 4,5 km avec une probabilité de 95 %. Transmise par des insectes piqueurs (taons, stomoxes), la DNC se montre particulièrement redoutable en période estivale.
Venue d’Afrique du Nord, la DNC a gagné la Sardaigne puis l’Italie du Nord avant de franchir les Alpes au début de l’été. En quelques semaines, 39 foyers ont été recensés en Savoie et Haute-Savoie, avant que l’Ain ne soit à son tour touché début septembre. L’Isère, elle, reste sous surveillance avec 120 communes bloquées.
L’expérience des Balkans en 2016-2017 montre que seule une combinaison stricte de vaccination et d’abattage permet d’éradiquer le virus rapidement. Là où les campagnes ont été incomplètes, les foyers ont perduré plusieurs années.
Vaccination massive et indemnisation
Depuis juillet, l’État a lancé une campagne de vaccination massive, intégralement financée, en s’appuyant sur un vaccin vivant atténué importé d’Afrique du Sud. Dans le Rhône, les vétérinaires commenceront dans les prochains jours l’immunisation obligatoire de tous les bovins situés dans le périmètre de 50 km autour de Saint-Laurent-de-Chamousset.
Pour limiter les pertes, le gouvernement s’est engagé à indemniser rapidement les éleveurs touchés : un acompte dans les 3 à 4 jours suivant l’abattage, puis un complément après expertise.
Vigilance et solidarité
Le mot d’ordre est clair : vigilance et solidarité. Chaque éleveur est invité à surveiller quotidiennement son troupeau et à signaler sans délai tout signe évocateur : fièvre, abattement, anorexie, chute de lactation, nodules cutanés. Les seuls relais d’information fiables sont le GDS, les services de l’État et la Chambre d’agriculture.
« Il faut que chacun joue son rôle, au bon moment », résumait déjà Bruno Ferreira, directeur régional de la Draaf, lors de la réunion de juillet. Le Rhône est désormais en première ligne, et c’est collectivement que la filière devra se mobiliser pour endiguer la crise.
Rémi Morvan
Les symptômes de la DNC

- Fièvre pouvant atteindre 41 °C
- Abattement, anorexie, chute de lactation
- Nodules sur la peau, muqueuses et membranes
- Hypertrophie des ganglions lymphatiques
- Séquelles possibles : avortements, stérilité, amaigrissement
- Mortalité pouvant atteindre 10 % des troupeaux