Portrait
L’aubrac son amour

Emmanuelle Perrussel
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Aurélie Colcombet s’est installée en 2020 en élevage aubrac à Lentilly, à la suite de son papa. Une passion familiale qu’elle perpétue dans un secteur périurbain.

L’aubrac son amour

Depuis cinq générations, la famille Colcombet élèvent des animaux à Lentilly. Aurélie, qui représente la dernière génération du domaine du Poirier, s’est lancée le 1er janvier 2020. Titulaire d’un BTS productions animales puis d’une licence professionnelle en agroécologie, la jeune femme a d’abord été salariée pendant trois ans sur la ferme familiale. Son père élevait alors une trentaine de vaches laitières et 25 mères allaitantes en race aubrac. En 2018, l’exploitation prend un tournant avec la vente du troupeau laitier. « Mon père arrivant à la retraite a pris cette décision. De plus, je souhaitais m’installer et faire exclusivement de la vente directe », détaille Aurélie qui a, depuis son arrivée sur la ferme, monté son propre cheptel et doublé le nombre de vaches aubracs. « J’ai actuellement une cinquantaine de mères sur 60 ha tout en herbe. Le choix de la race a été fait il y a plus de dix ans au moment où les éleveurs étaient encouragés à élever des aubracs pour relancer la race et mon père aimait ces vaches car elles sont rustiques, donc vivent en plein air toute l’année, elles sont très maternelles et vêlent seules. De plus, elles valorisent très bien nos terrains séchants », poursuit la jeune femme.

Tout en vente directe

Celle-ci commercialise la viande en direct depuis la ferme un week-end par mois et depuis les casiers en libre-service de la Mère Ducarouge à Bully. En plus des morceaux en caissettes et des steaks hachés, elle fait transformer par un traiteur une partie de la viande en pâtés et saucisses et un prestataire à Brindas prépare de la blanquette et des tripes, en attendant d’avoir son atelier de transformation à la ferme. « La viande aubrac est assez recherchée car il y a encore peu d’éleveurs dans le département, elle a beaucoup de goût et est très tendre », souligne Aurélie, qui adhère à l’association des éleveurs aubracs du Rhône et de la Loire.

Cette commercialisation en circuits courts fait partie de ce qu’Aurélie aime le plus dans son métier. « J’ai toujours eu la passion pour les animaux et maîtriser son produit de la naissance à la mort est intéressant. De plus, voir les consommateurs et avoir leurs retours sur mes produits me réconfortent, d’autant plus quand les gens sont contents et reviennent ! Avec d’autres producteurs des environs qui font de la vente directe, on essaie de travailler ensemble et de proposer nos produits les uns chez les autres : œufs, miel, fromage de chèvre… Les gens apprécient de venir à la ferme et on peut ainsi leur montrer que l’on n’a rien à cacher. »

Des échanges essentiels

La communication sur le métier est en effet un autre aspect cher à Aurélie qui a participé pour la 2e fois à l’opération De ferme en ferme®. « Le dernier week-end de septembre, on a reçu 800 personnes sur deux jours. Les visiteurs sont pour la plupart des novices de l’agriculture. Ils posent plein de questions, on peut même aborder des sujets un peu tabous sans souci. Les enfants voient les animaux, leurs parents achètent des produits de la ferme, c’est vraiment une belle opportunité d’échanges avec le consommateur et aussi avec d’autres agriculteurs », note la jeune femme.

Si les relations avec le voisinage se passent bien, elle rencontre en revanche quelques soucis pour circuler avec son tracteur et avec certains promeneurs. « Récemment, une personne est rentrée dans une parcelle où il y avait les taureaux pour ramasser des champignons ! J’en ai vu d’autres qui pique-niquent dans nos prés, des chiens qui courent après les vaches. J’essaie de faire de la pédagogie mais la crise sanitaire a accentué le phénomène. J’ai dû mettre des panneaux d’interdiction… ».

Aurélie reste philosophe : « on a les avantages et les inconvénients d’être proches de la ville ! »