Quinzaine de la transmission
Le salariat a porté ses fruits !

Emmanuelle Perrussel
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Robert Peillon, producteur de petits fruits à Saint-Romain-en-Gier sur 1,2 ha (plus 10 ha de prairie permanente et luzerne valorisés en partenariat avec un éleveur) est sur le point de transmettre son exploitation à Clémence Bet-Garitan, une jeune femme originaire de Franche-Comté. Témoignages.

Le salariat a porté ses fruits !

Entre le 19 novembre et le 3 décembre, se tient la 6e édition de la Quinzaine nationale de la transmission reprise, organisée par les chambres d’agriculture. Dans le Rhône, l’événement a pris la forme d’une rencontre avec un cédant et son repreneur du côté de Saint-Romain-en-Gier. Ils témoignent sur leurs parcours respectifs et mettent en lumière les clés d’une transmission-reprise réussie.

Robert Peillon, âgé de 62 ans, va faire valoir ses droits à la retraite le 1er janvier 2022. L’exploitant, qui a pris la suite de son père en 1984 à Saint-Romain-en-Gier, avait abandonné la partie élevage de vaches laitières pour se consacrer à la production fruitière., notamment de fraises et de framboises. « En 2000, j’ai pris la décision de créer un atelier de transformation sur la ferme afin de pouvoir valoriser les invendus et de miser sur les circuits courts. Pour cela, j’ai davantage diversifié ma gamme en produisant des myrtilles, fraises des bois, figues, cassis, groseilles… J’ai aussi décidé d’ajouter quelques fruits anciens pour la partie transformation (cornouiller, amélanche, etc.), en plus de mes productions principales qui sont les fraises et les framboises. Ces fruits sont vendus sur le marché de Vourles, à la ferme, via une Amap à Lyon et un point de vente collectif à Saint Chamond (Loire). En 2009, j’ai démarré la conversion à l’agriculture biologique », détaille Robert Peillon.

Anticiper et parler

Ce dernier a commencé à songer à la transmission de son exploitation à l’âge de 57 ans. « J’ai participé à une journée d’informations destinée aux cédants organisée par la chambre d’agriculture, l’anticipation était le maître-mot. J’ai aussi discuté avec mes enfants pour savoir si l’un d’eux aurait pu être intéressé pour prendre la suite. Il s’avère que non. Sabrina Bermont conseillère d’entreprise transmission à la chambre d’agriculture a réalisé un audit de la ferme ; ce qui m’a rassuré et plus confiant sur la transmissibilité de la ferme. Parallèlement, j’ai eu besoin de recruter de la main-d’œuvre, j’ai donc embauché une première salariée en 2017 qui avait justement un projet d’installation. Même si elle l’a concrétisé ailleurs, nous avons eu de nombreux échanges intéressants. De mon côté, j’ai pu entendre les questions que se pose un jeune souhaitant s’installer. Cela m’a permis de mieux me projeter vers la transmission. Avec l’aide d’Agri emploi, j’ai retrouvé une salariée avec un projet d’installation », détaille le futur cédant.

Et cette jeune femme est justement Clémence Bet-Garitan, fille d’arboriculteur de Franche-Comté. « Avec Robert Peillon, nous nous sommes rencontrés en 2018 lors d’un café installation-transmission organisé par l’Addear dans le secteur. Le courant est passé et en 2019, j’ai pu devenir salariée à mi-temps sur une partie de l’année sur son exploitation, puis à plein temps d’avril à octobre 2020 avant d’enchainer sur le stage test d’un an qui vient de se terminer fin octobre 2021 », explique la future installée. Après avoir travaillé dans la distribution pendant dix ans en région parisienne, elle s’est posée la question de reprendre l’exploitation de son père en arboriculture. « J’ai passé mon brevet professionnel de responsable d’un exploitation agricole (BPREA) dans l’optique de m’installer sur une exploitation arboricole en agriculture biologique. Après réflexion, j’ai décidé de ne pas reprendre l’exploitation familiale mais de chercher dans le Rhône, étant donné que mon conjoint avait été muté à Lyon », a détaillé Clémence Bet-Garitan.

Les nombreux mois de salariat ont permis à l’un et l’autre de se connaître, de se projeter dans l’avenir et pour Clémence de se mettre en situation. « On discute beaucoup et je parle de mes doutes à Robert qui me rassure », aux dires de Clémence Bet-Garitan. Vice-versa, Robert Peillon a pu se préparer à céder sa place et à être assuré que son exploitation perdure. « Sur la question du logement, avec mon épouse, nous sommes ouverts à plusieurs possibilités, étant donné que la partie habitable comporte 2 logements distincts. Pour l’instant, Clémence préfère habiter hors du siège de l’exploitation. Après la transmission, je suis disposé à continuer à l’aider si nécessaire, l’objectif étant qu’elle soit autonome », selon le cédant.

Preuve de la confiance réciproque du cédant et du repreneur : plusieurs chantiers ont été lancés ces derniers mois : installations pour acheminer l’eau du puits mis à disposition par la mairie de Saint-Romain vers le lac collinaire, montage de 2 serres de framboises, aménagement d’un bureau… De son côté, Clémence fourmille de projets : « nous allons replanter des figuiers, des kakis et les espèces qui ont souffert de la sécheresse ces dernières années. Avec l’accès à l’eau, je pourrais normalement rehausser les rendements ! À plus long terme, j’aimerais planter des arbres à moyennes tiges », conclut-elle.